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Le millésime 2025 en Provence, petit mais quali 

©F. Hermine pour « Terre de Vins »

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

14.10.2025

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Malgré une météo contrastée, les vendanges 2025 en Provence livrent un bilan globalement positif. Les rendements sont certes limités, mais les profils de vins arborent une qualité rassurante.

Entre les épisodes de canicule, les pluies opportunes et les choix techniques décisifs, le millésime 2025 confirme que l’adaptation est devenue une composante essentielle de la réussite en viticulture. La qualité passe désormais par une observation fine, une conduite parcellaire au cas par cas et une grande réactivité face aux aléas climatiques.

Mildiou et grillure

Nicolas Garcia, directeur du Syndicat des Côtes-de-Provence estime qu'après « un hiver pluvieux avec un retour à la normale des réserves hydriques, le printemps a toutefois été marqué par beaucoup de pluie au début et des attaques de mildiou assez fortes en avril jusqu'à début mai, mais celles-ci, bien gérées, se sont assez vite résorbées ». Pour le syndicat, trois facteurs peuvent générer des pertes quantifiables : le gel hivernal, le mildiou et les chaleurs d’été — en particulier sur les 15 premiers jours du mois d'août qui peuvent bloquer les maturités. 

C’est précisément ce qui s’est produit : deux pics de chaleur, l’un fin juin et l’autre début août, ce dernier étant « plus difficile à gérer, parce que les raisins étaient déjà bien développés, donc ça a grillé ». Un phénomène qui alimente de plus en plus les réflexions techniques sur les conduites de la vigne, notamment l’idée de ports retombants (ombrageant les grappes) même si « il faut vérifier que ça ne résout pas un problème en en créant un autre ». 

Des stocks en baisse

Malgré la chaleur, la récolte est jugée globalement positive « et jolie quantitativement. Ce sera évidemment mieux que l'année dernière qui était la plus petite récolte depuis le gel de 1991. Cette année, au niveau des volumes, on devrait revenir à une année plus normale. » Les rosés, qui pèsent encore 90 % de la production, ont présenté des couleurs soutenues en début de vendange avant de « retomber » au fil des pressurages. Les blancs continuent de progresser. Le recours au rolle est devenu massif. Une centaine d'hectares est plantée chaque année depuis 10 ans pour avoisiner désormais 2 500 hectares, mais ils ne dépassent toujours pas les 6 %, tandis que les rouges restent autour de 4 %.

Sur la qualité, Nicolas Garcia craint « un léger risque de manque d'acidité » lié aux fortes chaleurs. Le calendrier des opérations a été déterminant : « Beaucoup de vignerons ont essayé de finir avant les grosses pluies de début septembre, mais même sur les secteurs tardifs comme celui de la Sainte-Victoire, on a évité la pourriture : Il suffisait d'attendre 2–3 jours et l'humidité s'évaporait car ici, ça sèche vite. » Par ailleurs, les stocks ont baissé après la petite récolte 2024 et une consommation estivale soutenue. « Finalement, on a vendu un peu plus que ce qu'on a produit. Cela nous permet de repartir sur une année 2026 de façon sereine. »

©F. Hermine pour « Terre de Vins »

Bandol marqué par la canicule

À Bandol, Olivier Colombano, directeur de l’ODG, décrit une saison marquée surtout par la canicule de juin : après un automne généreux (environ 150 mm en octobre-novembre) et des pluies régulières en janvier-février-mars (cumulant près de 500 mm à fin avril), la fin du printemps a vu la pluviométrie s’effondrer et juin s'assécher. 

Le phénomène s’est traduit par six jours caniculaires en juin : « C'était la première fois que nous en avions autant à cette époque », et puis encore six jours en juillet et neuf jours en août, provoquant un déficit en vapeur d'eau qui a amené la vigne à se restreindre et un stress thermique au moment de la multiplication cellulaire. « Le développement ne s’est pas fait normalement, et nous avons eu des petites baies ». Un calibre déjà observé en 2019 et qui a eu pour effet d’augmenter la concentration et finalement l'acidité. « Les vignerons sont plutôt contents de cet équilibre acide-fruits. »

La conséquence pratique a été une précocité des maturités. Les vendanges ont démarré dès le 18 août, date exceptionnelle pour l’appellation. Deux écoles se sont confrontées dans les parcelles : celles des vignerons qui ont pu tout rentrer en quinze jours et ont terminé début septembre, et ceux qui ont choisi d’interrompre la récolte et d’attendre des maturités complémentaires, s’exposant alors aux épisodes de pluie de septembre.

©F. Hermine pour « Terre de Vins »

Un rendement autour de 49 000 hectolitres

Tous ces éléments font que les vendanges se sont finalement étalées sur un mois pour le gros de l'appellation et terminé plutôt fin septembre-début octobre. « Aujourd'hui, avec le réchauffement climatique, les vignerons se sont habitués à travailler ce genre de millésime, assez pointu en termes de décision de vendange pour avoir la bonne maturité. » En cave, les premières impressions sont favorables « avec de jolies amertumes, de belles extractions, des tanins soyeux, et pas trop de dureté ».

Sur le plan quantitatif, Bandol anticipe une baisse de rendement de 5–10 %, pour se situer un peu en dessous de 50 000 hl. Olivier Colombano rappelle que 2024 était déjà très bas (à 49 175 hl, soit des rendements à 31 hl/ha) : « On devrait être encore cette année autour des 49 000 ; Ça va équilibrer les stocks. » La répartition couleur reste stable : environ 72 % de rosés, 20–21 % de rouges avec une poussée des blancs qui sont passés de 4 à 7 % ces dernières années.