Samedi 12 Octobre 2024
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27.05.2015
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L’une des plus jeunes maisons champenoises, créée il y a une trentaine d’années, est encore méconnue dans l’Hexagone. Son style, précis et complexe sur des champagnes peu dosés et de première presse est aussi élégant et impulsif que Bruno Paillard lui-même.
Outre la forme de leurs bouteilles inspirées de flacons du 17e-18e siècle, les champagnes Bruno Paillard se différencient par leurs vins multi-millésimés avec une forte proportion de vins de réserve (20 à 30%), par la finesse de leurs bulles et par un faible dosage en liqueur d’expédition.
« Nous étions déjà à 9 g/l. il y a dix ans quand tout le monde était à 15, puis nous sommes descendus à 7, 5 il y a 6-7 ans et aujourd’hui à moins de 6 g. pour tous nos vins, ce qui équivaut à la catégorie extra-brut, explique Bruno Paillard, fondateur et PDG de la maison éponyme. Mais nous ne le mentionnons pas sur l’étiquette car la catégorie fait encore peur à certains acheteurs étrangers ». Autre signe de fierté : la mention de la date de dégorgement sur les bouteilles. « Nous avons été les premiers à la notifier » insiste ce champenois pure souche qui a créé sa maison à 27 ans, en 1981, après quelques années de courtage. C’est d’ailleurs son cheval de bataille préféré et il milite en ce sens au sein de l’interprofession champenoise dont il a pris la présidence de la commission Communication et Appellation. Selon lui, il ne devrait pas y avoir de dégorgement sans mention de date sur la contre-étiquette, ne serait-ce que pour signaler au consommateur que la cuvée doit se reposer au moins six mois dans les caves avant d’être commercialisée. C’est encore plus vrai pour un vieux champagne qui subit à cette occasion « une véritable opération chirurgicale ».
32 ha en propre dont 12 en grands crus
Bruno Paillard bénéficie de plus de 55% d’approvisionnement en propre. Des raisins qui profitent de méthodes culturales très raisonnées, sans désherbant, sur des terres systématiquement labourées « pour aller chercher la minéralité ». La maison qui ne possédait aucune vigne à sa création en 1981 a acheté, depuis 1994, 89 parcelles sur 14 crus, soit un total de 32 ha (dont 12 en grands crus), les dernières ayant été achetées entre Hautvillers et Reuil pour acquérir du pinot meunier qui faisait défaut. Ce rémois dynamique et déterminé s’est offert il y a 20 ans une cuverie ultra-moderne de bois, verre et acier dans la banlieue sud de Reims, à température et hygrométrie constante, pour compenser le manque de crayères. « Comme les gyropalettes, c’est moins romantique mais plus efficace pour obtenir une qualité optimum ». La Maison produit aujourd’hui 4 à 500 000 bouteilles par an exportées à plus de 80%, notamment en Italie, en Grande-Bretagne, au Japon… mais elle souffre encore d’un déficit de notoriété dans l’Hexagone. Alice arrivée il y a 8 ans aux côtés de son père aimerait y remédier en douceur. En attendant, la Maison vient d’épurer ses étiquettes de non millésimés pour leur donner un air de famille avec seulement l’origine Reims-France entre le nom de la maison et celui de la cuvée.
Notre sélection :
Brut Première Cuvée : Une sélection de première presse confère davantage de tension à cet assemblage 45% pinot noir, 33% chardonnay et 22% pinot meunier, vieilli plus de 3 ans sur lies en bouteille, dosé à moins de 6g. Des agrumes puis des fruits rouges au nez, une minéralité vive et crayeuse en bouche sur des agrumes, du pain grillé, de la noisette, de la groseille puis de la cerise. 35€
Rosé Première Cuvée : Un nez de fruits rouges acidulés et une belle vivacité en bouche sur des fruits mûrs, griottes et fraises. 48 €
Blancs de Blancs Grand Cru : un 100% chardonnay de première presse dosé à 5g (en bouteille transparente enveloppée d’une feuille fumée pour protéger le vin). Des notes de mandarine sur ce champagne encore nerveux, légèrement salin et iodé. 52 €
Brut Millésime 2004 : Un assemblage 48% chardonnay et 52% pinot noirdosé à 5 g, dégorgé en mars 2012 après 7 ans sur lies. Une année classique sans aspérités qui donne ici un champagne d’une belle vivacité au nez de fruits rouges et d’agrumes et des notes de fruits murs et d’épices en bouche. 60 €
NPU 1999 : Un assemblage moitié pinot noir, moitié chardonnay uniquement de première presse, composé exclusivement de grands crus, fermenté en petits fûts de chêne et laissé 12 ans sur lies. Ne sort que les grandes années (1990, 1995, 1996 et 1999 avant 2003) dosé à 4 g. Un vin élégant et complexe aux arômes de brioche et fruits secs. 150 €
Texte-Photos Frédérique Hermine
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