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[TRIBUNE] « Il faut sauver le soldat Vinexpo »

Auteur

Rodolphe
Wartel

Date

22.06.2017

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J’ai envie de m’opposer aujourd’hui à la bien-pensance qui voudrait que l’herbe soit plus verte à Dusseldörf qu’à Bordeaux. Depuis des jours, quelques journalistes, quelques vignerons et dirigeants d’entreprises viticoles françaises se répandent pour affirmer que le climat serait plus propice aux affaires à Prowein, l’autre salon du vin, et que les travées de Vinexpo auraient été plus vides que les années précédentes.

Pouvons-nous un instant être objectifs ? Dix personnes de « Terre de vins » ont parcouru sans arrêt, de dimanche à mercredi, les allées de Vinexpo et j’y ai vu pour ma part un climat propice au business et beaucoup d’entreprises y faire des affaires. Jaume en vallée du Rhône, Drappier en Champagne, la maison Audi à Libourne, le Conseil interprofessionnel des vins d’Alsace (qui souhaite étendre sa présence en 2019), Tariquet, le champagne Collet… La liste des bilans positifs est innombrable : tous ont affirmé leur volonté de rester et défendre Vinexpo.

Nous devons défendre Vinexpo

Vinexpo incarne la planète vin mais Vinexpo, c’est d’abord la France ! C’est en France et c’est à Bordeaux que se rassemblent pendant quatre jours 2 300 exposants et des dizaines de milliers de visiteurs professionnels (chiffres en attente) qui apportent rayonnement et valeur à la France et à Bordeaux. Que nous restera-t-il, sinon nos yeux pour pleurer, si un jour Vinexpo venait à fermer ses portes ? Devrons-nous, nous professionnels de la filière française, tous nous rendre en Allemagne en Volkswagen ou prendre un vol de la Lufthansa pour entendre la voix discrète de vins français, inaudible dans un concert de vins du monde ?
Vinexpo s’est entouré d’une nouvelle équipe, mobilisée et entreprenante qui vient notamment d’annoncer avec courage – car l’exercice sera complexe – un changement de date en 2019. Laissons-lui un peu de temps et jouons groupés derrière elle ! Tout le monde est concerné : la filière viticole française, la Chambre de commerce et d’industrie de Bordeaux, la région Nouvelle-Aquitaine… Défendre Vinexpo, c’est l’affaire de tous ! Et c’est aussi l’affaire des pouvoirs politique et économique. Quand Alain Juppé, le maire de Bordeaux, insiste hier soir à la Fête de la Fleur, au château Malartic-Lagravière, sur l’importance de Vinexpo, tout le monde peut s‘en réjouir, mais Alain Juppé ne pourrait-il pas taper du poing sur la table pour que les liaisons en tramway soient enfin renforcées ? Pour que les hôtels soient plus abordables ? Pour que la rocade ne soit pas fermée au niveau de Bègles (ce fut encore le cas hier soir) pour les centaines d’importateurs et acheteurs qui rentraient ou rejoignaient Léognan et ont perdu une heure en voiture ?

Le vignoble concerné

Si des vignerons créent Vinovision aujourd’hui à Paris, c’est aussi que Vinexpo, qui fut un temps trop arrogant et trop cher, n’a pas su bien les accueillir et répondre à leurs besoins. Mais n’est-ce pas le vignoble bordelais tout entier qui en est aussi responsable ? Afin de gommer cette impression selon laquelle Vinexpo serait le salon des châteaux bordelais, il faut aussi que ces châteaux s’ouvrent davantage aux autres régions françaises. Intégrer, c’est faire adhérer comme l’a si bien fait la Cité du vin, c’est faire aimer Bordeaux, c’est faire aimer et progresser Vinexpo. Ne jetons pas le bébé avec l’eau du vin. Vive Vinexpo !