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Champagne Henriot dévoile sa cuvée Hemera 2006

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

23.10.2020

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Crise sanitaire oblige, c’est au cours d’une e-dégustation que Gilles de Larouzière et Alice Tétienne ont présenté officiellement le nouvel opus de la cuvée de prestige maison, la cuvée Hemera millésimée 2006. Une ode à l’élégance.

Bien sûr, les cuvées haut de gamme sont relativement confidentielles en termes de volume. Mais elles sont la quintessence d’un style, l’expression la plus aboutie de ce qu’une Maison de champagne souhaite inscrire dans le temps. « Hemera » a succédé depuis le millésime 2005 à l’ancienne « cuvée des Enchanteleurs ». Plus qu’un simple changement de nom, c’est un retour à l’esprit originel qu’avait souhaité en son temps Joseph Henriot, l’oncle de Gilles qui dirigeait alors Henriot. « D’un style riche, opulent, automnal qui était relativement atypique, nous sommes ainsi passé à une plus grande recherche de fraîcheur et de luminosité tout en conservant la même architecture » confie Gilles. Les 6 grands crus qui composent ainsi la cuvée reflètent l’histoire de la famille dans la région. Les grands pinots noirs du nord de la Montagne de Reims (Verzy, Verzenay et Mailly-Champagne) incarnent le patrimoine des origines, ceux qu’Apolline va célébrer lorsqu’elle créa la Maison en 1808. La Côte des Blancs exprime pour sa part un second souffle, celui qui fera entrer les vignes de chardonnay de Chouilly, Avize et le Mesnil-sur-Oger dans le giron familial à la suite d’un mariage. Hemera est donc un hommage à plus d’un titre : hommage à l’histoire, aux femmes et aux hommes qui l’ont écrite, aux prestigieux terroirs champenois, à leur singularité et bien sûr au temps.

L’équilibre en majesté

Arrivée depuis février chez Henriot, la nouvelle chef de cave Alice Tétienne semble y avoir toujours exercé tant elle exprime avec passion la philosophie de la Maison. Elle ne l’a pas fait sienne, mais elle est sienne. Elle, « pur produit champenois » comme elle aime à se décrire, est intimement liée à la magie de cette terre. Une diversité protéiforme de terroirs qui l’incite à toujours pousser plus loin leur compréhension. A peine arrivée, des fosses pédologiques étaient creusées dans tout le vignoble pour pouvoir capter l’unicité de chacune des parcelles. Un travail en écho avec une approche similaire adoptée chez Henriot il y a un siècle, dans les années 1920… S’inscrire dans le temps, respecter le travail des anciens, l’approfondir et continuer à écrire les nouvelles pages d’un livre sans fin. Voilà le défi d’Alice. Dans les meilleures années millésimées, seules capables de laisser percevoir une expression exceptionnelle, elle continuera, comme Laurent Fresnet avant elle, à concevoir Hemera.

En 2006, les astres ont réussi à s’aligner après un démarrage chaotique. La pluie d’août a apaisé la pression de la sécheresse et permis de renouer avec une maturation optimale. Les raisins étaient superbes. Les 6 grands crus vinifiés en vin clair ont alors été assemblés en 2007 puis laissés une année supplémentaire en cuve pour leur permettre de s’homogénéiser. Une spécificité propre à Hemera. Le tirage a donc eu lieu en 2008 puis s’en sont suivis 12 années de lent vieillissement en bouteille bouchées capsule. Une patience indispensable pour laisser chaque personnalité de cru s’affirmer tout en s’appréhendant mutuellement. L’opulence de Mailly-Champagne se marie à la grande droiture d’Avize, la brillance du Mesnil enlace la franchise de Verzy quand la divine élégance de Verzenay temporise l’exubérance de Chouilly. L’expérience de la dégustation convie tous ces caractères. A condition de laisser le temps au vin de s’exprimer dans un large verre. On ne sort pas indemne de 12 ans de réflexion. Les quelques notes d’évolution sont d’une discrétion totale, laissant la fraîcheur dominer entièrement. La plénitude de matière ne se dissocie jamais d’une grande pureté de texture. La finesse crémeuse donne le « la », l’équilibre est ici le maître-mot. Point de muscle saillant mais une volupté inconditionnelle. Complexité aromatique et allonge écrivent le point d’orgue d’un très beau moment. Hemera, « substance divine » incarnant la renaissance du jour et de la Lumière chez les Grecs, a trouvé ici sa parfaite incarnation sur Terre. Fiat lux.

Hemera 2006 : 169€ la bouteille

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