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Cahors Génération Grand Cru, le Malbec du sol

Auteur

La
rédaction

Date

01.02.2013

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Une classification Grand Cru verra-t-elle le jour sur l’AOC Cahors ? Telle est la question que soulignait la dégustation des 45 domaines, châteaux et maisons de négoce, organisée hier à Paris par L’Union Interprofessionnelle du Vin de Cahors.

Depuis vingt ans, l’appellation est traversée par ce débat qui a conduit l’interprofession jusqu’au schisme entre 2002 et 2006. Retour sur les faits.

Au début des années 90, une étude géologique est commandée à Eric Rouvellac, géographe, et débouche, en 1999, sur la première charte qualité sous la houlette de Pascal Verhaeghe (Château du Cèdre). Le projet de hiérarchisation se peaufine jusqu’à être présenté en 2002 en assemblée générale où il est refusé par la majorité, notamment pour une question de révision de l’aire demandée par l’INAO.

Aujourd’hui, réunie à nouveau depuis 2007, l’interprofession semble « mûre pour passer le pas » comme le confie David Girard, vice-président, et sans doute prochain président, des Côtes d’Olt. Le débat devrait porter plus cette fois sur le type de la classification : un Grand Cru type INAO ou un Gand Cru, propre à l’appellation, plus marketing ? Résultat dans l’année.

En attendant la classification de « grands », les crus, eux, sont déjà là portés par leurs vignerons. Il y a d’abord ceux des défenseurs de la première heure comme, en bio, le Cèdre 2010 ou le GC 2010 (tiens, tiens, Grand Cru ou Grand Cèdre ?) aux arômes subtils de mûre, de Pascal et Jean-Marc Verhaeghe ou le Château Lamartine Expression d’Alain Gayraud, plus masculin sur le 2009 et féminin en 2010. Suivent les crus qui mettent en avant les différences de terroir, comme cette trilogie, Les Galets (2010), Probus (2009), The New Black Wine (2010) de Jean-Luc Baldès (Clos Triguedina) ou leur spécificité (ferrugineuse) comme dans ce K2 (2011) d’Emmanuel Rybinski (ClosTroteligotte), le travail en biodynamie comme ce Château de Chambert GC 2010 (décidément les étiquettes sont déjà prêtes pour le Grand Cru) de Philippe Lejeune ou encore la macération à froid comme dans cette Perle Noire (2010) d’Evelyne Demeaux Levy (Château Tour de Miraval). Et puis il y a les jeunes vignerons qui ont vécu le schisme au sein de l’exploitation familiale, en douceur, comme pour Germain Croisille au Château du même nom ou, dans la douleur, comme pour Sébastien Alazard du Domaine du Souleillan qui a préféré s’éloigner de son père pendant deux ans pour mieux revenir aujourd’hui avec une exploitation volontairement réduite des deux tiers et cette Dame Noire (2008) issu d’une seule parcelle.

Mais derrière tous ces crus, il y a un cépage unique, puissant et gourmand, le Malbec, cépage phare de l’appellation dont le pourcentage à l’exportation est en constante augmentation (30% en 2012). Et c’est peut-être là le véritable enjeu la future classification, les « Grands crus » s’exportant mieux que les autres, afin que le Cahors, Malbec du sol, se différencie définitivement de son cousin argentin (premier producteur mondial de Malbec), Malbec del sol*.

Texte et photo Jean Dusaussoy

* del sol, signifie « du soleil » en Espagnol, en référence au fort ensoleillement du vignoble argentin.