Champagne H. Blin, la maison entièrement rénovée !

Après un an de travaux, la coopérative H. Blin à Vincelles dans la vallée de la Marne inaugure son siège entièrement rénové. La Maison propose désormais une véritable offre oenotouristique et peut s’appuyer sur de nouveaux outils de pointe pour mener des vinifications toujours plus précises. Un projet mené dans un esprit locavore poussé à son paroxysme.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas le Champagne H. Blin, il appartient à cette catégorie de petites coopératives très locales et identitaires, centrées sur un seul terroir, tout comme Mailly Grand Cru, ou Le Brun de Neuville. De fait, installé dans la Vallée de la Marne, ses vignes qui s’étendent sur 105 hectares répartis sur le terroir de Vincelles, où se trouve le siège, et sur les villages avoisinants. Avec 80 % des vignes certifiées VDC ou HVE 3 et 10 hectares certifiés bio, son président Simon Blin aime à dire qu'ici « on n’exploite pas la vigne, mais on la cultive ». Une exigence qui paye : ses vins où le meunier est à l’honneur, offrent un fruit aussi généreux que croquant et ont été récemment couronnés de nombreuses récompenses : « Nous avons été désignés vigneron de l’année par le Guide Hachette 2025 avec trois cuvées étoilées et un coup de cœur. Nous avons obtenu dernièrement aux Vinalies internationales une médaille grand or pour notre parcellaire 2015 ».

Aujourd’hui, la coopérative fondée en 1947 par Henri Blin et 28 autres vignerons est fière d’inaugurer son nouveau siège entièrement rénové. L’objectif était de donner une plus grande cohérence à l’ensemble, aussi bien au niveau organisationnel qu’architectural, tant il était vrai que les différents éléments constituant les bâtiments avaient été jusqu’ici construits au fur et à mesure, en fonction des besoins successifs, sans véritable plan d’ensemble. C’est précisément pour cette vision globale que le cabinet d’architectes de Ludovic Mazocky en lien avec le groupe Kube en maîtrise d’œuvre a été retenu parmi les cinq candidats du concours. Ludovic confie : « Je me suis demandé pourquoi une coopérative ne pourrait pas ressembler à une maison de champagne ? Or, dans une maison de champagne, c’est vraiment la cour qui est importante et autour de laquelle tout s’articule, c’est là qu’on réceptionne les raisins, que l’on expédie les vins… Il était donc crucial de la conserver, ce qui ne nous a pas empêchés de tout revoir. »

Ludovic Mazocky a ainsi déménagé le hall d’accueil qui se situait à l’entrée, il l'a placé dans la maison traditionnelle tout en en y installant une boutique et un espace de dégustation pour le grand public. L’ancien hall d’accueil a quant à lui été transformé en une autre salle de dégustation, celle-ci dédiée aux professionnels et aux journalistes. Une peinture de Caroline Brun, connue pour ses « dégustations visuelles » confectionnées à partir de résidus de vin, y trône en majesté.

Un chai entièrement constitué à partir de chênes de la forêt de Vincelles

Une autre petite révolution a été la création d’une cuverie parcellaire et surtout d’un chai à barriques. L’originalité de ce dernier ? Il a été constitué à partir de chênes cueillis dans la forêt de Vincelles et transformés en fûts, demi-muids et foudres par la Tonnellerie de Champagne de Jérôme Viard. Un vrai challenge, car il a fallu d’abord arpenter ces forêts à la recherche des arbres qui s’y prêtaient, retrouver leurs propriétaires (en France, beaucoup de gens ignorent parfois qu’ils possèdent des parcelles de forêt). Un certain nombre de ces chênes ont d’ailleurs été fournis par des vignerons adhérents, plusieurs les ont même offerts. L’autre défi, c’est que ces forêts ont été très abîmées par la Première Guerre mondiale. Jérôme Viard a ainsi usé quelques lames de scie sur les éclats dont étaient criblés les arbres. Fidèle à ses principes de préservation de l’environnement, H. Blin a voulu récupérer toutes les chutes de bois pour les réemployer dans la création des différents meubles des nouveaux bâtiments.

Ce souci du locavore, H. Blin l’a vraiment poussé à son paroxysme, puisque 100 % des entreprises sollicitées étaient champenoises, et ce jusqu’à celle qui a produit les écrans LED géants, en haute définition. Accrochés aux murs des salles de réception, leur minceur donne l'impression qu'ils flottent comme des toiles de maîtres. C’est en effet la société WinLight International dirigée par Bruno Debieuvre qui les a réalisés, à ce jour le seul fabricant français pour ce type d’écran !

Tout cela en respectant le budget initial, alors même que ce projet lancé juste avant le covid a dû subir les affres des pénuries de matières premières avec des devis qui n’étaient souvent valables qu’une semaine.