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La maison René Jolly réinvente le bouchon de champagne

Auteur

La
rédaction

Date

27.05.2013

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Avec le « muselet Y », la maison René Jolly a totalement repensé le système de fermeture historique des bouteilles de champagne : une solution économique et écologique qui pourrait faire des émules.

Viticulteur et… inventeur. Pierre-Eric Jolly, qui dirige depuis 2000 la maison de Champagne René Jolly à Landreville (Aube), ne se contente pas de perpétuer une tradition familiale remontant à 1737, il s’inscrit aussi dans une démarche d’innovation (qui est aussi dans la culture de sa famille…) au service de l’environnement. Conduisant ses vignes en viticulture raisonnée, sans engrais chimique, prônant un recyclage des déchets et un chauffage des locaux par géothermie, son souci environnemental va plus loin. Il raconte : « en 2007, je me suis demandé comment je pouvais encore améliorer notre impact sur l’environnement au niveau de la bouteille de champagne. Je n’avais pas beaucoup de marge de manœuvre sur l’emballage, ni sur le verre, je me suis donc penché sur le muselet, qui maintient le bouchon. En déroulant une cage de muselet traditionnel en fil d’acier torsadé, j’ai constaté qu’elle faisait plus de 43 centimètres, il y avait donc quelque chose à faire de ce côté, en retricotant le fil différemment. L’évolution ne pouvait pas se porter sur la ceinture, mais sur les pattes : je suis parti du constat que ce qui tient sur trois quatre pattes peut tenir sur trois, mais aussi sur le fait que le fil du début du XXIème siècle est plus solide que celui d’il y a cent ans, et n’a donc peut-être pas besoin d’être doublé… J’ai creusé cette piste. » Au final, la solution trouvée par Pierre-Eric Jolly permet d’économiser plus de 41% de fil, ce qui, rapporté à l’échelle de la Champagne, permettrait d’économiser plus de 107 000 kilomètres de fil par an (deux fois et demi le tour de la Terre) !

Le plastique, c’est fantastique

Mais avant de parvenir au « muselet Y », il a fallu beaucoup tester, beaucoup tâtonner. La complexité supplémentaire se trouvait au niveau de la capsule, qui subit beaucoup de pression avec l’effet ressort du bouchon. « Nous avons donc eu l’idée de faire une capsule en plastique, dans laquelle le fil vient s’insérer, souligne Pierre-Eric Jolly. Non seulement elle supporte très bien la pression du bouchon, mais elle permet aussi de considérables économies d’énergie, de 86 à 92% dans la fabrication des capsules ».

Inauguré fin 2011 avec le coffret Editio, le muselet Y habille toute la gamme de la maison René Jolly depuis l’automne dernier. Une évolution qui pourrait donner des idées à d’autres viticulteurs champenois – ou d’autres régions productrices de vins effervescents. Pierre-Eric Jolly a dépose 5 brevets, une marque internationale, et a même supervisé la conception d’une machine spéciale (après trois ans de travail) pour tricoter ces « fils à trois pattes ». « Cela constitue un portefeuille qui pourraient intéresser des industriels. Plusieurs pays nous ont déjà contacté, nos muselets pourraient donc se développer rapidement à grande échelle. Bien sûr, le dépôt d’un ou plusieurs brevets ne garantit rien, mais nous nous inscrivons dans le long terme, l’important pour nous est donc que ce produit soit connu, surtout pour son impact positif sur l’environnement ».

Le jour où toutes les maisons de Champagne auront un muselet Y, il sera temps de faire sauter les bouchons.

M.D.