Accueil Initio : le mariage (réussi) du marketing et du bon vin

Initio : le mariage (réussi) du marketing et du bon vin

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

02.07.2018

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Bien loin des codes de Leoville-Barton, la célèbre propriété familiale, Damien Sartorius prend le contre-pied du classicisme bordelais dans lequel il évolue depuis toujours et lance la gamme Initio, de bons vins de marque réalisés par des producteurs de talent.

Le monde du vin est d’une binarité apparente. D’un côté, les chantres de la tradition qui produiraient du bon vin mais serait enferrés dans une image traditionnelle, parfois un peu datée. De l’autre, il y aurait les originaux, à l’imagination débordante lorsqu’il s’agit de faire remarquer leur bouteille mais oubliant souvent la qualité du contenu. Deux mondes a priori irréconciliables, se toisant chacun en ne se comprenant pas. Mais c’était sans compter sur Damien Sartorius et son associé Benjamin Joyeux rencontré sur les bancs de KEDGE Business School. Deux hommes, deux rapports au vin bien différents. Le premier, fils de Lilian Barton Sartorius et de Michel Sartorius, grands noms du Médoc, a baigné dans l’univers des grands châteaux bordelais depuis sa naissance. Il ne connaît que trop bien le prestige de ces propriétés mais aussi leur possible conservatisme quand il s’agit d’offrir une approche plus simple et décomplexée du vin. Le second, curieux de ce monde du vin mais peu consommateur par manque de clarté des étiquettes qu’il rencontrait. De ces constats naîtra une idée, défendu dans un business case réalisé pour leur école. Et une première place sur la soixantaine d’autres projets qui avaient été présentés. Un premier satisfecit validant la pertinence de leur idée : créer des vins de marque, à l’étiquette très simplifiée mais avec des vins de grande qualité, révélateurs de leurs origines, créés par des producteurs sur leurs domaines respectifs.

De New York à Paris

Une fois sortis d’école, voici nos deux esprits créatifs en quête des cuvées qui permettront de créer une gamme cohérente. Ils jetteront leur dévolu l’an passé sur quatre cuvées : un rosé de saignée à base de cabernet-sauvignon (issu, c’est de bonne guerre, des cuves de Léoville-Barton), un sauvignon blanc (assemblé à 15% de sémillon) de l’entre-deux-mers issu de la meilleure cuve d’un vigneron partenaire, un gewurztraminer produit dans un domaine familial alsacien de Riquewihr sur une parcelle mitoyenne d’un grand cru et un muscat de Rivesaltes tout en équilibre, élaboré par Marie-Pierre Piquemal, référence des vins doux naturels de la région.

A la dégustation, la qualité est bien là avec notamment ce rosé à la robe sombre et à la matière charnue et élégamment fruitée appelant la table. Une condition nécessaire au regard du prix des cuvées qui seront proposées prochainement sur Paris au prix de 20/25€. Car le lancement n’a pas eu lieu en France mais de l’autre côté de l’Atlantique, en fin d’année dernière. Une manière certainement de tester ce concept novateur auprès d’un public réputé plus ouvert. Ici les codes du vin de marque sont bien présents. Initio est la marque ombrelle des 4 cuvées. Chaque étiquette arbore une marinière revisitée en couleurs (orange, rose, vert ou bleu) dont un rappel est fait sur le bouchon en verre. Une évidence pour Damien qui voulait « que la bouteille ne nécessite pas de tire-bouchon pour son ouverture afin de l’emporter n’importe où ». Seule autre indication sur l’étiquette pour plus de lisibilité, le cépage principal et le numéro de lot du vin choisi après moult dégustations. Simple, clair et facile d’accès, l’objectif d’offrir des vins « qui parlent d’où ils viennent tout en étant fun » est atteint. Un pari audacieux qui casse les codes et devrait se décliner à l’avenir sur du chenin, du chardonnay voire un assemblage roussanne/marsanne. Affaire à suivre.