Accueil À Montréal, opération séduction des vins de la vallée du Rhône

À Montréal, opération séduction des vins de la vallée du Rhône

Christophe Tassan devant les douze vins dégustés lors de cette master-class dont les prix varient entre 16 et 46 dollars canadiens (photo JB)

Auteur

Jean
Bernard

Date

01.06.2018

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Alors que les ventes sont en nette progression sur le marché nord-américain, Inter-Rhône a mobilisé le MOF sommelier Christophe Tassan pour sensibiliser ses confrères réunis dans le cadre du concours du Meilleur sommelier des Amériques.

Parmi les temps forts qui ont accompagné le cinquième concours ASI du Meilleur sommelier des Amériques marqué par la victoire, sur ses terres, de Pier-Alexis Soulière, de nombreuses master classes ont été proposées par des partenaires de l’épreuve. Inter-Rhône, accompagné par la Sopexa, a pu réunir ainsi de nombreux sommeliers, candidats ou non, et des journalistes au cours d’une présentation animée par Christophe Tassan. Meilleur ouvrier de France sommelier en 2004, cet enfant d’Avignon et des côtes du Rhône a rejoint un an plus tard Philadelphie avant de rejoindre, plus tard, Las Vegas puis San Francisco. Chef sommelier du club privé The Battery celui-ci fait partie des ambassadeurs officiels de la vallée du Rhône régulièrement sollicités par Inter-Rhône.

« Je joue notamment ce rôle à Dallas lors de Texsom, la plus grande convention organisée aux Etats-Unis pour les sommeliers. Dans diverses villes je vais également animer des dégustations lors du vernissage d’une exposition d’œuvres de l’artiste Joe Cruz consacrée aux gens du vins du Rhône. »

A Montréal, le contexte était tout autre. « Il s’agit de partager des informations techniques et de raconter l’histoire de cette région et des appellations tout en découvrant douze vins qui présentent la diversité de la production dans la vallée du Rhône. J’ai choisi de débuter par les vins rouges, suivant ainsi l’approche bourguignonne de la dégustation qui s’achève par les blancs pour apporter une sensation de fraîcheur en conclusion. »

USA et Canada représentent un marché de 140 M€

Cette présentation réalisée dans un anglais saupoudré d’accent provençal et parsemée d’anecdotes a conquis l’auditoire. Fort de plus dix ans de présence sur le territoire américain il sait toucher certaines cordes sensibles comme il le fait encore au quotidien à San Francisco. « J’ai ressenti l’évolution positive de la place accordée aux vins du Rhône en restauration. Elle tient à deux raisons principales. D’une part ce sont des vins accessibles sur le plan du prix ainsi que de la distribution avec un volume d’importateurs qui s’est fortement développé aux Etats-Unis. Ensuite ce sont des vins qui parlent à un certain type de clientèle. Ils ont visité notre région, savent la situer géographiquement et ont apprécié l’accueil. »

Constat qui se traduit en chiffres. Entre 2016 et 2017 la vente aux USA a augmenté de 19% pour atteindre 150.000 hl. Au Canada aussi la hausse est sensible, 9% pour un volume de 56.000 hl. Et à l’arrivée ces deux marchés réunis pèsent près de 140 M€.

En restauration, le sommelier fait encore parler son vécu pour tirer des constats tout aussi intéressants. « Il faut bien comprendre qu’en Amérique du nord le niveau de perception du vin est différent de celui des consommateurs français. Ici, le goût est plus porté sur le sucre, ils n’ont donc pas la même émotion gustative. Cependant quand je veux leur faire découvrir nos vins rhodaniens je m’appuie sur des alternatives. Aux amateurs de cabernet, je vais proposer les syrah du nord. Et pour ceux qui sont plutôt pinot noir je mise sur le grenache. Quant à laisser croire que les vins de la vallée du Rhône sont trop riches, c’est une fausse image car en Californie aussi on produit des cuvées à 14 degrés. »

Enfin dernier argument (de poids !) avancé par le sommelier, « les vins du Rhône ont pour avantage de pouvoir s’adapter à différentes variétés de produits consommés au quotidien par les américains. De la pizza à la cuisine mexicaine très relevés, ils peuvent tout accompagner… »

Les vins dégustés :
Rouge :
Belleruche (côtes du Rhône 2016, M. Chapoutier), Les Cassagnes de la Nerthe (côtes du Rhône village 2015, domaine de la Renjarde), Terre d’Argence (Costières de Nîmes 2015, château Mourgues du Grès), Les hauts du fier (Crozes-Hermitage 2015, cave de Tain l’Hermitage), Poivre et sol (Saint-Joseph 2016, François Villard), Terrasses (Ventoux 2016, château Pesquié).
Blanc : Laurus (côtes du Rhône 2016, maison Gabriel Meffre), côtes du Rhône (2016, maison E. Guigal), côtes du Rhône villages Sablet (2016, domaine de Piaugier), Comtesse Madeleine (Lirac 2016, château de Montfaucon).
Rosé : château Grand Esclaion (Costières de Nîmes 2016, maison Gabriel Meffre), Tavel (2016, domaine de Montézargues).