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Château Fortia, berceau des appellations d’origine contrôlées

Auteur

Isabelle
Bachelard

Date

15.04.2016

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Pierre Le Roy de Boiseaumarié, propriétaire du Château Fortia à Châteauneuf-du-Pape, fut à l’origine des appellations contrôlées de France : 80 ans plus tard, la quatrième génération conduit le domaine entre tradition et modernité.

Impossible de dissocier le Château Fortia de la création des appellations contrôlées de France. En effet, c’est vers son propriétaire le baron Pierre Le Roy de Boiseaumarié que se sont tournés, au début des années 1930, les vignerons de Châteauneuf, qui souffraient d’une réputation en berne. Juriste de formation, il mesure l’ampleur des problèmes liés à la fraude, au mauvais état des vignes et au manque de moyens. Son diagnostic est sévère : les vignerons doivent améliorer la qualité de leur production et aussi en protéger l’origine et la typicité. Le cahier des charges de Châteauneuf-du-Pape servira de base pour définir les futures appellations d’origine contrôlées. Et Châteauneuf figurera parmi les premières AOC de France avec Château Chalon, Vouvray ou Quincy.

Approche raisonnée

Depuis 2004, Pierre Pastre gère le domaine avec son épouse Chantal, petite fille du baron. Venu du monde de l’industrie pharmaceutique, il a pris largement son temps pour étudier le domaine avant d’apporter la moindre modification : d’abord étudier, faire un zonage par satellite des parcelles, classer les deux tiers du domaine en réserve de chasse pour encourager la biodiversité, désherber mécaniquement et remplacer les insecticides par un système de confusion sexuelle. Pesant le pour et le contre, il pense que des produits de synthèse bien dosés sont plus écologiques que des produits bio qui doivent être utilisés en grand volume. Il envisage de faire certifier le domaine en culture raisonnée.

Les millésimes parlent

Lorsqu’on goûte aujourd’hui différents millésimes du château, on est instantanément transporté dans des mondes lointains. Chaque année est comme la page d’un livre d’histoire qu’on feuilletterait. Le 1984 possède une robe assez pâle, qui contraste avec la vivacité de ses parfums complexes de réglisse, son attaque vive et sa finale délicatement nuancée. Il tient étonnamment bien à l’air. Le 1994 frappe par sa robe encore intense, ses parfums de fumé relevés de pointes d’olive. L’attaque est splendide, pleine et fraîche, la suite de déroule avec ampleur et fruité. La longueur est impressionnante. Un peu moins âgé, donc peut-être plus accessible, ne serait-ce que dans la restauration, le 2006 se distingue par sa couleur sombre, son formidable nez complexe, épicé, avec une jolie pointe de truffe blanche, sa bouche élégante en attaque, qui gagne en ampleur jusqu’à une finale longue et parfaitement équilibrée. Dix ans est un bel âge pour Châteauneuf-du-Pape.