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Décès de Clément Fayat, grand industriel français et homme du vin

Auteur

Mathieu
Doumenge

Date

04.07.2022

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Fondateur du quatrième groupe de BTP français, figure majeure du secteur industriel, Clément Fayat vient de décéder à l'âge de 90 ans. En plus de son empire dans le bâtiment, il avait investi par passion dans le vin, réunissant sous la bannière des vignobles Fayat trois propriétés dans le vignoble bordelais.

Né en Corrèze en 1932 dans une famille modeste, "terrien dans l’âme, autodidacte assumé et inspiré", Clément Fayat s'installe dans le Libournais et fonde, en 1957, Fayat Entreprise TP. Lui qui avait simplement commencé "avec une tractopelle" va monter un véritable empire du BTP : 21 666 collaborateurs aujourd'hui, 4,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2021, présent dans 170 pays à travers le monde. Au-delà de cette réussite dans le secteur du bâtiment, ce passionné de vin aura investi très tôt dans le vignoble : dès 1969, il achète le château La Dominique, Grand Cru Classé de Saint-Émilion qui va devenir l'un des bastions de l'œnotourisme sur la rive droite - son chai signé Jean Nouvel qui se dresse au milieu des vignes depuis 2012 ne saurait échapper au regard des visiteurs. Puis viendront le château Clément-Pichon (Haut-Médoc, récemment reconnu Cru Bourgeois Supérieur) et plusieurs vignobles à Pomerol réunis en 2009 sous l'entité Château Fayat.

Promu au grade de Commandeur de l’Ordre de la Légion d’Honneur en 2012, des mains d’Alain Juppé, Clément Fayat aura réussi à conjuguer deux piliers de l'économie française, celui de l'industrie et celui de la production agricole à travers le vin. En 2020, il s'associait avec ses deux fils Jean-Claude et Laurent pour créer la Fondation Fayat, articulée autour de trois missions : lutter contre les maladies neurodégénératives et participer à la recherche médicale ; former des personnes – notamment les plus démunies – souhaitant intégrer le secteur du bâtiment et des travaux publics et aider des personnes désireuses de se reconvertir dans un autre secteur ; et enfin réhabiliter et rénover des monuments historiques.

"Un nouvel horizon s'ouvre devant nous, je le sens"

Ayant confié les rênes de son groupe à ses deux fils, Clément Fayat confiait : "Un nouvel horizon s’ouvre devant nous, je le sens. Et j’ai confiance, car deux hommes portent dans leurs gènes ces valeurs et cette volonté de réussir. C’est l’heure des grands projets. De l’histoire qui continue. Et des développements innovants". Jean-Claude Fayat, qui s'était prêté en 2020 à l'exercice de l'entretien "sur le divin" pour "Terre de Vins" (n°67), se confiait sur le côté parfois difficile de s'inscrire dans les pas d'un père aussi emblématique : "C’est un père dominant. Les relations n’ont jamais été conflictuelles mais masculines. Aujourd’hui, il se retrouve dans une relation où il a besoin de moi. Pour moi, cela a été dur à accepter. J’ai un grand respect pour tout le travail qu’il a réalisé. Je sais d’où nous sortons, mes grands-parents étaient des gens pauvres. Mon père a réussi à faire tout ça en venant de ce milieu-là. J’ai vraiment beaucoup de respect. Pour ma part, j’ai eu la chance d’être dorloté, de poursuivre des études. Il a été dur avec moi, il ne me gâtait pas avec des cadeaux", tout en se déclarant "très content de me rendre compte de tout ce qu’il a pu me donner, nous donner. J’ai beaucoup de respect et d’amour pour lui."

La transmission, elle passait aussi par le vin, qui est longtemps resté "la chasse gardée" de Clément Fayat au sein du groupe, jusqu'à ce qu'il tende le flambeau à son fils Jean-Claude en 2011 : "tu n'as qu'à t'en occuper !" Des souvenirs de jeunesse, Jean-Claude Fayat se rappelait : "Il avait une cave, que je revois dans notre maison. Il ouvrait très régulièrement des bouteilles. Le menu du dimanche, c’était en général rôti de bœuf et céleri. Le céleri, j’avais horreur de ça ! Par chance, j’avais le droit de goûter le vin. Cette goutte de vin apportait un peu de magie. À 16 ou 17 ans, on s’amusait à faire des dégustations à l’aveugle. Je buvais assez régulièrement du Petrus, mais ce n’était pas les prix d’aujourd’hui… !"

L'équipe de Terre de Vins présente ses condoléances à la famille Fayat et à toute l'équipe des Vignobles Fayat.