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Champagne : les produits phyto au cœur des réflexions

de gauche à droite : Daniel Beddelem, Directeur Territorial de l’Agence de l’Eau Seine-Normandie, Laurent Panigai, Directeur général adjoint CVC Nicolas Feuillatte, Valérie GENESSEAUX, administratrice bénévole de l’association France Nature Environnement, Eugénia Pommaret, Directrice générale de l’Union des Industries de la Protection des Plantes (UIPP) et Didier Pinconnet, membre du Conseil Général de l’Alimentation, de l’Agriculture et des Espaces Ruraux (CGAAER). Photos Guillaume Perrin

Auteur

Laurie
Andrès

Date

15.03.2020

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Ce mardi 10 mars, le Centre Vitivinicole Nicolas Feuillatte organisait sa traditionnelle journée Vignoble et Qualités : « Zéro phyto, fantasme ou réalité technique ? » L’occasion d’ouvrir le débat sur l’avenir des produits phytosanitaires au sein de la filière champagne.

« C’est une grande première » rappelle Laurent Panigai, directeur général adjoint du Centre vitivinicole. Au banc de cette 22ème journée, organisée en plusieurs tables rondes, des acteurs de la filière champenoise (Comité Champagne, VITI CONCEPT, Eric Rodez (vigneron), CVC Nicolas Feuillatte), publics (Agence de l’Eau Seine-Normandie, Conseil Général de l’Alimentation de l’Agriculture et des Espaces Ruraux) mais aussi privés (BAYER, Union des Industries de la Protection des Plantes) ainsi qu’une ONG (France Nature Environnement). Parmi les convaincus des bienfaits d’une réduction des pesticides et herbicides de synthèse, Daniel Beddelem, directeur de l’Agence de l’Eau Seine-Normandie – qui présidait également la conférence – souligne que le bon état écologique des eaux en 2019 n’est encore que de 32%, ajoutant que les herbicides (principalement utilisés en grandes cultures) sont à l’origine du déclassement des cours d’eaux à hauteur de 24%. Valérie Genesseaux, administratrice bénévole de l’association France Nature Environnement (FNE), a quant à elle insisté sur l’urgence à sortir de l’utilisation abusive des produits phytosanitaires de synthèse arguant que FNE était prête à aider les viticulteurs désireux de s’inscrire dans un modèle de culture responsable.

Une position partagée par la filière champenoise : Arnaud Descotes, directeur Technique et Environnement au Comité Champagne, rappelle que les surfaces bénéficiant d’une certification environnementale (incluant le bio et en conversion) ont été multipliées par 15 en 20 ans (923 hectares en 2019) s’ajoutant à un bilan favorable pour la Champagne (-50% de produits phytosanitaires et engrais azotés depuis les années 2000) et d’un plan ambitieux (zéro herbicides en 2025, 100% des exploitations sous certifications environnementale d’ici à 2030). Cependant, Sébastien Debuisson, responsable du service vigne au Comité Champagne, tient à modérer cette stratégie du zéro phyto qui n’empêche pas le « zéro maladie » malgré les outils mis en place par l’interprofession champenoise (hybridation, création de nouvelles variétés, produits de bio-contrôle…)

Devant la difficulté à mettre en place une viticulture inhibée de tout traitements, Constance Fayet, responsable communication du groupe BAYER, a réaffirmé la volonté de la firme pharmaceutique germanique – qui a fusionné avec le semancier américain MONSANTO en 2018 – à proposer des produits phyto toujours plus vertueux.

Pour le Centre Vinicole Nicolas Feuillatte, première coopérative majeure en Champagne (regroupant 80 coopératives et 5000 vignerons), ce débat vient s’inscrire dans une nouvelle dynamique, celle de l’ouverture sur un sujet qui ne concerne plus uniquement les professionnels mais qui constitue un réel enjeu sociétal.

La sensibilité du retour marché, l’écoute des consommateurs, l’aide à la valorisation, l’accompagnement viticole, les formations et conseils vinicoles font partie des actions quotidiennes visant à orienter les acteurs et adhérents du Centre vinicole vers une viticulture durable.
« Nous avons un engagement sociétal, c’est un vaste projet dans lequel nous sommes une courroie de transmission, nous sommes acteurs du changement » conclue Laurent Panigai.

Pour rappel
La question de la réduction des produits phytosanitaires, initiée pour la première fois en 2007 lors du Grenelle de l’Environnement avec la mise en place dès 2008 de la première version du plan ECOPHYTO a connu bien des remous quant à sa difficile mise en place. Depuis, deux plans successifs ont vu le jour, ECOPHYTO 2 et plus récemment ECOPHYTO 2+.

Ci-dessous : Laurent Panigai, Directeur général adjoint du CVC Nicolas Feuillatte.