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2022 sauvé par les pluies en Provence

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

24.08.2022

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Pas ou peu de vacances cette année pour les vignerons provençaux. Les premiers coups de sécateurs ont été lancés le 11 août dans les secteurs traditionnellement les plus précoces comme le triangle d’or de Cuers, Montfort sur Argens, et le littoral varois. Grâce à des pluies à la mi-août, le millésime s’annonce de belle qualité avec des volumes inespérés.

« Un démarrage des vendanges le 10 août, c’est du jamais vu, un record de précocité car ces dernières années, on vendangeait plutôt autour du 24-26 août, affirme Diane Nublat à la tête du Domaine de La Croix à La Croix-Valmer dans la presqu’île de Saint-Tropez (83). Le chef de culture a du annuler ses congés. Nous sommes en général parmi les premiers à vendanger grâce à un climat très tempéré par la mer. Mais c’est aussi une année atypique par la maturité particulièrement hétérogène selon les parcelles et même au sein des grappes à cause de la sécheresse. Le millésime va dépendre encore plus que d’habitude du choix des vignerons. La bonne nouvelle, c’est qu’on ne court pas ; on prend le temps de faire une récolte moins stressante, selon l’avancée des parcelles après un arrêt pendant les quelques jours de pluie. ». Chez l’union coopérative Terra Provincia le lancement des vendanges du 11 août à Puget Ville (83) à été freiné par les pluies (environ 80 mn) « d’autant plus les bienvenues qu’il n’était tombé que 150 mn depuis le début de l’année, se souvient le directeur Florian Lacroux. Cela va sans doute donner un peu moins de couleur notamment aux grenaches qui seront naturellement plus pâles qu’en 2021 et avec des baies plus petites compensées par une belle sortie de grappes. Une très belle surprise après les conditions difficiles du printemps et de l’été »

Une récolte qui s’annonce dans la moyenne

 « On s’attendait à un millésime encore plus précoce, reconnaît le président des vins de Provence Eric Pastorino. Mais la grêle sur Hyères et La-Londe qui a fait des dégâts très localisés et les pluies providentielles de mi-août ont retarde un peu les vendanges en faisant redémarrer les maturités. On a ainsi retrouvé un peu plus d’équilibre sucré/acidité dans les jus. Au niveau sanitaire, c’est une année exceptionnelle avec peu de pression d’odium et un mildiou inexistant. Le stress hydrique a néanmoins été préoccupant ». En dépit des aléas climatiques de plus en plus marqués, des nuits fraîches ont maintenu l’équilibre et la Provence s’attend à un millésime dans la moyenne en termes de volumes (environ 950 000 hl pour les Côtes-de-Provence). Plutôt une bonne nouvelle après trois petites récoltes à problèmes.

« Ce sera a priori une année plutôt normale en volume grâce à un état sanitaire irréprochable, confirme Gilles Masson, directeur du Centre du rosé. Cette année très précoce est comparable à 2017. L´hétérogénéité dépend bien sûr de l’accès à l’eau (notamment au canal de Provence) et de la profondeur des sols de chaque parcelle sans compter les orages très localisés mais il est toujours étonnant de constater la capacité de résilience des vignes face à ces conditions climatiques : elles ne sont pas si jaunes, ce à quoi on aurait pu s’attendre; les pluies bienfaitrices d’août et les nuits fraiches (que nous n’avions pas eu en 2003) ont fait le reste mais il faudra prendre le temps des analyses pour boucler les vendanges même si la météo s’annonce favorable pour la suite des vendanges » Laurence Berlemont à la tête du Cabinet d’Agronomie Provençale avance le même diagnostic : « Les pluies de 20 à 80 mn selon les secteurs ont permis de gonfler les raisins qui ont quasiment doublé en quelques jours ; les viogniers, chardonnays et sémillons sont déjà rentrés et il faudra jouer sur les assemblages de cépages, par exemple le rolle sur différentes maturités et les grenaches en rosés, à marier à des cinsault mûrs à des degrés plus faibles »

Le millésime sera beau mais les vignerons seront incités, encore plus que les autres années, à vendanger aux heures les plus fraîches de la journée, voire la nuit, afin de rentrer le raisin le moins chaud possible et de préserver la pureté des arômes des célèbres rosés de Provence. .

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