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Alfred Gratien : vinif’ sous bois et bague carrée

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

05.09.2016

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La petite maison d’Épernay revient sur ses spécificités à l’occasion de la sortie du nouveau millésime 2008 de sa cuvée Paradis.

Depuis maintenant quatre générations, ce sont les Jaeger qui élaborent les champagnes Alfred Gratien, l’actuel chef de caves Nicolas ayant succédé à son père Jean-Pierre pour le millésime 2007. Cette année là, la cuvée de prestige Paradis a été millésimée pour la première fois, Nicolas ne rechignant pas à remplir le carnet de tirage. « L’identité de la maison est basée sur les trois cépages champenois mais à la demande des clients, nous avons enlevé le pinot meunier du Paradis, reconnaît le PDG Olivier Dupré. Nous apprécions pourtant beaucoup ce cépage, toujours très présent avec le chardonnay dans notre brut, complété par le pinot noir qui a augmenté au 21e siècle ». Le Paradis 2008 qui vient d’être commercialisé est à 65% chardonnay, 35% pinot noir.
Mais la véritable spécificité d’Alfred Gratien, c’est la bague carrée, celle qui tenait autrefois les agrafes en fer qui tenaient le bouchon. La maison sparnassienne a été l’une des rares à la conserver – avec Bollinger, entre autres. « Nous avons déjà constaté que les champagnes ainsi conditionnés à l’ancienne sous liège vieillissaient mieux, explique Nicolas Jaeger. On perd légèrement en pression mais on gagne en fraîcheur ». Une étude comparative avec le bouchon liège à muselet est d’ailleurs en cours au comité interprofessionnel des vins de Champagne.

Spécificités bois et bague

Les champagnes Gratien Meyer sont 100% sans fermentation malolactique et 100% fermentées et élevées en pièces bourguignonnes de 228 litres, autrefois achetées à La Chablisienne puis à la Tonnellerie de la Marne. « Quand on vinifie sous bois, ce n’est pas pour les tannins mais pour la micro-oxygénation qui vaccine le vin contre l’oxydation. D’où un style de champagne frais et gourmand ‘pour y revenir' » commente le chef de caves. Question dosage, pas de course à la baisse même si entre le 20e et le 21e siècle, on est progressivement passé de 12 à 9-10g pour le brut, plutôt 7-8 pour le Paradis. « C’est surtout le temps après d’égorgement qui compte, estime Nicolas Jaeger. Avec les années, la liqueur se fond avec le vin et le dosage a 12g du 1995 ne se sent pas aujourd’hui à la dégustation ».

Belle Époque pour tous

La gamme a changé de packaging en 2015, adoptant la couronne Belle Époque de la cuvée Paradis (désormais aussi en rosé mais pas sur tous les millésimes), en la déclinant sur des étiquettes de couleur différente selon les cuvées (Paradis en violet, millésime en blanc…).
La maison d’Epernay ne possède que 2, 5 ha de vignes dont une partie mise en fermage et complète à 90% en appro pour élaborer en moyenne près de 300 000 bouteilles par an (120 000 en 2000). « Nous vinifions dans nos petites cuves chaque marc séparément; c’est ça qui fait l’orgueil de nos viticulteurs qui viennent goûter les fruits de leur travail, explique Olivier Dupré. En dix ans, nous sommes passés de 25 à 62% de premiers et grands crus et nous sommes toujours en quête de nouveaux apporteurs autour d’Épernay ». La maison projette par ailleurs d’ouvrir d’ici deux ans une boutique à Épernay pour faire découvrir sa gamme et ses cratères.

Alfred Gratien est une maison de bulles dans un groupe de bulles. Son fondateur éponyme a créé en même temps au milieu du 19e siècle la maison champenoise et la société d’effervescents de Saumur qui deviendra Gratien Meyer. Le groupe allemand Henkel et Söhnlein (près de 4 millions de bouteilles par an toutes catégories) l’a rachetée à la famille Seydoux en 2000 ; elle possède également une activité de bulles sans alcool (Festillant) et une activité hôtelière (Le Bristol, l’Eden Rock, le Domaine Saint Martin…)