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Château Labégorce, l’harmonie margalienne

Auteur

Michel
Sarrazin

Date

18.01.2021

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Le château Labégorce, en appellation Margaux, a vécu depuis deux années une véritable mutation, en se dotant notamment d’un nouveau bâtiment abritant un cuvier et un chai à barriques. Derrière son style sobre et respectueux du passé, il faut y voir une technicité bien pensée et la traduction de la philosophie de la famille Perrodo.

Le château Labégorce fut acheté en 1989 par Hubert Perrodo, propriétaire du groupe pétrolier franco-britannique Perenco. Le domaine s’est agrandi par l’acquisition du château de l’Abbé Gorsse de Gosse en 2002 puis en 2004 par l’acquisition de Labégorce Zédé. Le domaine originel est désormais reconstitué, et couvre désormais 250 hectares dont 65 hectares de vignes sous le seul nom de Château Labégorce.
Aujourd’hui, la famille Perrodo poursuit l’ambition qualitative du père. La direction de Marjolaine Maurice Deconinck, « Directeur Général », mais aussi œnologue et ingénieur agronome, va brillamment à l’essentiel ; un essentiel qui ne s’embarrasse pas des effets de mode superfétatoires. Ce que confirme Aymone Fabre, chargée de communication : « On n’est pas clinquant mais on cherche à être juste ». La pensée rigoureuse et claire soutient le projet de la famille Perrodo : se doter d’un outil qui « apporte davantage de confort de travail pour les équipes et qui respecte le produit ».

Un cuvier et un chai à barriques adaptés

il y avait en 2005 deux unités de vinification : Labégorce et Labégorce Zédé, deux entités distantes de 200 mètres. « La réflexion sur une seule unité de vinification a commencé en 2016 et les travaux ont suivi de 2017 à 2019 pour un premier millésime produit dans les nouveau cuvier en 2019 ». Un grand bâtiment viticole a été construit, en lieu et place de l’ancien chai de Labégorce Zédé. Celui-ci, dans le style des chais girondins des grands châteaux, abrite le cuvier et le chai à barriques. Parfaitement intégré aux bâtiments existants, son style respecte la tradition et illustre bien la volonté de ne rien faire dans le clinquant.

Aymone Fabre, la chargée de communication, et Marjolaine De Coninck se satisfont notamment de la nouvelle zone du chantier de récolte et de tri : « la trituration devient inexistante et préserve la qualité du raisin. De plus on gagne en confort de travail ». Le convoyage des raisins se fait ensuite par des wagonnets (pas de pompage !) qui sont amenés aux pieds des cuves, puis ces wagonnets sont montés directement au dessus de la cuve par un palan. Simple, pas spectaculaire mais surtout respectueux du raisin. Ce nouveau cuvier, clair et organisé est « composé de 46 cuves béton de 120 hl chacune, complétées par 6 cuves de tirage de 160 hl chacune adaptées à la mise en bouteille » nous dit Aymone Fabre. Et Marjolaine De Coninck de compléter : « les cuves de vinification sont en béton brut, à double paroi pour l’inertie thermique. Entre les parois on peut faire circuler de l’eau qui soutient soit le chaud soit le froid ».

Le chai à barriques a bien évolué aussi. Désormais les barriques sont sur OXOline (NDLR : un support ingénieux de barriques qui optimise l’espace et permet une meilleure manutention des barriques). C’est « moins de travail humain car un robot élévateur est associé au système des supports. Le personnel ne porte plus les barriques : c’est une aide précieuse à la manutention ». Ce système OXOline est complété par une chaîne de nettoyage des barriques plus performant, qui économise l’eau notamment.

Le souci du bien-être du personnel

De concert, Aymone et Marjolaine rappelle la devise de Hubert Perrodo : « Seul on va plus vite, ensemble on plus loin ». Et afin d’illustrer cette devise, elles parlent de cette étonnante salle de multi activités mise à disposition du personnel et de la mise en œuvre d’un programme d’activités physiques encadrées qui permet au personnel des vignes et des chais de mieux utiliser son corps, de limiter la pénibilité et les effets indésirables de l’effort dans les vignes et les chais.
Initié vers 2014, l’APA (Activités Physiques Adaptées) se fait, de manière encadrée, durant 6 mois sur 12, de la fin des vendanges jusqu’au 1er mai. L’échauffement se fait en commun le matin pendant 15 minutes et, 2 fois par semaine, pendant 1 h avec un coach. « Pour autant, ils continuent leur échauffement par eux-mêmes » précise Aymone. Marjolaine complète le propos : « Il s’agit de « mieux supporter les agressions que risque de provoquer l’activité professionnelle. On va s’échauffer de bonne manière avant le travail, on renforce la ceinture musculaire dorso-ventrale. L’objectif est aussi d’inciter le personnel à être attentif à son corps. On a vu des personnes qui avait des problèmes de dos ne plus en avoir ». Étonnant. Le personnel, dont la moyenne d’âge est de 45 ans éprouve « une grande satisfaction : ça nous fait un bien fou ! »

« La dimension humaine fait partie de l’ADN de la famille Perrodo » précise Aymone Fabre. A la mort de Hubert Perrodo, en 2006, c’est Nathalie, sa fille, qui représente la famille pour la gestion des châteaux (Labégorce, Marquis d’Alesme 3ème cru classé à Margaux, et La Tour de Mons). « Elle est très impliquée, donne la stratégie et a une vision vers où elle veut amener ses crus » nous dit Aymone Fabre.

Alors que les travaux continuent maintenant sur le château, Labégorce suit sa route. Chercher toujours le mieux dans l’élaboration de ses vins et se soucier du bien-être du personnel. L’un ne va pas sans l’autre : une évidence ici à Labégorce.