Dimanche 16 Novembre 2025
Vente des Hospices de Beaune, Vincent Lacoste, Alice Taglioni, Cédric Klapisch
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Date
16.11.2025
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Alors que la 165ème vente des Hospices bat son plein à Beaune, et que les enchères s'envolent allègrement, Terre de vins vous propose une immersion dans les coulisses en allant rencontrer la Maison Albert Bichot qui achète pour le compte de ses clients environ 25 % des pièces chaque année. En 2024, elle avait ainsi acquis pour 9 millions d’euros de vins, ce qui en fait depuis 30 ans le premier acheteur.
Pour Albéric Bichot, président de la Maison Albert Bichot, participer à la vente des Hospices de Beaune, c’est d’abord poursuivre une histoire pluriséculaire. « C’est quand même un modèle unique au monde, un hôpital qui fait du vin ! Associer la santé et le vin, il faut oser, mais cela a vraiment du sens car le vin, c’est la joie de vivre, le bien-être. L’histoire est incroyable, elle remonte à 1443, avec l’ouverture de cet hôpital gratuit pour les pauvres. Comment ne pas être ému lorsque l’on pense à tous ces généreux donateurs qui ont légué aux hospices au fil des siècles des forêts, des têtes de bétail, des prés, des vignes, et cela continue encore aujourd’hui ! »
Les enchères des Hospices de Beaune sont donc d’abord une œuvre de charité, et ce serait une erreur que d’y voir un événement qui donne la la tendance des cours sur le nouveau millésime. « Si on parle du marché en vrac en général, pour les mêmes vins, les prix des hospices peuvent être de deux à cinq fois plus chers, ce qui montre bien la dimension caritative. J’essaie toujours de faire en sorte que les acheteurs qui passent par nous gardent à l'esprit cette finalité. La semaine dernière, par exemple, je suis allé montrer à un acheteur le nouveau robot chirurgical qui est arrivé à l’hôpital et qui a coûté deux millions et demi d’euros. Cela parle ! Ce Monsieur avait acheté pour 300.000 euros l’année dernière, il en avait donc payé une bonne partie. »
Pourquoi passer par Albert Bichot pour acheter des vins des Hospices ? D’abord pour bénéficier de l’expertise de la Maison. « Goûter des vins aussi jeunes et réussir à savoir ce qu’ils vont devenir dans plusieurs années, cela n’a rien d’évident. Lorsque les acheteurs viennent déguster à la cuverie des hospices, nos œnologues les accompagnent. Ils leur posent des questions pour savoir à quel usage ils destinent le vin qu’ils achètent. On ne recherchera pas le même profil si c’est pour le boire dans cinq ans ou dans vingt ans à l’occasion du mariage de leur fille. » La Maison les aide ensuite à se positionner au niveau du prix. « On regarde pour le vin qu’ils achètent le prix auquel il s’est vendu sur les trois dernières ventes. On essaie d’anticiper, de sentir le marché. Le fait d’avoir beaucoup de clients qui passent par nous, me permet déjà d’avoir une idée du marché, de ce que les acheteurs sont prêts à mettre cette année, donc je peux plus facilement les conseiller. Je vois aussi les lots sur lesquels beaucoup de clients sont positionnés. D’une certaine façon, parfois les enchères commencent déjà entre nos propres clients avant la vente. Je peux dire à un client, à 15.000 euros, compte tenu des positionnements que j’ai déjà vus, vous n’aurez pas cette pièce, soit vous montez, soit vous vous positionnez sur un autre lot. C’est parfois compliqué. Je fais le grand écart, car d’un côté plus les enchères monteront, et plus je serai content pour l’hôpital, et en même temps, il faut satisfaire les clients, qu’ils ne soient pas frustrés, qu’ils reviennent l’année suivante. »
L’autre avantage de passer par Albert Bichot, c’est que la Maison assure l’élevage du vin, et l’acheteur profite là encore de son très grand savoir-faire. Jean-David Camus, en charge des relations avec ces clients très spécifiques, explique : « Comme nous sommes l’un des plus gros propriétaires de vignes de la Bourgogne, nous connaissons très bien la plupart des terroirs, nous avons souvent des parcelles qui voisinent celles des Hospices, donc nous savons comment ces vins évoluent, comment il faut les élever. Le fait de mutualiser les achats de plusieurs acheteurs, nous permet aussi d’avoir plusieurs pièces d’un même vin et de pouvoir procéder à des assemblages, en utilisant des bois différents, des fûts plus ou moins jeunes, différents types de grain, différents types de chauffe… »
Enfin, et c’est une innovation que la Maison Albert Bichot a introduite en 2009, elle offre la possibilité à de simples particuliers qui ont envie d’acheter ne serait-ce qu’une bouteille de se positionner sur son site internet. « Le fonctionnement est simple, vous achetez en ligne avant la vente une bouteille du vin que vous souhaitez à un prix qui correspond à notre estimation. Si le prix de la pièce dépasse ce que nous avions anticipé et que nous ne parvenons pas à l'acheter, nous vous remboursons, s'il est en dessous, nous vous payons la différence. À partir de six bouteilles, nous proposons un habillage personnalisé. »
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