Accueil Château Lanessan : roulez Calèches

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

18.12.2015

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Cette propriété historique de Bordeaux connaît depuis quelques années un nouvel élan, continuant de se réinventer tant à la vigne qu’en cave et confirmant ses ambitions oenotouristiques. Son second vin, « Calèches de Lanessan », s’inscrit pleinement dans cette dynamique.

« Bordeaux n’a jamais fait aussi bon et intéressant ». Pour une entrée en matière, le propos a le mérite de la clarté. Paz Espejo, née madrilène mais bordelaise de cœur, est la brillante directrice du domaine Bouteiller qui regroupe les châteaux Lanessan (acquis dès 1793), Lachesnay et Saint-Gemme, ensemble homogène de vignes de 75 hectares sur une croupe au centre du Haut-Médoc. Une appellation très vaste qui recèle quelques pépites, comme ici. D’ailleurs, Paz se plaît à rappeler que « entre le château Gruaud-Larose, porte d’entrée de l’appellation Saint-Julien, et nous, il n’y a que quelques cours d’eau ». Un positionnement qui laisse augurer de belles choses.

Toutefois, à son arrivée en 2009 sur la propriété au moment du départ en retraite d’Hubert Bouteiller, Paz s’est trouvée confrontée à de nombreux défis. En premier lieu desquels, l’amélioration de la qualité des vins produits. Pour ce faire, plusieurs décisions stratégiques vont être prises. Des investissements importants ont ainsi été réalisés. Achat d’une table de tri optique pour ne conserver que les plus beaux raisins, de nouvelles pompes plus respectueuses des moûts, diminution du nombre de tonneliers partenaires de 13 à 6 pour améliorer la qualité des fûts. Mais ce sont également l’arrachage de vignes et la replantation sur des graves plus qualitatives ainsi que la mise en place d’un enherbement des vignes pour « redonner vie à un sol tassé, fatigué, parfois asphyxié ». Une sensibilité environnementale saluée depuis par l’obtention de la norme ISO 14001 ainsi que du label Haute Valeur Environnementale (HVE) de niveau 3, le plus élevé.

Des Calèches, en bouteille et au musée

Créée en 1999, la marque « les Calèches de Lanessan » n’avait pas été travaillée. Mais dans le grand tournant initié en 2009, celles-ci ont naturellement trouvé leur place comme second vin du château Lanessan. Une étape importante qui a permis de renforcer la qualité du premier vin mais aussi de créer une cuvée « facile, fruitée, charnue et abordable, qui représente bien le renouveau de Bordeaux », comme le souligne Paz. Il est vrai qu’à une dizaine d’euros, ces calèches offrent un vrai plaisir de dégustation sans se ruiner.
Le 2011 est à ce titre un bon exemple. Nez délicatement fruité, au boisé encore présent, ce millésime surprend par une bouche d’une grande profondeur. Un vin tout indiqué pour les fêtes où sa structure fera merveille sur un filet de chevreuil rôti. Lanessan n’est pas en reste avec un 2009 d’une très belle complexité, ample et chaleureux en bouche. Mais les vins ne sont que l’une des passions des propriétaires. Le cheval occupe depuis le XIXème siècle une place à part. En témoignent les superbes écuries construites à l’époque par Duphot et aujourd’hui lieu d’accueil pour un musée du cheval où outils, selles et calèches du XIXème siècle donnent une teinte particulière à cette halte oenotouristique. Pionnier de l’ouverture au public depuis les années 1950, le domaine associe donc la découverte du vignoble, de l’architecture néo-classique des châteaux de la propriété à la visite du musée ainsi qu’aux 8 hectares de jardins à l’anglaise qu’il est possible de parcourir… en calèche. D’excellentes raisons de se rendre à Lanessan, d’autant que d’autres initiatives oenotouristiques devraient être mises en œuvre au cours des prochaines années.