Accueil Actualités La nouvelle philosophie des champagnes Boizel

La nouvelle philosophie des champagnes Boizel

©Mickaël Boudot

Auteur

Claire
Hohweyer

Date

10.11.2023

Partager

Davantage de vins de réserve élevés sous bois, diminution des dosages et évolution de la proportion des cépages dans les assemblages : le champagne Boizel dévoile en 2023 le résultat d’une réflexion sur ses cuvées entamée en 2017. Une révision des habillages accompagne ce renouveau.

En 2017, la maison de champagne née en 1834 menait des travaux d’envergure au siège avenue de Champagne à Épernay. L’ambition était de créer le circuit de visite oenotouristique que désormais près de 10 000 amateurs apprécient chaque année. Mais aussi d’installer, en face de la cuverie en inox, une trentaine de fûts ainsi que quatre foudres neufs, destinés à travailler les vins de réserve. 

C’est d’ailleurs le bois que l’on remarque en premier lorsqu’on s’approche du cellier. « Mais 95% de nos vinifications sont effectuées dans des cuves inox », remarque, amusé, Florent Roques-Boizel, devenu PDG en 2019. Pour la maison de champagne, l’influence du bois se limite à « la recherche de la longueur en bouche, de la texture », assure le dirigeant. Toutefois, l’arrivée des foudres en 2017 a permis à la sixième génération, également représentée par Lionel Roques-Boizel, directeur général délégué, d’entamer un lifting de la gamme, réduite à sept cuvées. 

Création d’une réserve perpétuelle
L’un des éléments de cette évolution du style des champagnes Boizel, c’est le travail sur les vins de réserve, élevés en petite quantité (4%) dans les foudres. « Globalement, nous avons augmenté leur proportion de 30 à 40%, comme dans notre brut réserve », commente Florent Roques-Boizel. Parallèlement, en 2018, la maison a créé une réserve perpétuelle. « Jusqu’ici, la philosophie de la famille était de conserver des vins de réserve trois à quatre ans par année d’origine, par cépage et par zone géographique. » Constituer cette réserve perpétuelle, augmentée tous les ans du millésime de l’année, insuffle de la jeunesse aux vins plus âgés, et inversement. Elle permet de mêler « maturité et fraîcheur », comme pour les deux mono-cépages, par exemple, contenant désormais 20% de vins de réserve. 

L’évolution la plus importante de la gamme concerne sûrement le blanc de blancs et le blanc de noirs. Le nouveau nom de chacune de ces cuvées, vieillies trois ans sur lies, vinifiées en cuves inox, assume complètement l’origine des approvisionnements. Le blanc de blancs devient « La Côte » et le blanc de noirs, « La Montagne ». « Depuis plus d’un siècle, nous nous approvisionnons toujours dans les grands et les premiers crus pour le blanc de blancs, raconte Florent Roques-Boizel. Chouilly, Mesnil-sur-Oger, Vertus et Avize. » La Côte est revendiquée en premier cru, « une première pour nous ». Pour le blanc de noirs, introduit il y a une quinzaine d’années, « nous nous sommes recentrés sur la montagne de Reims ». Exit Montgueux et les Riceys, « La Montagne » se compose, pour cette édition, des terroirs de Cumières, Mailly et Chigny-les-Roses, que la maison considère être les meilleurs pour sa cuvée. 

Une collaboration avec Toqué frères
Plus pointue et plus précise, la gamme nouvelle génération de Boizel assume également la réduction des dosages, d’un gramme en moyenne. Pour Joyau de France, devenu tout simplement « Joyau », vieilli plus de dix ans, la maison a dosé à trois grammes le millésime 2008 actuellement commercialisé. Le millésime 2012 est à venir au printemps prochain.

Ces dosages plus faibles s’accompagnent d’une révision de la proportion des cépages. Le brut réserve, par exemple, a réduit la part du pinot noir de 55% à 40% au profit du meunier, présent à 25%, « pour apporter plus de fruit », plus de mordant et de gourmandise. 

Un nouvel habillage, plus sobre, illustre le résultat de ces réflexions œnologiques. La maison Boizel a abandonné le blason pour un style d’étiquette plus haut, plus épuré et élégant, dévoilant deux grandes arches, rappelant à la fois la façade, le B du nom de la famille ou encore les caves creusées dans les années 1850. 

À noter que pour les fêtes de fin d’année, la maison Boizel s’associe aux artistes trublions Toqué frères. Ce jeu de miroirs entre les deux familles donne naissance à deux inédits : un coffret limité (58€ TTC) particulièrement pop, coloré et délicieusement impertinent pour le brut réserve et une fresque inattendue, peinte sur un mur du site du 46, avenue de Champagne. 

Terre de vins aime Ultime zéro
« Nous voulions un assemblage à part, raconte Florent Roques-Boizel. Créer un brut réserve sans dosage n’avait pas de sens pour nous. Donc nous avons créé une cuvée au vieillissement prolongé, sans dosage, pour trouver un équilibre. » Ultime zéro est né en 2008, 130 ans après la création du brut par Auguste Boizel. Puissant, aromatique, droit, ce champagne trouve son équilibre dans l’expression de la vendange 2017, humide et complexe, et la rondeur et la gourmandise des vins de réserve, augmentés à 30%, amenant des notes de pains d’épices et de marmelades de fruits. Le zéro dosage apporte la tension et une finale salivante, particulièrement agréable. Une cuvée (45€) parfaite avec des huîtres, des fruits de mer ou des poissons crus.