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La Commanderie : renouveau en douceur à Pomerol

Le quatuor du château La Commanderie à Pomerol, autour des propriétaires Melody et Andrew Kuk, le directeur Julien Bordas (à gauche) et l'œnologue Pascal Chatonnet. Photo C. Petit.

Auteur

Mathieu
Doumenge

Date

05.12.2019

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Racheté en 2013 par Melody et Andrew Kuk, le château La Commanderie dévoile enfin ses ambitions. Œnophile et francophile, le couple se partage entre la Chine et Pomerol, avec l’envie de produire de grands vins et de transmettre cette passion à leurs deux enfants.

Depuis le début des années 2000, quelque 150 châteaux bordelais sont passés sous pavillon chinois. L’explosion du marché du vin dans l’Empire du Milieu s’est doublé d’une soif d’investissements dans le vignoble girondin, parfois dans des « marques » rebaptisées pour favoriser l’export en Asie, plus rarement dans des grands crus classés et, de façon plus sporadique, dans des pépites en sommeil qui demandaient à être redynamisées. Le château La Commanderie fait partie de cette dernière catégorie.

Tout part d’une belle histoire : en 2011, Melody et Andrew Kuk passent leur voyage de noces en France. Tous deux issus de familles passionnées de vin, ils visitent la région bordelaise et en tombent amoureux. C’est décidé, ils auront leur propre vignoble. Après deux ans de recherches autour de Saint-Émilion, ils trouvent enfin la perle rare qu’ils espéraient, grâce à l’aide de leur ami Pascal Chatonnet, vigneron et œnologue : il s’agit du château La Commanderie, propriété d’un peu moins de 6 hectares à Pomerol. Négligée par la famille qui en était propriétaire depuis longtemps, elle nécessite des investissements au vignoble comme dans l’outil technique – pas un souci pour Andrew et Melody, qui suivent une très belle carrière en Chine, respectivement dans la finance et l’événementiel haut de gamme. Des travaux sont rapidement engagés pour développer un « chai boutique » très fonctionnel qui permettra de vinifier dans des conditions optimales ; la conduite de la vigne est totalement remise à plat, avec un programme d’arrachage-replantation et une meilleure gestion du cœur du vignoble, âgé d’une cinquantaine d’années. Les ajustements se font progressivement – « le diable est dans les détails », rappelle Pascal Chatonnet.

Un chevalier pour emblème, qui change à chaque millésime

Andrew, Melody, Pascal Chatonnet et le directeur technique Julien Bordas savent que le redressement d’une propriété ne se fait pas du jour au lendemain. C’est la raison pour laquelle ils ont attendu cette fin d’année 2019 pour commencer à communiquer sur leurs ambitions, et faire déguster leurs vins. Une mini-verticale 2015-2018 permet d’entrevoir le chemin parcouru et la direction vers laquelle le couple de propriétaires souhaite amener La Commmanderie. Pas de doute, il y a ici un véritable investissement personnel, affectif : œnophiles et francophiles, Andrew et Melody viennent au moins deux fois par an à Pomerol, incitant leurs deux enfants Francis et Sophie gambader dans les vignes pour leur transmettre leur amour du vin. Chaque étiquette reprend le motif d’un chevalier, dessiné différemment selon « l’esprit du millésime » ; en 2016, année de naissance de Sophie, c’est une guerrière qui est mise à l’honneur. L’histoire familiale est en marche, tout en douceur.

La Commanderie 2015 :
nez dense, opulent, toasté assez marqué, notes de prune, de mûre, de réglisse. Dans le profil « riche » du millésime. Bouche mûre, assez droite, plus tendue que ne le laisse attendre le nez. Bonne trame acide, profil assez gourmand, avec un élevage qui demande à se fondre. Prix indicatif 54 €.
La Commanderie 2016 : nez intense, de l’éclat, de la précision dans la définition des arômes. L’élevage est bien intégré. Fruit mûr à point, bouche bien centrée, équilibrée entre maturité et acidité. Les tanins doivent encore se domestiquer. C’est un vin salivant, qui se déroule sans fausse note. Pour Pascal Chatonnet, c’est le millésime sur lequel l’équipe a trouvé le profil des vins de la propriété. Prix indicatif 59 €.
La Commanderie 2017 : très marginalement impactée par le gel, la propriété a produit un vin assez charmeur, au profil crémeux (crème de cassis, cerise, touche d’élevage élégante), la matière est fluide et désaltérante, pas une énorme concentration mais de la finesse, du croquant et de la gourmandise.
La Commanderie 2018 : pris sur fût, toujours en cours d’élevage, le vin est marqué par des notes torréfiées mais le fruit intense et onctueux, la trame ciselé des tanins, l’équilibre d’ensemble de la matière laisse attendre un vin supérieur ou égal à 2016.