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Château Lascombes ou la renaissance d’un grand terroir margalais

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

20.04.2018

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L’histoire de ce deuxième cru classé de Margaux est un peu chaotique avec une succession de propriétaires qui ne lui ont pas toujours profité mais l’équipe actuelle fait renouer ce très beau terroir avec ses heures de gloire passées.

Impossible de ne pas reconnaître les grilles de Château Lascombes. Ce lion couronné est presque une image d’Épinal dans ce coin de rive gauche aux terroirs magiques. Celui de Lascombes est splendide, composé de multiples typicités. Croupe graveleuse, graves argileuses et argilo-calcaires sont autant de composantes qui permettent de voir le cabernet-sauvignon (bien sûr) mais aussi le merlot et le petit verdot s’épanouir de belle manière. C’est d’ailleurs l’une des particularités de ce vignoble. Sa dominante de merlot, pas si commune de ce côté de l’estuaire. Un terroir très intéressant qui a attiré dans le début des années 1950 l’attention d’Alexis Lichine, figure historique du vignoble bordelais. Ce négociant a voué sa vie a faire découvrir et reconnaître les vins de Bordeaux dans le monde et notamment aux États-Unis. L’énergie et l’argent qu’il investira sur la propriété lui permettront d’atteindre un niveau digne du classement qui était le sien en 1855. Malheureusement, le château passera ensuite entre d’autres mains à partir des années 1970 et ne recevra pas les soins méticuleux que nécessite une telle pépite. Sans surprise, Lascombes va alors progressivement sombrer dans l’oubli. Il faudra attendre 2001 et le rachat par le fonds américain Colony Capital pour que d’importants investissements soient menés. Et pour les superviser et apporter une nouvelle vision stratégique, Dominique Befve sera appelé à la direction générale. Depuis lors, cet ancien de Lafite-Rothschild et l’Évangile à Pomerol met tout en œuvre pour imposer de nouveau Lascombes parmi les meilleures propriétés de Margaux et plus largement de la rive gauche.

Toujours plus de précision

« Sur un millésime exigeant comme 2017, les décisions techniques sont fondamentales ». Dominique Befve a su assurément prendre les bonnes pour permettre l’expression d’un très joli fruité, porté par un élevage qui sait se faire discret mais qui soutient le vin dont les tanins sont relativement enrobés, légèrement pointus en finale. Si la puissance de ce 2017 n’est pas comparable avec ses prédécesseurs, la précision est tout de même perceptible. Un vin à regoûter dans quelques mois. En attendant, les millésimes antérieurs permettent de prendre conscience de l’engagement des équipes depuis plus de 15 ans. Le 2009 est encore un jeune fougueux aux muscles saillants, dont le fruit s’avère explosif. Quelques années lui seront encore nécessaires pour s’assagir et donner un plaisir de dégustation plus immédiat. Mais le potentiel est là. À son apogée, le 2005 est tout simplement superbe. Une attaque de bouche extrêmement délicate, très margalaise. Un toucher de bouche véritablement velouté, d’une profondeur de matière évidente et harmonieux jusqu’en finale. Une énergie éclatante qui ferait passer ce vin de plus de 12 ans pour un adolescent tout juste majeur, apaisé, mais à la longue vie à venir. Une très belle bouteille. Il ne faudrait pas non plus négliger le second vin de la propriété, le chevalier de Lascombes. Le 2010 est doté d’un fruité gourmand et d’une belle structure tannique qui en font un vin plus accessible, prompt à être (re)découvert. La marche vers l’excellence ne fait que commencer à Lascombes. Dominique Befve l’affirme « l’avenir n’est pas de travailler à l’hectare ni à l’are mais au mètre carré » ! Une manière symbolique de signifier que l’approche parcellaire va continuer à se développer afin de proposer une lecture toujours plus précise de ce très beau terroir.