Accueil Actualités Cure de jouvence vertueuse au Vallon des Glauges 

Cure de jouvence vertueuse au Vallon des Glauges 

Vallon des Glauges ©F. Hermine

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

12.03.2024

Partager

Pendant longtemps, le groupe Oddo partageait plus la culture de la finance que celle de la vigne. Jusqu’à ce que Pascal, le père, décide de créer en 2015 avec sa fille Lorraine, juriste de formation, un fonds d’investissements pour repérer de jolis domaines viticoles sous la devise « Ab origine Fidelis » (fidèle aux origines).

L’histoire de la famille Oddo à Eyguières dans les Alpilles commence par une association avec l’ancien propriétaire, Romain Baehny, une famille locale qui a possédé de grands vignobles en Provence et racheté les Glauges à la fin du siècle dernier. Il faut restructurer le vignoble, construire un chai, imaginer l’œnotourisme. « On voulait trouver une activité en associant plusieurs domaines et plusieurs produits, pas seulement le vin mais le miel, l’huile d’olive.... pour jouer à fond la carte agricole et ne pas en faire une danseuse » raconte Lorraine. Les Oddo sont rejoints dans l’aventure par Bertrand Otto, ancien bras droit de Benjamin de Rothschild, qui s’associe au projet.

Lorraine et Pascal Oddo ©DR

Entrent alors dans le portefeuille, fin 2017 le domaine sud-africain Taaibosch (du nom d’un olivier local) avec ses 20 hectares de vignes, bientôt agrandi avec le domaine voisin de Pink Valley pour élargir la gamme avec un rosé et un gin, puis avec Le Chant, une cinquantaine d’hectares pour produire des vins plus accessibles en blanc (chenin) et en rouge (merlot, cabernet sauvignon, syrah, sangiovese). « On a chaque fois recréer un nom, un graphisme, une cave en travaillant avec un seul œnologue consultant pour tous les domaines, le bordelais Florent Dumeau ». Les Oddo songent à dénicher un vignoble en Nouvelle-Zélande. Un peu trop loin et trop compliqué pour une gestion en direct. Ils se rabattent donc sur Sancerre avec un petit domaine de 9 hectares, Le Piton, en association avec la famille Jolivet. Une cave autonome est en réflexion pour vinifier les 6 hectares de blancs et 2 de rouges. Ils s’implantent également en Sicile en collaboration avec la famille Planeta, sur le domaine Serra Ferdinandea, véritable ferme vigneronne d’une centaine d’hectares travaillée en biodynamie dont 17 de vignes.

Une nouvelle équipe à pied d’œuvre
Le Vallon des Glauges, niché dans l’ancien lit de la Durance, a été replanté à 60% (45 hectares sur les 72) et abrite pas moins de 14 cépages au pied des Opies, la montagne la plus haute des Alpilles. Il est suivi de près par Jérôme Constantin, débauché du Château La Valetanne de La Londe-les-Maures pour chapeauter le domaine. « Les Oddo ont eu d’emblée la volonté d’en faire un vignoble vertueux et engagé, d’où une conversion rapide en bio (certifié en 2023) en se dirigeant vers la biodynamie » précise le directeur. Le domaine a fait appel à l’œnologue Eric Moreau pour une étude des sols afin de développer les parcellaires, Jérôme Constantin a initié des formations à la taille et à l’ébourgeonnage, la replantation de haies de cyprès pour casser les grosses parcelles et couper le mistral, le semis d’engrais verts - fèveroles, moutarde et fausse roquette pour limiter l’érosion, décompacter les sols et apporter potasse et azote, du seigle forestier pour nettoyer les parcelles, l’achat de nouvelles machines à vendanger, l’embauche de la jeune maître de chai Clémence Vedel… « Maintenant que nous avons le bon matériel et la bonne équipe, on peut mieux travailler et en peu d’actions, nous avons complétement réorienté le domaine. Le management fait aussi partie de la réussite : Lorraine donne la partition, je fais office de chef d’orchestre et les équipes ont le rôle de musiciens ». La cuverie a également été entièrement repensée, isolée, agrandie et équipée de petits contenants et de foudres, d’une cuisine professionnelle pour organiser des événements. Un majestueux caveau lumineux avec une grande terrasse offre désormais un superbe panorama sur le vignoble et les Alpilles, au son d’orchestres de jazz aux beaux jours.

J. Constantin et L. Oddo ©DR