Accueil François Veillerette : « le recours aux pesticides est cause du cancer des viticulteurs »

François Veillerette : « le recours aux pesticides est cause du cancer des viticulteurs »

Auteur

Idelette
Fritsch

Date

16.03.2017

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Dans le cadre de la Semaine pour les alternatives aux pesticides, du 20 au 30 mars, le porte-parole de Générations Futures, invité en conférence-débat à Montpellier, poursuit sa bataille de santé publique contre le glyphosate. Sous les feux de l’actualité, ce principe actif du Roundup de Monsanto est largement employé dans la viticulture conventionnelle.

Après la tête des écolos (Yannick Jadot, José Bové, Nicolas Hulot, etc.) dont une analyse des mèches de cheveux a révélé, fin février, la présence de plus de 150 pesticides, l’ONG Générations Futures continue sa traque des substances chimiques présentes dans notre quotidien et susceptibles de perturber notre système hormonal. Cette fois, la bataille de santé publique concerne les glyphosates, principes actifs du Roundup, l’herbicide de Monsanto le plus vendu au monde. L’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) vient d’annoncer, mercredi 15 mars, qu’elle ne classait pas ce produit parmi les agents cancérogènes. Le glyphosate est largement utilisé par les viticulteurs.

Quels sont les enjeux, pour la viticulture, de cette annonce récente de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) ?
L’avis de l’ECHA risque d’influencer la commission européenne qui doit statuer prochainement sur le prolongement de la licence de cette substance herbicide. Cette annonce jette un doute dans le débat scientifique, en créant un divorce entre le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) qui a sous l’égide de l’OMS démontré le caractère cancérigène de ces substances, et des agences qui font une cote mal taillée entre études douteuses réalisées par des scientifiques qui sont très proches des firmes, ou études tout simplement mal faites. On sait que le Roundup et tous les herbicides à base de glyphosates sont cancérigènes depuis que le CIRC l’a établi en 2015, sur la base d’études à la fois universitaires et fournies par les firmes. Sur un panel de 17 approches scientifiques, entre 5 et 7 études ont démontré que les animaux de laboratoire exposés aux glyphosates développent plus de cancers (lymphomes, cancers des vaisseaux sanguins et des reins) que ceux qui n’y sont pas exposés.

Qu’en est-il pour les viticulteurs ?
La viticulture est la culture où l’on utilise le plus de pesticides en France, avec près de 20% des pesticides utilisés sur 3% de la surface agricole. En viticulture conventionnelle, l’indicateur de fréquence des traitements pour la vigne est de l’ordre de 15 à 20 passages par an, contre 6 traitements annuels pour la céréaliculture, et à l’autre bout du spectre, plus de 30 traitements annuels pour l’arboriculture. C’est dramatique pour la santé des utilisateurs, car s’ajoute à cela un défaut d’homologation des pesticides : dans le cas du Roundup par exemple, il n’existe aucun test sur la toxicité des produits tels qu’ils sont commercialisés, une fois rajoutés les adjuvants qui augmentent l’efficacité du principe actif. De façon générale, il faut changer cette intensité de traitement chez les viticulteurs, car les conséquences pour la santé sont clairement démontrées : les médecins appellent cela le « cancer du viticulteur », mais les conséquences neurologiques sont aussi non négligeables (maladie d’Alzheimer).

Quelles peuvent être les solutions, que vous aborderez jeudi 23 mars lors d’une conférence débat à Montpellier ?
J’interviendrai sur la dangerosité des pesticides pour l’environnement et la santé, à la fois des travailleurs et des riverains, en faisant un point sur la situation européenne et en montrant qu’il y a d’autres façons de s’en sortir. Il y a des voies de progrès avec notamment la viticulture bio ou la viticulture intégrée qui présentent des résultats excellents. L’idée de cette conférence est de montrer que déjà, des viticulteurs agissent autrement. Aujourd’hui d’autres modes de culture sont connus, il faut à présent les généraliser.

Conférence-débat de François Veillerette, jeudi 23 mars à 18h30 à la Maison des Vins du Languedoc – Mas de Saporta à Lattes.
www.maisondesvinsdulanguedoc.com
Cette soirée dédiée aux « Enjeux agro-environnementaux de la viticulture en Occitanie », sera suivie d’une dégustation et d’un moment d’échange.