Jeudi 3 Octobre 2024
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20.10.2011
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Lentement mais sûrement, de plus en plus de vignerons de Champagne se convertissent au « bio ». Une décision qui modifie en profondeur le paysage viticole champenois.
Depuis six ans, 72 vignerons sur les 15 000 que comptent l’appellation champenoise se sont officiellement convertis à la viticulture biologique. Ils exploitent 300 hectares de vigne, soit moins de 1% des surfaces viticoles en Champagne, mais révèlent une réelle prise de conscience des vignerons pour l’environnement, qui s’avère également positive pour l’emploi puisque le bio implique un supplément de main d’œuvre.
La démarche n’est pas évidente : « Le climat froid et humide de la Champagne rend la vigne particulièrement sensible aux attaques des parasites et des ravageurs ce qui ne facilite pas la conversion au bio, explique Thibaut Le Mailloux, porte-parole du Comité interprofessionnel du vin de champagne (CIVC). Bon nombre de vignerons qui travaillent en bio ou en biodynamie n’en font pas état pour ne pas se priver de la possibilité de traiter en cas de besoin. »
Le retour du cheval
Vincent Laval, vigneron à Cumières (Marne), a hérité de la fibre bio grâce à son père. Dans les années 1970, ce dernier fût l’un des pionniers du bio en Champagne. Aujourd’hui, le fils utilise la méthode ancestrale pour labourer ses vignes, avec une jument. Il assure : « Le cheval ne tasse pas le sol et quand on passe la charrue ça sent la terre vivante, il y a de la décomposition et des micro-organismes qui travaillent là. Dans le raisin biologique, on retrouve ainsi l’expression du terroir, la concentration d’arômes et toute la complexité nécessaire à un grand vin ». Il poursuit : « Bien sûr en bio il y a plus de risques et plus de travail et la vigne produit moins. Mais en trente ans notre récolte n’a jamais été inférieure aux rendements autorisés ».
Selon Thibault Le Mailloux, 76% du vignoble est aujourd’hui enherbé et l’utilisation d’insecticides a baissé de 90% en 10 ans privilégiant des méthodes plus naturelles.
Ces améliorations ont un prix : un surcoût sera répercuté sur les vins labellisés bio, en moyenne 20% plus chers que les vins issus de l’agriculture conventionnelle. Au consommateur d’avoir la même prise de conscience environnementale.
PHOTO : MICHEL GUILLARD
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