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Laffitte-Teston : du terroir en bouteille

Auteur

La
rédaction

Date

07.08.2013

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Jean-Marc Laffite est un père et un vigneron heureux. Ses enfants poursuivent son travail de 40 ans, avec un regard neuf.

L’homme a la voix rocailleuse. De larges mains de paysans et un sens aigu de l’observation. Il pourrait dresser le portrait de chaque parcelle de terrain de son domaine. Depuis le promontoire du Château Laffitte-Teston, la vue embrasse 180° de tour d’horizon de vignes.
En 1973, Jean-Marc Laffitte hérite de ses parents d’un domaine en polyculture et élevage, à l’image de son voisin à 500 mètres, Alain Brumont. Sur les 47 hectares de vignes, seuls huit étaient dédiés à la vigne.

La fierté de leur père

Aujourd’hui, 40 hectares, « mais pas les mêmes qu’autrefois », sont plantés cépages du sud-ouest. La demeure des années70 est devenue un château viticole flambant neuf.

Lorsqu’il reprend la tête de l’exploitation agricole, Jean-Marc Laffitte décide, comme ses voisins du madiran ou des côtes de Gascogne, de spécialiser le domaine dans le vin. Or, les céréales ne poussent pas sur les mêmes terrains que le raisin. Il s’applique à échanger des champs avec les paysans du coin. Un champ de fond de vallon contre une parcelle de coteaux. À l’affût des meilleurs terroirs. Il plante du tannat, le cépage traditionnel de l’appellation à cheval sur le Gers et le Béarn, dont il fait ses vins rouges. Jean-Marc Laffitte crée trois cuvées issues de ce raisin noir cultivé dans le sud-ouest depuis les Romains : « Vieilles vignes » en 100 %tannat, « Reflet du terroir » en 80 % tannat, cabernets franc et sauvignon et « Joris », en 60 % tannat et cabernets francs et sauvignon. Du terroir en bouteille.
Si aujourd’hui Ericka (qui elle aussi a une cuvée à son prénom, tout en douceur à son image) et Joris commencent à prendre les rênes du domaine, leur père a, dans les années 1980, surtout, vu évoluer les vins gersois. « En 1985, nous avons mis le vin en barrique de bois pour l’élever. Jusqu’alors, il était dans des cuves et on le vendait en vrac. Ensuite, il y a eu la petite révolution de la mise en bouteille pour le commercialiser. En 1985 également. »
Pour le patriarche, « les madiran doivent être gourmands. Nous avons beaucoup travaillé depuis des années mais nous poursuivons. Les goûts des consommateurs changent, les gens veulent des vins moins forts, moins acides et moins tanniques. Alors, nous devons nous adapter sans pour autant perdre notre identité : garder la puissance de nos vins tout en rabotant les tanins. »
Déjà, Ericka et Joris s’y emploient. Ils bougent un peu les habitudes de leur père. Qui regarde cette passation avec beaucoup de tendresse et de fierté.

Gaëlle Richard