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Bordeaux version Chanel, le privilège du temps

Auteur

La
rédaction

Date

12.09.2013

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La maison Chanel organisait, ce lundi 9 septembre, dans l’un de ses salons de la place Vendôme, une dégustation verticale de deux fleurons du bordelais, l’un acquis en 1994, le château Rauzan-Ségla (Margaux), l’autre en 1996, le château Canon (Saint-Emilion).

Pour John Kolasa, à qui Chanel a confié la direction des deux châteaux, « rien ne ressemble plus à un vin jeune qu’un autre vin jeune ». Aussi, pour accompagner la révélation de leur terroir respectif, il n’hésite pas à employer un fort taux de barriques neuves (60% en moyenne pour le Château Rauzan-Ségla et jusqu’à 70% pour le Château Canon) et à parier sur le facteur temps. Au risque que le bois masque le fruit durant de nombreuses années comme c’est le cas sur cette dégustation des millésimes des années 2000. Que se soit pour le 1er Grand Cru Classé en Saint-Emilion dont le bois commence à se fondre à partir du 2004 ou pour le Margaux dont même le millésime 2000 est encore « un peu trop jeune ».

Et le temps lui donne raison car lorsqu’on passe aux millésimes plus anciens, 96 pour le château Rauzan-Ségla et 98 pour le château Canon, les bois ayant été enfin tous assimilés, le fruit reprend son droit développant des arômes complexes comme cette palette mentholée enrobée de velours propre au merlot qui rentre en moyenne à 80% dans l’assemblage du château Canon (complété de cabernet franc).

Une recherche d’excellence pour l’avenir que John Kolasa partage sans doute avec Karl Lagerfeld (créateur de l’étiquette du Château Rauzan-Ségla pour 2009), mais basée sur la connaissance du passé. Pour cela, il n’hésite pas à se plonger dans les vieux millésimes : actuellement 1952 et 1964 pour le château Canon et 1983, 1985, 1986, 1989 pour Rauzan-Ségla.

Pour celles et ceux qui n’auraient ni le temps ni la patience d’attendre les jeunes millésimes de ces châteaux, le Clos Canon (second vin 100% Merlot du château Canon) constitue sans doute la meilleure alternative pour entrevoir de la richesse de son terroir. Le 2008, austère (année froide), comme le 2009, solaire (année chaude), vous offriront dès maintenant une belle balade dans des arômes de sous bois.

Texte et photos Jean Dusaussoy