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Le dynamisme du Muscadet en 3 domaines

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

17.01.2023

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Loin des poncifs qui lui ont longtemps collé à la peau, le Muscadet confirme sa très belle progression qualitative et son dynamisme. Riche de la diversité de son terroir, l’appellation permet l’expression de vins de caractère, portés par des vignerons audacieux. Découverte de 3 d’entre eux

À l’occasion du très bon salon Atomes Goûtus organisé en ce début d’année à Paris, plusieurs producteurs du Muscadet avaient fait le déplacement. Tous sont membres de l’association Les vignes de Nantes qui leur permet de s’entraider, de gagner en visibilité tout en permettant de bien valoriser le travail important qui est entrepris. Parmi eux, le domaine Julien Braud situé à Monnières. Julien y a partiellement repris le domaine familial. Des 3 hectares initial, il est passé à 14 hectares et souhaite parvenir à exploiter 18 à 20 hectares, tous en bio. Ses Muscadet Sèvre et Maine offrent un rapport qualité-prix vraiment excellent, avec une gamme allant de 8 € à 15 €. Le cépage melon de Bourgogne montre ici toutes ses qualités comme sur la cuvée Les vignes du bourg 2022, un vin sur lies d’une grande gourmandise en bouche, doté d’un fruit blanc dense et de légères épices (poivre blanc), le tout d’une grande longueur. La cuvée Les grands quarterons 2022 offre pour sa part une droiture admirable en bouche et une largeur aromatique appréciable.

Autre domaine toujours en bio, Landron Chartier se situe sur la rive droite de la Loire, au nord-est de Nantes. Benoît Landron et son épouse y développent une approche très pédagogue pour faire découvrir notamment les spécificités des différents terroirs. D’où une intéressante dégustation de 3 vins vinifiés exactement de la même manière (22 € chacun). Beaucoup d’élégance pour Le Ponceau 2019, un Muscadet Côteaux de la Loire né sur des micaschistes, qui s’articule autour d’une densité de matière portée par une acidité très bien intégrée. La Grande Ouche pour sa part provient d’un terroir d’orthogneiss dérivant d’une roche magmatique. Le vin s’avère très frais, complexe avec des notes d’infusion subtiles et d’une grande longueur. Enfin Le Bois Mouchet provient d’un terroir de microgranite. Plus salin et plus gras, son nez miellé est très gourmand, créant la surprise d’une bouche traçante et sapide. Des vins exemplaires quant à la capacité à vieillir admirablement, au moins 10 ans, des vins du Muscadet bien nés.

Des crus à l’IGP

C’est au sud-ouest de Nantes que Jean-Gabriel Tridon et son épouse ont de leur côté repris le domaine Les Hautes Noëlles, 28 hectares en bio ou conversion au cœur des Côtes de Grandlieu, plus jeune appellation du Muscadet. Ils y produisent des vins typés comme le Côtes de Grandlieu 2021 issu de 5 parcelles différentes et élevé 7 mois. Nez de poire, notes exotiques, le vin charme par son relief salin, une profondeur guidée par de beaux amers ainsi qu’une grande fraîcheur. En revanche, l’originalité se trouve davantage dans le Côtes de Grandlieu sur lies 2021 qui est une cuvée élevée sur bourbes. Une approche atypique, assumée par Jean-Gabriel, qui donne un résultat inattendu. Nez pierreux, frais, saupoudré d’une pointe de tilleul, le vin est gras, conserve une acidité délicate et révèle une très belle allonge. Et le reste de la gamme offre un joli terrain de jeu. Aux côtés des vins dans l’appellation, l’IGP Val de Loire lui permet d’aller explorer d’autres univers. Il en est ainsi de sa cuvée Pléroma 2021, un 100 % egiodola, cépage basque, qui n’est pas sans rappeler au nez le gamay. Sa matière fine est friande, les tannins rustiques s’expriment de manière juste grâce à une extraction mesurée. Un vin identitaire !

Le domaine Landron Chartier n’est pas en reste. Et si les vins du cru Champtoceaux sont d’un intérêt évident, dotés d’un bel équilibre entre notes florales et fruitées, densité et fraîcheur, on ne peut que saluer la cuvée Aubin 2020, là aussi en IGP Val de Loire. Ce vin orange est issu d’une macération de 18 jours de pinot gris. Sa couleur rose foncée est superbe, le nez floral très charmeur. La matière est fondue, nette, offrant une belle résonnance fruitée en finale et de beaux amers. Le parfait candidat pour une dégustation à l’aveugle. Chez Julien Braud, le cru Monnières Saint-Fiacre est aussi bien mis en valeur. Le 2020 est élevé 30 mois en cuve béton et vibre par son aromatique complexe et sa fluidité de bouche. Un vin précis. Et là encore, Julien expérimente côté IGP val de Loire avec une cuvée de pinot noir 2022 gourmande de cassis frais et de fraise écrasée. Qu’il s’agisse du Muscadet, de ses crus ou de l’IGP Val de Loire, la région n’en finit pas de nous surprendre. Et c’est tant mieux !