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Les Anonymousses jettent l’ancre en marge de Vinexpo

Auteur

Mathieu
Doumenge

Date

20.06.2017

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Rendez-vous initié pour la troisième fois en marge de Vinexpo, la dégustation « Anonymousses » a jeté l’ancre hier à Bordeaux, réunissant une quarantaine de « vignerons turbulents », très engagés dans l’élaboration de vins dits naturels (avec le moins d’intrants possibles à la vigne et au chai). Et réunissant toutes les histoires de vie et de vignes.

À quelques pas de la grande dégustation de « Renaissance des Appellations » qui s’est tenue hier dans l’espace Darwin, le bateau Marco Polo raisonnait joyeusement grâce aux Anonymousses, un groupement de vignerons venus de différents terroirs français (ainsi qu’un Italien et un Catalan espagnol), tous engagés dans l’élaboration de vins les plus naturels possibles (label bio, préceptes biodynamiques, utilisation minimale des intrants œnologiques, légère ou absence de filtration des vins, etc).

Pour les professionnels qui ont su braver la canicule et traverser la Garonne depuis le Parc des expos, la dégustation valait le détour. Cette année, c’est Laurène Amiet, fondatrice de l’Appétit du Vin et distribuant les vins sur Bordeaux, qui en était la chef d’orchestre : « Je suis convaincue tous les jours par l’idée de consommer autrement, dans ma vie et dans mon métier d’agent. Je travaille avec des vignerons, et donc avec des personnes, et ensuite avec des vins. Ce que je distribue, ce sont surtout les histoires de ces agriculteurs, la plupart par choix, en faisant une reconversion de vie, ou par passion. Il faut que ces vins soient expliqués et il faut faire davantage de dégustations à Bordeaux, car les mentalités bougent bien depuis quelques temps », explique la jeune femme.

Quelques corsaires bordelais

Parmi les Anonymousses bordelais, des rencontres étonnantes. Comme celle de Julien Voogt, un jeune Belge qui vient de s’installer à Castillon, au château Brandeau, en commençant par reprendre un fermage de quelques hectares : « Je ne suis pas fils de, et je suis à Bordeaux, un vignoble compliqué. Et en même temps, cela me permet d’être libre de faire ce que je veux. » Ou comment casser les codes, exemple avec son « Franc Jeu », 100 % cabernet franc, tout en cuve et très peu de soufre, une goulée de gourmandise et de fraîcheur, même par 35 degrés.

Ou encore la rencontre avec Didier Michaud, propriétaire d’un hectare à Saint-Yzans-du-Médoc, passionné de ses sols et de ses vignes, et qui a décidé de sortir de l’appellation depuis 2009 : « J’ai décidé de sortir de l’ODG avec laquelle j’avais des problèmes depuis plusieurs années, pour être en vin de France, cela me va beaucoup mieux comme ça », explique-t-il. Fraîcheur et fruit caractérisent ce Planquette 2015, réalisé avec merlot et cabernet sauvignon à parts égales, associés à une pointe de petit verdot.

Le vignoble Pueyo, lui, démontrait sur le ponton que « canons natures » et « grand cru » sont compatibles, à Bordeaux, comme ailleurs. Sur ses 7 hectares de Saint-Émilion Grand Cru, Christophe Pueyo travaille ses raisins de merlot et de cabernet franc avec grande facture : La Fleur Garderose 2014 s’est exprimé tout en finesse de tanins et velouté de fruit, qui se déguste déjà très bien, avec tout de même de belles années de garde devant lui. Même travail mais expression de raisins et terroirs différents, avec son bordeaux rouge 2016, un pur jus !

Languedoc, Rhône, Roussillon, Alsace, Côte Roannaise, Catalogne, Champagne, Loire, Sud-Ouest… Les Anonymousses, le temps d’une journée, ont vogué sur les beaux terroirs de France et d’ailleurs.