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AOC Entre-deux-Mers rouge : premier millésime sur les rails

Marilyne Bouix, œnologue au laboratoire Enosens de Grézillac

Auteur

Laura
Bernaulte

Date

26.02.2024

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Lors de la dégustation en pré-primeurs du millésime 2023 organisée à Bordeaux le 19 janvier dernier par le cabinet d’œnologie Enosens, les professionnels ont notamment pu déguster, parmi les 50 échantillons présentés, un ambassadeur de cette nouvelle appellation bordelaise. Découverte avec Marilyne Bouix, œnologue au laboratoire Enosens de Grézillac.

2023 sera le premier millésime de vins en appellation Entre-deux-Mers rouge. Dans un contexte compliqué pour les bordeaux rouges et dans un océan de concurrents bordelais, pourquoi ce terroir, jusqu’alors mieux connu pour ses blancs, s’est-il lancé sur ce créneau ?
Au contact du terrain, j’ai pu cerner plusieurs raisons. L’Entre-deux-Mers produit plus de rouges que de blancs. Il s’agit avec cette reconnaissance de réparer une omission qui chagrine depuis longtemps les producteurs. En 1937, dans un contexte où le bordeaux rouge se vendait bien, les producteurs avaient opté pour une AOC blanche afin de se démarquer de la concurrence. Aujourd’hui, le contexte est différent. Avec cette nouvelle AOC, plus exigeante que l’AOC Bordeaux supérieur, l’Entre-deux-Mers veut sortir du lot par le haut du panier, en se positionnant sur un créneau qualitatif d’excellence. En 2023, environ 40 producteurs ont produit de l’AOC Entre-deux-Mers rouge, mais certains ont été stoppés par le mildiou. À l’avenir, ils devraient plutôt être une soixantaine. 

À quel profil de vins s’attendre sous la bannière de cette AOC Entre-deux-Mers rouge ? 
La volonté du syndicat et des producteurs est de créer des rouges avec une typicité combinant à la fois le fruité, la richesse, la complexité et l’élégance. Pour parvenir à ce profil, le cahier des charges prévoit plusieurs impératifs. D’abord, une sélection de parcelles déterminée à l’avance, avec une densité de plantation élevée. Ensuite, une obligation d’assemblage d’au moins deux des cépages principaux – merlot, cabernet franc, cabernet sauvignon, malbec et petit verdot –, la proportion d’un cépage ne pouvant pas excéder 80 % de l’assemblage. Jouer sur l’assemblage permettra d’obtenir une complexité au nez entre fruité et épicé, et un équilibre entre tanins et souplesse, peaufiné par un élevage long de presque deux ans. Et ce afin de répondre au mieux aux attentes des consommateurs en quête de vins avec de la matière et de la concentration, mais aussi de la rondeur et de la buvabilité. Dotés de ces caractéristiques, ces vins pourront être appréciés dès leur mise en marché, mais aussi afficher un potentiel de garde de l’ordre de la décennie, voire plus pour ceux élevés sous bois. Par ailleurs, la thermovinification est interdite pour ne pas gommer la typicité et être le plus représentatif possible du terroir.

Quel marché vont pouvoir trouver ces vins rouges en AOC Entre-deux-Mers ? 
C’est pour le moment difficile à dire. En termes de prix, ces vins devraient se positionner sur un créneau de 10 à 20 €. L’un des viticulteurs que je suis va par exemple s’orienter vers des cavistes et exportateurs. Avec cette nouvelle appellation, il y a une histoire à raconter et les cavistes sont bien à même de parler de cette nouveauté à leurs clients. Ces vins pourront aussi se faire une place dans certains restaurants dotés d’un sommelier.

Quels ont été les retours des professionnels qui ont pu déguster l’échantillon d’AOC Entre-deux-Mers rouge lors de la dégustation du 19 janvier dernier ? 
Un bon accueil, entre de la curiosité et de la surprise positive. L’enthousiasme était palpable !