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Grêle en Pic Saint-Loup : la solidarité vigneronne s’organise

Auteur

Anne
Serres

Date

19.08.2016

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Un épisode de grêle particulièrement violent a ravagé l’aire de la dénomination Languedoc-Pic Saint-Loup hier après-midi. 60 % de la production aurait été anéantie. La filière cherche les moyens de soutenir un terroir qui figure parmi les locomotives du Languedoc.

L’épisode de grêle du mercredi 17 août a frappé les communes de Lauret, Claret, Valflaunès, Sauteyrargues, Corconne. Au Mas de l’Oncle et au Mas Thélème, la production est rasée, comme le montrent les photos publiées par les vignerons (pour les voir, cliquer ici pour le Mas de l’Oncle et là pour le Mas Thélème) et le reportage de France Télévision qui montre le témoignage d’André Leenhardt (Château de Cazeneuve) et Jean-Benoît Cavalier (Château de Lascaux).

Le directeur de la cave de La Gravette de Corconne, Stanislas Perrier, explique que les viticulteurs ont été touchés « plutôt dans la partie Hérault que dans le Gard, mais autour de Corconne et sur le secteur de Lauret-Claret, des parcelles entières sont raclées, sans feuilles ni grappes, prêtes pour la taille d’hiver ».

La vigne peut compenser des grêles de printemps, voire de début d’été par des baies plus grosses sur les grappes touchées. Là, à trois semaines de la vendange, les grappes intactes ne pourront plus mûrir davantage, faute de feuilles. Et la grêle, en frappant des bourgeons et en cassant les sarments, met également une hypothèque sur la vendange 2017. Chaque printemps, la vigne forme en effet des bourgeons pour l’année en cours mais aussi pour l’année suivante. Le potentiel de la prochaine vendange peut donc être entamé. En théorie, relativise Olivier Durand, vigneron au domaine de la Triballe à Guzargues et président du syndicat Languedoc-Grés de Montpellier, pour qui la vigne peut reprendre le dessus au printemps prochain.

Pour l’instant, c’est de la vendange qui arrive qu’il faut s’inquiéter. Les vignerons voisins du Pic Saint-Loup ont vu la grêle les frôler et déjà on se demande comment aider les sinistrès. « Nous avons eu quelques dégâts sur Castries, la Méjanelle… mais rien de comparable à ce qu’ont connu nos amis du Pic Saint-Loup. J’ai passé quelques coups de fil, c’est la désolation. On ne peut pas laisser les vignerons comme ça ! », constate Olivier Durand.

Pour Jérôme Villaret, directeur du Comité Interprofessionnel des Vins du Languedoc, « on est dans la phase de bilan, l’important pour soutenir les vignerons est d’obtenir le classement en catastrophe naturelle pour des indemnisations rapides. Du point de vue économique il faut tout faire pour que les vignerons puissent alimenter leurs marchés malgré les pertes de volumes, d’autant que les vins du Pic Saint-Loup figurent parmi les plus demandés et les mieux valorisés, il faut préserver cette dynamique. Pour cela, nous allons nous efforcer de faciliter l’achat de raisin. »

Indemnisations, aides du gouvernement, les responsables espèrent mais, pour Régis Valentin, vigneron au Château de Lancyre et président de la dénomination Languedoc-Pic Saint-Loup, la clé est de « sauver nos exploitations en préservant notre dynamique économique. Beaucoup de domaines ont investi et ont un cap à passer avec cette vendange. Commercialement, nous avons un millésime d’avance, pas deux, il faut que nous trouvions les moyens pour soutenir les vignerons et gérer sereinement la campagne du millésime 2016. »

En attendant, la solidarité vigneronne s’organise. « Tous les producteurs de la région avec qui je parle me demandent ce qu’on peut faire », témoigne Olivier Durand, « J’ai pensé qu’on pouvait monter un fonds de solidarité des vignerons du Languedoc où chacun donnerait 5 kilos de raisins pour que nos collègues du Pic Saint-Loup touchés par la grêle aient de quoi faire du vin cette année et fournir leurs clients. » Cette action de solidarité pourrait dépasser le voisinage du Pic Saint-Loup et gagner des contributions de toute l’AOC Languedoc. « Ca se présente bien, on se serre les coudes ! », précise Olivier Durand, qui étudie la façon d’obtenir l’aval des pouvoirs publics. Il espère ainsi récolter une à deux tonnes de raisins pour les vignerons du Pic.