Accueil Le Jura ne jure plus que par le tourisme

Le Jura ne jure plus que par le tourisme

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

16.08.2017

Partager

L’œnotourisme se développe dans le vignoble jurassien riche de cépages spécifiques, de paysages verdoyants et d’un joli patrimoine.

Le Jura démarre l’œnotourisme en pente douce. Pendant longtemps, il n’y a eu que les visites organisées par le pionnier Henri Maire (désormais dans le groupe Boisset) qui propose une palette d’activités : visite des caves, des vignes, exposition d’une collection de verres de quatre siècles, dégustations de toute la gamme toute l’année aux Deux Tonneaux, au centre d’Arbois, sentier vignerons sur le domaine de Sorbief, film sur le travail des saisons, sur Pasteur qui a vécu à Arbois – Henri Maire vinifie la vigne historique de Pasteur au Clos des Rosières, à Montigny les Arsures.

Avec le développement du tourisme vert – et le Jura est incontestablement verdoyant – l’offre se développe. « Avant, on faisait du tourisme à l’ancienne, chacun dans son coin avec quelques caveaux ; ça marchait bien à Arbois, notamment à la Fruitière, mais plus difficilement à Château-Chalon, commente Jean-Charles Tissot, président des vins du Jura. L’organisation en filière depuis 2009 avec le Comité départemental du tourisme a permis de développer la notoriété du vignoble, le deuxième secteur en valeur après le comté. Aujourd’hui nous éditons des documents en commun avec une réflexion globale, on encourage l’installation de bars à vins, on a créé des verres dédiés, mis en place des partenariats avec des restaurateurs pour étoffer leur carte… La Percée du vin jaune, née il y a 20 ans, a beaucoup aidé mais elle a véritablement décollé il y a 6-7 ans. »

On parle à terme d’un projet de Cité du vin à Arbois. Une signalétique commune est en cours. Les villages viticoles sont déjà identifiés, reste à finaliser la démarche pour les caveaux.

Dégustation ou assemblage

La Fruitière d’Arbois, ouverte 363 jours par an, raconte l’histoire du vignoble avec une formule « Découverte » dans les vignes pour expliquer les différents cépages jurassiens, les sols, les expositions, et un tour en caves avec une coupe de crémant en fin de visite. En juillet-août, la dégustation est accompagnée par des artisans locaux qui font goûter fromages, charcuteries, spécialités locales…

Pour les plus amateurs, un atelier d’assemblage chardonnay-savagnin, les deux cépages emblématiques des blancs jurassiens (60 % de la production), vient d’être créé pour expliquer, avec un vigneron ou un technicien, l’élaboration du vin, les spécificités jurassiennes (en 5 cépages et 6 AOC et le fameux clavelin de 62 cl du vin jaune), les sols de galets ou de marnes argileuses, comment reconnaître les raisins à leur feuillage… Une autre formule, « Au pays de Pasteur », est complétée par une visite au musée.

C’est en 1873 que Pasteur, considéré comme le père de l’œnologie moderne, étudie l’autoproduction de molécules en examinant le voile du vin dans le Jura. On a désormais identifié quelques facteurs de développement de ce voile comme les gros écarts de température ou un lavage en douceur des fûts. Mais le processus étant aléatoire, le mystère demeure.

« Nous bénéficions de sites magnifiques mais peu connus, de jolies villes et d’un riche patrimoine, estime le directeur de la Fruitière d’Arbois, Gabriel Dietrich. Notre petit vignoble est très morcelé avec plus de 200 exploitations, peu de gros acteurs et de moins en moins de bouteilles à vendre avec les petits millésimes et les aléas climatiques à répétition, pas toujours facile à trouver hors région. Nous avons donc une vraie carte à jouer en matière d’œnotourisme. »

Depuis cette année, la maison de la Haute Seille et l’association Terroir & Tradition organisent les mardis d’été une balade dans les ruelles de Château-Chalon, deuxième site classé pour ses paysages viticoles après Patrimonio en Corse, avec escales dans les vignes et sur les différents belvédères offrant des panoramas sur le vignoble et les collines environnantes. Un passage au conservatoire permet de découvrir les 47 cépages de Franche-Comté, d’avant le phylloxéra. Le parcours d’1,8 km et environ 2h30 est ponctué de pauses-dégustation avec accords mets-vins et commentaires sur le vignoble avant une dégustation à la Maison du Froid (12€/pers. avec verre et porte-verre). Autre innovation depuis l’an dernier, les balades gourmandes, le dernier dimanche de juin, à Toulouse-le-Château près de Poligny. Une dizaine de kilomètres dans les vignes avec cinq étapes de dégustation gastronomique entre les ceps et dans la cave du château du XVe, avec vins, crémants et macvin servis par les viticulteurs (35€/pers).