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Champagne : les promesses de la Maison Mandois

Auteur

La
rédaction

Date

14.09.2012

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Alors que les vendanges en Champagne laissent deviner un cru 2012 « compliqué » pour beaucoup de propriétés, la Maison Mandois, située près d’Epernay, se veut très optimiste sur ce nouveau millésime à l’heure de sortir les sécateurs. Entretien avec Claude Mandois, président du domaine.

Ce n’est un secret pour personne, l’année écoulée a été difficile pour la Champagne. Froid, intempéries, maladies, parasites, la vigne n’a pas été épargnée et le millésime va s’en voir inévitablement affecté. A commencer par les volumes : la récolte s’annonce beaucoup plus réduite qu’en 2011. Mais à la faveur d’une fin d’été très ensoleillée, le CIVC espère que la baisse de quantité sera contrebalancée par une belle qualité. C’est ici qu’intervient, tout particulièrement, le savoir-faire du vigneron.

Un an de turbulences

Située à Pierry, près d’Epernay, la Maison Mandois est l’une des rares maisons de Champagne pouvant annoncer 70% d’auto-approvisionnement. Ses quelque 40 hectares de vignes se répartissent entre une vingtaine de villages d’Epernay à Vertus, avec un encépagement nettement dominé par le chardonnay – 80%, le reste étant équitablement partagé entre pinot noir et pinot meunier. Cette identité (en 2009, le champagne Mandois a été élu « meilleur chardonnay du monde ») est un héritage fort de la maison, restée dans la même famille depuis 1735. C’est Victor Mandois, dans les années 1860, qui a littéralement propulsé le domaine, dont les rênes sont tenus, huit générations plus tard, par Claude Mandois.

D’emblée, Claude Mandois le confirme : « la saison de culture a été très compliquée. Grêle, gelées, pluie, maladies comme l’oïdium et surtout le mildiou, dans des proportions jamais vues. En 1997, on découvrait le mildiou, on avait été surpris par manque de vigilance. Mais cette année, malgré les précautions, tout le vignoble a été durement frappé. Cela s’est vérifié différemment selon les sites, les cépages, les vignerons, mais dans certains endroits on s’est retrouvé avec des vignes sans récolte, ce que je n’avais pas vu depuis vingt ans ! Le pinot meunier en particulier a beaucoup souffert. En ce qui nous concerne, le potentiel de rendements s’annonce à 60% de ce qu’il était en 2011« .

Prêts pour les vendanges

Malgré cela, le viticulteur se dit très confiant sur la qualité du millésime : « depuis fin juillet en revanche, le temps est superbe, les raisins qui ont survécu aux épreuves précédentes sont dans un état sanitaire impeccable. Les meilleurs sont restés, en quelque sorte ! La chaleur des journées et la fraîcheur des nuits permet de garder des acidités à bon niveau, et de monter progressivement en maturité. C’est très confortable, cela nous permet d’aborder les vendanges sereinement et annonce une très belle qualité. On table sur un potentiel alcoolique à 10-11° globalement à la récolte (un peu plus pour nos grandes cuvées…), ce qui est très bien pour les champagnes que nous voulons faire, ayant à la fois de la présence et de l’élégance. Ce n’est pas facile d’allier les deux, c’est la grande difficulté du champagne, c’est pourquoi je vinifie tous mes terroirs séparément, pour juger au mieux de la qualité des raisins, être souple pour réaliser des assemblages sur mesure ».

Le coup d’envoi des vendanges sera donné « en douceur » ce week-end : « nous commençons tranquillement par les parcelles les plus précoces, mais le grand début sera lundi. D’abord les pinots, puis cinq ou six jours après, les chardonnays ». Une centaine de vendangeurs devraient être mobilisés pour récolter – à la main, comme il se doit – les raisins sur lesquels Claude Mandois a jalousement veillé depuis des semaines. « Mon vignoble, je le connais par cœur, souligne-t-il. Dès la mi-août, j’arpente toutes mes vignes avec mon réfractomètre, je fais des sondages pour suivre l’évolution des baies, je surveille de près le botrytis sur les terroirs humides, pour arriver à la meilleure balance entre état sanitaire et maturité ». Une vigilance qui n’exclut pas une part de chance, concède le viticulteur : « je progresse tous les ans dans la connaissance de mes vignes, mais il faut rester humble ! Nous avons eu de la chance avec nos chardonnays, par exemple, qui ont été épargnés par l’oïdium. »

Le roi chardonnay

Le chardonnay, cépage roi de la Maison Mandois, qui aide à signer des vins subtils, élégants et structurés : « matière fine, attaque fraîche, richesse et amplitude ». Il est majoritaire dans la cuvée Brut Origine, la vitrine de la maison, et hégémonique bien sûr dans le Blanc de Blancs millésimé, « un vin sur la féminité, la finesse, la douceur, très représentatif du style Mandois », souligne Claude Mandois. Le reste de la gamme se compose notamment d’un surprenant Brut Rosé (combinant rosé de saignée et rosé d’assemblage champenois traditionnel), d’un très minéral Brut Zéro (sans dosage, lancé il y a quatre ans), et bien sûr des deux cuvées prestige de la maison, celles qui ne sont produites que les grandes années : la cuvée Victor issue des vieilles vignes, présentant concentration, onctuosité, complexité ; et la cuvée Le Clos, vin d’exception issu du clos de 1, 5 hectare entourant la maison. « Un vin monocépage (100% pinot meunier), monoterroir, précise Claude Mandois, sur lequel on cherche l’excellence, le cœur de cuvée. Les sols sont travaillés, la concentration maximale, la récolte minimale, on n’excède pas 35 hl/ha. Pas de fermentation malolactique, on cherche ici des vins prêts à évoluer, taillés pour affronter le temps : les bouteilles ne sont vendues que dix ans après l’élaboration du vin ».

Après 2004 et 2008, 2012 semble une année propice à la production de cette grande cuvée. « Ce millésime 2012 qui s’annonçait si difficile, ne se présente finalement pas si mal ! », sourit Claude Mandois.

Mathieu Doumenge

www.champagne-mandois.fr