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Château Castéra : un vignoble hors du temps

Auteur

La
rédaction

Date

18.06.2014

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Ancienne propriété d’Etienne de la Boétie, le château Castéra, aujourd’hui sous pavillon allemand, poursuit dans l’ombre une œuvre séculaire. Sous l’œil aiguisé de l’oenologue Eric Boissenot.

Le temps. Voilà l’un des atouts maîtres du château Castéra, ce cru bourgeois du nord Médoc ancré à Saint-Germain-d’Esteuil. Difficile de dire le contraire quand se dressent devant vous autant de siècles d’histoire. Si les vignes de cette propriété sont connues depuis le XIVème siècle, la guerre de Cent Ans n’est qu’un des nombreux épisodes de sa vie tumultueuse. Alors qu’il baigne aujourd’hui dans un relatif anonymat, loin du faste de certains de ses voisins de Saint-Estèphe notamment, ce vaste domaine a pourtant connu une poignée de prestigieux propriétaires. Citons la famille d’Arsac, puis le poète Étienne de la Boétie et un peu plus tard Thomas de Montaigne, l’un de ses gendres, qui n’était autre que le frère de Michel de Montaigne. Le philosophe a d’ailleurs séjourné à plusieurs reprises au château. N’oublions pas non plus les marquis de Verthamon au XVIIIème et Alexis Lichine en 1973. Mais depuis 28 ans, Castéra croise sous pavillon allemand. Avec à sa tête un entrepreneur spécialisé dans la logistique, à destination notamment de l’industrie pétrolière, et passionné de vin : Thomas Press. Lequel s’est même marié, il y a 4 ans, dans la petite chapelle privée du château.

Classicisme

Toutefois, si la propriété a réussi à traverser les siècles sans encombre, côté vin, elle a également su faire sa révolution. En particulier sous l’impulsion de la famille Press. Laquelle, forte de ses 63 hectares de vignes, a surtout pris le parti de s’appuyer sur un trio fidèle : Jean-Pierre Darmuzey, pour la partie commerciale, Philippe Grynfeltt , pour la direction technique et enfin, l’œnologue Éric Boissenot. La présence de ce dernier vaut sûrement tous les discours quant aux intentions viticoles du propriétaire des lieux. On ne fait pas appel à l’une des pointures du Bordelais sans raison.

S’il conseille quelques uns des plus grands noms de la rive gauche – Latour, Mouton, Léoville-Barton… – , Eric Boissenot a pris ici la suite de son père, Jacques. Les vins de Castéra portent leur marque. Leur empreinte. On entre là dans le classicisme, la tradition, dans ce qu’ils ont de plus sincères. Des arômes de cerises, quelques notes animales, des tanins bien fondus et surtout de l’équilibre : tels sont les points cardinaux de ce vin résolument médocain. Des valeurs dominées par le merlot, qui ont permis au millésime 2011 de se classer, cette année, parmi les finalistes de la Coupe des crus bourgeois

Oenotourisme

Si Thomas Press ne cherche pas la lumière, cela n’a donc pas empêché Castéra de se forger une belle réputation. Y compris dans l’oenotourisme où il collectionne les récompenses. Comment rester en effet insensible à la beauté de cet endroit ? Surtout que cette superbe demeure tranche avec l’architecture environnante. Alors que l’on pourrait s’attendre à trouver une construction en pierres blondes si caractéristiques du médoc, le château se signale par des murs de moellons d’une couleur de craie. Un parti pris qui, s’il rappelle les grandes bâtisses charentaises, prend toute sa dimension dans la tour du château. Magnifiquement rénovée – et ouverte au public – , celle-ci abrite une partie des archives de la propriété. Au quatrième et dernier étage, au bout d’un étroit escalier en colimaçon, Castéra continue d’écrire son histoire. Et de défier le temps.

Jefferson Desport

Château Castéra
Rue du Bourg St-Germain d’Esteuil (visite et dégustation). 05 56 73 20 60.

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