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Château La Martinette : un nouveau chai accroché à la colline

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

04.07.2019

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Le Château La Martinette, entre Lorgues et Le Thoronet au cœur du Var, vient d’inaugurer son nouveau chai signé par les Ateliers Mazières et décoré par Alberto Pinto. Un bel ensemble en pierres dorées entre vignes et oliviers au sein d’un domaine de 380 ha dont 42 de vignobles en Côtes-de-Provence.

C’est un magnifique chai accroché à la colline et on y vient en calèche ce week-end pour l’inauguration, en partant du canal de Sainte-Croix et en franchissant le petit pont suspendu qui enjambe l’Argens, histoire de prendre un moment pour s’entendre compter l’histoire du domaine créé par Bérenger de Chieusse au début du 17e siècle. L’écuyer et procureur du roi y avait planté les premières vignes. La famille Chieusse a fait prospérer le domaine pendant près de trois siècles. François-Maxime, chanoine de Toulon, aurait donné le nom au domaine à la fin du 18ème siècle en mémoire d’une petite fille Martine qui aurait été assassinée près de la bastide. En 1879, après un incendie qui a ravagé le bâtiment, il est racheté par Alexei Poutiloff, le vice-ministre des finances du tsar Alexandre III et également propriétaire de l’Arvanescière de l’autre côté du pont style Eiffel. Une première empreinte russe sur la propriété qui s’étend désormais sur 380 ha dont 42 de vignobles, environ 2000 oliviers, quelques chênes truffiers et quelques ruches entre les lavandes.

Le renouveau sous pavillon russe

Une douzaine de propriétaires (dont un espagnol qui fait prospérer la vigne dans les années 30 et les derniers d’origine hollandaise au début du XXIe) vont ensuite se succéder à La Martinette avant le rachat en 2012 par trois amis d’enfance et associés russes, amoureux de la Provence et de l’art de vivre à la Française. Un armateur et deux investisseurs et industriels, dont Alexis Dimitriev qui a géré le domaine pendant cinq ans avant de revendre ses parts à Sergueï Tatarnikov, la gérance ayant alors été confiée au directeur Guillaume Harant. Celui-ci en profite pour recruter une nouvelle équipe commerciale, jeune et dynamique, sous la houlette du québécois Jean-Denis Aurouze (ex champagne Laurent-Perrier) « afin d’apporter une plus-value à la Maison. On en a profité pour revoir la gamme, les étiquettes et les noms de cuvées car on manquait de cohérence en termes de packaging et les noms russes des cuvées (Caviar blanc, Tournée des Princes, Aurore sur la Moskova,) étaient un frein à la vente, explique Guillaume Harant. Depuis le changement (en Clos Blanc, La Grande Pièce et Reflets d’Argens, on a fait un bond de 300% ». La gamme supervisée par la jeune maître de chai Charlotte Devesa, avec les conseils du cabinet Derenoncourt et de l’œnologue Bruno Tringali, est désormais segmentée en trois niveaux à trois couleurs (entre 10 et 25 €) : Rollier (comme ce bel oiseau multicolore qui sillonne le domaine), Château et Les Parcellaires.

Trois gammes, trois couleurs, trois niveaux

Trois niveaux comme les restanques sur lesquelles est adossé le nouveau bâtiment conçu par les architectes des Ateliers Mazières et décoré par Alberto Pinto en jouant sur le bois, la pierre et le métal. « Ils symbolisent la fraîcheur de la plaine d’Argens, le plateau du vignoble aux argiles rouges et marnes calcaires et la colline de dalles calcaires dures et de garrigues » a rappelé Guillaume Harant. La nouvelle cave gravitaire de près de 5000 m2 comprend un parc de cuves inox, œufs béton et barriques, une boutique, une salle de séminaire accolée à la cuisine et une magnifique terrasse-restaurant surplombant le vignoble en conversion bio. La production du domaine de l’ordre de 150 000 bouteilles actuellement (à 75-80 % de rosés) pourrait doubler d’ici 3-4 ans. Et Sergueï Tatarnikov de conclure « La brièveté est sœur du talent, disait Tchekov, donc je résumerai en quelques mots ce projet : ce bâtiment nous a coûté très cher, en temps, en savoir-faire et un peu en argent mais cela en valait la peine ».

Photos F. Hermine