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Quand le gel s’invite sur les réseaux sociaux

Auteur

Julie
Reux

Date

04.05.2017

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Pendant l’épisode de gel, de nombreux vignerons ont raconté leur combat contre le gel, batailles et défaites, via Facebook. Colère, tristesse, volontarisme ou abattement, l’émotion était souvent palpable. Illustration avec quelques exemples ligériens.

Toute la semaine, les personnes ayant des amis vignerons dans leurs contacts Facebook ont vécu en direct le gel dans le vignoble. Comme une série aux rebondissements ni variés ni agréables, les images de vignes recouvertes de bougies, de feu de paille, d’hélicoptères ont fleuri.

« Keep calm…On serre les fesses et après on serre les coudes… », postait un vigneron du Muscadet. Ce « on » souligne l’élan de solidarité entre vignerons mobilisés contre le gel, dans toute la Loire et au-delà. « C’est comment chez toi ? » a-t-on pu lire un peu partout. Comme dans d’autres milieux, Facebook a également créé des fils invisibles entre des vignerons autrefois isolés.
« On se croirait en guerre. Contre qui ou quoi ?? Dame nature, que l’homme saccage depuis des décennies. Et qui, malgré la colère qu’elle nous montre de plus en plus, continue à trop peu s’en soucier. (…) Ce qui fait chaud au cœur (et atteindra peut être nos vignes…), ce sont tous vos encouragements, c’est de voir la solidarité entre vignerons et tout l’amour qu’ils portent à leur métier. (…) »

Avec ce cri du cœur posté au petit matin, Nadège Herbel, vigneronne à Saint-Lambert-du-Lattay (Anjou), a ému beaucoup de ses « amis » Facebook. Beaucoup de « like » et des émoticônes qui pleurent, des « Bon courage à vous » qui ne sauveront pas le millésime, mais qui ont leur importance.

« On se sent moins seul »

D’autres, comme Quentin Bourse, en Touraine Azay-le-Riseau, ont plutôt joué à fond la carte du sarcasme défouloir. « Non au cumul des mandales », poste-t-il le 27 avril. Ou encore « Rhaaa les cons, ils ont oublié de positionner les sauterelles pour vendredi 😛 #notdead » le 25 avril, avec une image des prévisions météo (gel et grêle). Plus triste « La sensation d’un lendemain de cuite avec la grosse gueule de bois mais sans la boisson. C’est ça la modernité les gens. »

Ça change quoi ? « On se sent moins seul », souligne Nadège. « C’est important d’être soutenus, de ne pas se retrouver seuls avec tout ça». Et c’est l’occasion d’expliquer le métier. « Quand je lis certains commentaires de gens qui se plaignent d’avoir été réveillés à 5h du matin par les vignerons, ça fait mal… » La vigneronne est plus sceptique sur l’effet à long terme : « Quand on va augmenter le prix de nos bouteilles, est-ce qu’ils comprendront et feront le lien ? On verra… »

Certains ont glissé au passage quelques messages plus « engagés ». Des cris de colère contre les « climato-sceptiques » : « Qu’ils aillent se faire foutre et si possible sur une autre planète », râlait ainsi Thierry Puzelat. Bilan : près de 250 « likes », et des marques de soutien du monde entier.
« En 91 (un gel historique), les gars se sont réveillés le matin, tout était grillé et voilà, ils étaient assommés… » , se souvient Benoît Roumet, du BIVC. Désormais, les alertes météo arrivent 15 jours avant, alimentant le tam-tam des réseaux sociaux en continu. Partager ses angoisses sur Facebook, « c’est comme brûler de la paille : on ne sait toujours pas si ça sert à quelque chose, mais au moins, ça soulage. »