Jeudi 7 Août 2025
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06.08.2025
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Sur les 160 cuvées dégustées pour notre numéro de l’été (109-110 : Dégustez l’été !), nous avons réuni nos 39 coups de cœur. En somme un best-of pour accompagner vos vacances ou, en bon français, la "crème de la crème"…
Le plus souvent issu des vendanges de l’année pour garder la dimension fruitée, le rosé a ainsi acquis une image trompeuse de simplicité, alors que préserver cette fraîcheur, obtenir cette dimension florale et minérale, conserver ces goûts délicats de petits fruits rouges mêlés aux agrumes, maîtriser la couleur, résulte d’un véritable art. Rosé de pressurage direct, rosé de macération avec la technique de la saignée, rosé d’assemblage entre vin rouge et vin blanc, rosé de garde, rosé très pâle et délicat, rosé foncé et vineux : il en existe pour tous les goûts ! Pour vous guider dans cette jungle impressionnante, nous ne gardons que le meilleur tout en reflétant la variété des styles. Bonne dégustation !
Château Pibarnon, Nuances 2021, AB
Une macération d’une nuit, un élevage en jarre de grès pour l’éclat et l’énergie, et voilà une magnifique cuvée couleur coquelicot (Éric de Saint-Victor milite pour la couleur). Un rosé ample et délicat, particulièrement racé sur les zestes d’orange sanguine, les airelles et les épices (cardamome), une note mentholée et une finale sapide. Le mouvèdre, issu d’une parcelle dédiée plus tardive et en altitude, est vinifié en levures indigènes et trouve ici, à plus de 95 %, toute sa résonance. Ne pas hésiter à le carafer pour qu’il prenne toute sa dimension, mais il peut se garder encore longtemps.
Accord : Un carpaccio de saint-jacques
95/100, 34€ TTC
Domaine de Toasc, La Tramontane 2024, AB
La cuvée porte le nom du vent qui souffle sur ces collines silico-calcaires des hauteurs de Nice. Une sélection parcellaire des plus beaux braquets, cépage local que l’on ne trouve nulle part ailleurs et qui apporte à ce rosé de caractère une belle salinité. L’altitude, 250 mètres, apporte la fraîcheur. Un vin élevé en demi-muids et en cuve, qui lui donnent une aromatique complexe sur les genêts, les fruits rouges bien mûrs, et une amplitude étonnante qui s’étire sur une longueur épicée. Le vignoble a été racheté par la famille Derichebourg, propriétaire du château de Crémat voisin.
Accord : des côtelettes de veau grillées
93/100, 30€ TTC
Domaine du Bagnol Tradition 2024 AB
Au Bagnol, on travaille en famille. Sébastien Genovesi, qui a converti les vignes en bio depuis dix ans, pilote les vinifications et travaille avec sa soeur Lisa, son père Jean-Louis se consacrant désormais à l’appellation. Des vins frais et précis aux trois quarts en blancs bien sûr (le point fort de l’AOC), mais les rosés n’ont pas à rougir avec un peu de mourvèdre pour accompagner le grenache et le cinsault. Idéal quand on n’est qu’à quelques pieds de vigne de la grande bleue. Des arômes de pêche et litchi sur des zestes d’oranges, une bouche pulpeuse sur une tension minérale, d’un équilibre parfait.
Accord : des papillotes de rouget au fenouil
95/100, 20 € TTC
Domaine Camaïssette, Amadeus 2017, AB
Olivier Nasles défend les rosés de garde, proposant toujours de vieux millésimes au caveau Le Bio d’Olivier, dans la campagne aixoise. Ce rosé ambré en syrah-cabernet sauvignon-rolle, élevé environ un an en barriques bordelaises en partie neuves, se développe sur un bouquet complexe d’épices (girofle, cannelle), des arômes de brugnon, marmelade d’abricots, fruits confits, zestes d’orange sanguine, sur une rondeur légèrement beurrée. Évidemment, ça n’est pas un rosé d’apéritif (pour ça, il a le JN’S dans sa gamme).
Accord : un tajine de poulet aux abricots secs et aux amandes
94/100, 17€ TTC
Terra Provincia, One Day, 2024
Un partenariat novateur entre la coopérative Terra Provincia et le producteur-négociant Maison Mirabeau pour lancer une cuvée certifiée AGW (A Greener World), à partir des parcelles de sept viticulteurs en agriculture régénérative qui ont adopté des techniques innovantes pour la santé des sols, la biodiversité et la réduction de l’empreinte carbone, en collaboration avec le groupe Terra Apara. Un assemblage de 6 cépages rouges à majorité grenache-cinsault, aromatique sur les baies rouges, le zeste de citrons jaunes et verts, le bonbon acidulé, vif et salin mais enrobé d’une rondeur salivante.
Accord : des spaghettis aux fruits de mer
92/100, 18€ TTC
Château La Valetanne, Odéliane 2024, AB
Avec le changement de propriétaire (Patrick Schuller a racheté le château en 2023) et de maître de chai (aujourd’hui Damien Pagès), les vins travaillés en vinification parcellaire par cépage se sont affinés et le vignoble est en cours de restructuration. Cette cuvée confidentielle (une « ode à la liane » qu’est la vigne), issue de sols de schistes et de silex, a abandonné la syrah pour laisser sa chance au mourvèdre, associé au grenache et au cinsault. Un vin moins vineux, qui gagne en fraîcheur et en finesse, un nez floral, des arômes de petits fruits rouges, groseille, épices douces sur des zestes de cédrat sur la longueur.
Accord : une brochette de langoustines
92/100, 28€ TTC
Domaine de Hautes-Pommières, Noun 2024, AB
La réussite de la famille Rossi dans l’automobile lui a permis de revenir à la terre en rachetant ce domaine d’un seul tenant, mais entièrement à restructurer, et rapidement converti en bio. De la cuverie gravitaire tout en courbes et intégrée dans le paysage sort notamment la gamme gastronomique Noun, dans un beau flacon originale à facettes. Une majorité de cinsault complétée de grenache et syrah pour un rosé aromatique et floral sur des fruits blancs, suave et délicat sur une finale salivante.
Accord : des ravioles au tourteau
93/100, 17 € TTC
Domaine des Bergeries de Haute-Provence, Via Domitia 2023, AB
Face à un panorama impressionnant à plus de 500 mètres d’altitude, sur ces pentes qui n’avaient jamais connu la vigne avant l’arrivée de Jean-Luc Montail et Éloïse Massot, on suit le cycle de la nature pour ce petit vignoble de 11 cépages plantés à haute densité avec une approche en biodynamie et vendanges manuelles. Ce rosé de saignée, en grenache-cinsault-syrah avec une pointe de rolle, développe un nez poudré et floral, aérien, sur un panier de fruits du verger et d’agrumes, une trame calcaire et de beaux amers racés sur la finale.
Accord : un vol-au-vent au poulet et champignons
94/100, 15€ TTC
Domaine des Masques, Essentielle 2024, AB
La cuvée, d’habitude à dominante grenache, fait la part belle cette année à la syrah – grêle et gel obligent –, avec plus de cabernet sauvignon et un peu de pinot noir, atypique sous la Sainte-Victoire, à 400 mètres d’altitude. Ce rosé « tout terrain », comme aime l’appeler l’oenologue Yannick Burles, y gagne en rondeur et en fruité sur des arômes de petites baies rouges. Les Mestdagh, propriétaires des lieux (où sont produits seulement 15% de rosés), sont associés à Yves Cuilleron, maître ès syrah du Rhône Nord.
Accord : des aiguillettes de canard à la gelée de groseille
93/100, 11,50 € TTC
Domaine Alône, 2022
Christian Ott et sa femme Pascale se sont lancés en 2018 dans une nouvelle aventure avec l’acquisition d’un domaine où tout était à faire, mais aux vieux grenaches et syrahs sur sable très prometteurs. Ils l’ont baptisé Alône (jeu de mots avec la rivière voisine). Ils jouent ici l’effet millésime avec 90 % de grenache, pour la garde, et travaillent à intrants minima mais sans certification, vinifiant en cuves et en levures indigènes. Cela donne un vin vif et puissant, ample et gras, sur des épices douces, pêche, agrumes, des notes d’orange sanguine et une finale saline tout en longueur.
Accord : des filets de daurade sauce rouille.
95/100, 26€ TTC
Domaine Roque Sestière, À l’orée des pins 2024
C’est son année : double médaille d’or au Concours général agricole puis au concours interne des corbières, cette cuvée délicate se distingue avant tout par son équilibre parfait, un vin désaltérant, une prouesse de Thierry Fontanille à Luc-sur-Orbieu. Avec sa robe rose pétale, cristalline, son bouquet floral, subtil, dans la retenue, son palais franc, frais et tendu, sur le brugnon, le cassis, on croque dans les premiers fruits de l’été pour se rafraîchir. 55 % de syrah, 35 de grenache, 10 de carignan, sur le terroir de Fontfroide, en coteaux sableux (très loin de la plage !), un pressurage direct et hop en bouteille. Seul le prix est incompréhensible : il mérite le double. Souhaitons qu’il fasse des heureux !
Accord : chèvre frais aux fleurs
94/100, 7€ TTC
Famille Lorgeril, G de Garille 2024
Un gris particulièrement fin, où les 60 % de cinsault déroulent leurs parfums floraux et délicats. L’attaque n’est pas seulement tendre comme on pouvait s’y attendre, une pointe de salinité réveille le palais et rend la dégustation apéritive. Nouveau dans la production maison, il est promis à un bel avenir et bien différencié dans l’offre de rosés des vignobles Lorgeril, depuis l’appellation Cabardès jusqu’aux deux cuvées estampillées Languedoc. Cette nouvelle cuvée suit Clair de Garille, un rouge claret tout en fruit. Les deux en fait se complètent, différents mais dans le même esprit de vins contemporains et très accessibles.
Accord : steak de tomate cœur de bœuf en persillade
93/100, 9€ TTC
Vignobles Gérard Bertrand, Art de vivre 2024
La trilogie Art de vivre – en blanc, rouge et rosé –, est totalement relookée cette année, pour une présentation encore plus élégante en flacon de terre naturelle. Sur ce millésime, le rosé se distingue avec un bouquet d’une grande floralité, invitant immédiatement à la pause pour en apprécier toutes les fragrances. Grenache, cinsault et syrah délivrent des senteurs délicates de rose et de chèvrefeuille, le palais est en cohérence, élégant et floral, très équilibré, avec un arôme Mara des bois puis de très légers amers d’agrumes en fin de bouche. Beau dehors et bon dedans.
Accord : beignets de fleurs d’acacia, salade estivale aux fleurs
94/100, 13.50 TTC
Domaine Loïc Nencioni, InsaisisSable 2024, AB
Jouant avec le nom de la récente AOP Sable de Camargue, le vigneron Loïc Nencioni concocte un grenache gris délicat, floral et finement salin. Bouquet discret sur les fleurs champêtres, attaque et palais en dentelle, saveurs de petits fruits rouges, de cerise blanche, bon équilibre (le vin titre 12,5°, respect) puis longueur salivante et juste saline. Représentatif de son terroir à la fois sauvage et d’une beauté évanescente, le vin séduit sur tous les plans, depuis sa robe pétale jusqu’à sa finale minérale.
Accord : salade de tellines
93/100, 12 € TTC
Maison Bruno Cazes et Fils, Les Hauts de Valenti 2024
La combinaison grenache noir et terroir de schistes de la côte Vermeille, voilà la signature de Collioure, qui délivre ici ses fins arômes de groseille, pamplemousse, bourgeon de cassis. Le plaisir se confirme au palais avec cette structure dessinée, ces saveurs combinant fruité tendre et minéralité. Avec la syrah en cépage complémentaire, on apprécie un apport de fraîcheur, de velours qui modère le profil solaire du grenache noir. En grand connaisseur de ce vignoble, Bruno Cazes a sélectionné des raisins équilibrés et identitaires.
Accord : un poisson de Méditerranée en cuisson délicate
94/100, 11,80 € TTC
Vignerons de Trémoine, Trémoine de Rasiguères 2024
Voici un vrai parti pris terroir, à la typicité identitaire. Sur les arènes granitiques surplombant la haute vallée de l’Agly, les sols sont frais, assez profonds et portent les raisins jusqu’à leur parfaite maturité. Les vendanges sur les vieilles vignes de syrah et de grenache sont manuelles et sans concession, le travail de cave est précis, avec une courte macération surveillée de près et une vinification classique qui préserve l’éclat des fruits rouges, cerise en tête. Grand volume, saveurs balsamiques, chair structurée, beaucoup d’allonge, c’est un rosé de gastronomie. Grand or au Mondial du rosé et aux Vinalies Internationales.
Accord : plancha de gambas marinées aux épices et huile d’olive à fruité noir
94/100, 8 € TTC
Domaine Santamaria, Le Dilemme d’Achille 2023, AB
Un rosé de saignée après quelques heures de macération pour ce niellucciu de caractère, ni collé ni filtré, à découvrir derrière un nom inspiré de « L’Iliade » et une étiquette énigmatique de cheval ou de tigre se désintégrant en tourbillonnant. Un niellucciu du cap Corse mais en monocépage, donc en Vin de France, entre rosé foncé et rouge grenadine. Des arômes de rose fanée, de fruits rouges (framboise, groseille), de zestes d’orange et d’épices sur une finale fraîche et croquante. Thomas Santamaria, qui a repris le domaine en 2016, travaille en principes biodynamie, vendanges manuelles et levures indigènes.
Accord : une terrine de canard à l’orange
93/100, 19 € TTC
Henri Ehrhart, Ehrh’ART rosé by Papier Ananas 2024
Ce 100 % pinot noir séduit d’abord par son nez éclatant de cerise mûre, avant de révéler en bouche des notes gourmandes de fruits jaunes, vers la pêche et la mirabelle. Fraîcheur et délicatesse s’entrelacent, offrant une dégustation lumineuse et pleine de charme. Ce vin trouve une résonance poétique dans l’univers artistique de Chloé Leréde, de l’atelier Papier Ananas. À travers ses illustrations délicates, où les oiseaux prennent leur envol au coeur de paysages naturels, Chloé capture la légèreté et la grâce que l’on retrouve dans cette cuvée.
Accord : une salade de mesclun, burrata, nectarine et amandes grillées
93/100, 7.5€ TTC
Château Vessière, Rosé 2024, AB
On est à Saint-Gilles, au sud de l’appellation, et pourtant voilà un Rhodanien qui regarde vers le nord. La syrah, présente à 60 %, apporte un grand volume en bouche, le grenache noir, des saveurs de cerise et de noyau particulièrement appétissantes. Le palais est gourmand, comme le promettait le nez aux arômes de feuille de fraisier et de rose rouge, la finale exhale la menthe sauvage et prolonge le plaisir de la dégustation. Structure et jutosité campent son caractère, avec une signature terroir nette des galets roulés, une fraîcheur préservée grâce à la biodynamie et la vinification classique en cuve inox.
Accord : tartare de dorade
94/100, 10€ TTC
Domaine Rozel, Insouciance 2024, AB
Ce sont les plus vieilles vignes de cinsault du domaine qui dessinent cette cuvée pleine de punch. Bastien et Matthieu Rozel représentent la 22ème génération de vignerons sur ce lieu où l’on fait du vin depuis 1464, certifié bio depuis 2012 pour les productions annexes (lavandin, luzerne, asperges et 2023 pour l’ensemble des vins, où l’agroforesterie se déploie de longue date). Ce beau rosé est intense dès la robe, charnu et désaltérant au palais avec une vraie dynamique de dégustation. La sensation de croquer dans une pêche juste mûre fait saliver, la finale minérale aussi, le tout à 12,5° seulement.
Accord : canard aux pêches
94/100, 9,90 €
Château de Mille 2024, AB
Constance Slaughter s’est totalement investie dans ce beau château médiéval qu’elle a acquis avec son mari américain. Les vieilles pierres ont été rénovées, des espaces de dégustation aménagés et les vins ont, eux aussi, pris un sacré coup de jeune. Telle cette cuvée où le cinsault majoritaire côtoie le grenache et la syrah, élevés 7 mois en œuf céramique, demi-muids et cuve inox. La finesse est bluffante. D’abord au nez, avec ses arômes de pêche conjugués au pamplemousse rose et au cédrat. La délicatesse se poursuit en bouche, avec ces mêmes fruits soutenant la fraîcheur. Une belle personnalité..
Accord : un tian de légumes
95/100, 12,80 € TTC
Château La Canorgue 2024, AB
Le premier vignoble certifié en agriculture biologique du Luberon reste une référence et cette sélection le prouve encore une fois. Jean-Pierre Margan et sa fille Nathalie utilisent les principes de la biodynamie pour offrir des vins au plus proche de leur terroir. Syrah, grenache, cinsault et mourvèdre, vendangés de nuit, s’assemblent ici dans une brassée de fleurs printanières, où nectarine et pamplemousse corse amplifient l’harmonie. D’emblée, nous sommes conquis. Et le palais se réjouit de l’équilibre produit par la tension des zestes. Un petit bijou salivant qui traîne en longueur.
Accord : filets de rouget à la crème de thym
95/100, 11,20 € TTC
Domaine Champ Long, Tradition 2024, AB
Installé depuis 2004 sur les terres familiales, Jean-Christophe Gély affectionne les sélections parcellaires. Pour changer le profil de son rosé, il a planté du cinsault afin de gagner en fraîcheur, en finesse et atténuer la couleur, qu’il assemble au grenache planté sur des sables. « Un vrai terroir à rosés. » Éraflage, macération pelliculaire, pressurage, débourbage statique à froid, puis fermentation à basse température. Le processus développe un nez qui a du peps. Bergamote, cédrat, le registre est bigrement engageant. Conforté dans cet esprit par une bouche ciselée, appétissante, saline.
Accord : Aubergines à la provençale
95/100, 8,50 € TTC
Marrenon, Rosace 2024
L’union des six caves coopératives rayonne aussi bien dans le Ventoux que dans le Luberon, sur les deux AOC. Tous les viticulteurs sont impliqués dans une démarche qualitative exigeante, orientée vers une approche parcellaire qui a débouché sur la certification de plusieurs labels de qualité. Dans sa gamme « Collection Les Essentiels », l’union nous gratifie de cette jolie cuvée couleur rose tendre. Des notes florales, avec un petit côté bonbon agrémenté d’un registre d’agrume, apportent subtilité, fluidité. Savoureux, pas du tout prétentieux, avec juste l’amertume nécessaire à l’équilibre.
Accord : un ceviche de dorade
95/100, 6,65 € TTC
Domaine J.-M. Sorbe, La Muse 2024
Un vin rosé issu de pinot gris, c’est l’exception que ménage l’appellation Reuilly et avec laquelle compose la famille Mellot, dans son domaine Jean-Michel Sorbe, pour élaborer un rosé original. À peine teinté d’une touche orangée, ses arômes transportent hors des sentiers battus avec un registre exubérant de senteurs exotiques : fruit de la passion, mangue, grenade et une légère touche de menthe bergamote en fond. L’attaque vive se prolonge sur la fougue des flaveurs d’ananas, puis une légère sensation saline. Original certes, mais surtout taillé pour une gastronomie épicée.
Accord : poulet sauté au gingembre
92/100, 13.50€ TTC
Domaine des Deux Moulins, La Jolie Quille 2024, AB
On attribue aux schistes d’apporter finesse et fraîcheur au vin, ceux de l’Anjou noir ne semblent pas faire exception. Un peu de tendresse et beaucoup de fraîcheur composent un rosé d’Anjou qu’on aurait tort de cantonner au dessert. Cet assemblage rose dragée, de grolleaux, noir et gris, et de gamay s’exprime sur la tension avec des senteurs de pêche, d’abricot blanc et de mirabelle qui affleurent dans un bouquet aux légers accents herbacés de bourgeon de cassis et de verveine citronnelle. En bouche, c’est l’arôme de mandarine qui marque l’équilibre entre suavité et sapidité.
Accord : tarte fine poire, noix et roquefort
90/100, 6,90 € TTC
Château Thieuley 2024
« Made With Love » par les sœurs Sylvie et Marie Courselle, nous promet l’étiquette : promesse tenue. Un clairet d’école, très fraise écrasée, feuille de menthe, beaucoup de mâche, de la densité en bouche, une texture tendre et veloutée. On aime la jolie trame d’orange sanguine en soutien qui vient apporter une touche de sève. C’est un vin sur un profil très bien balancé, à la fois gourmand, digeste et tonique, sans aucun doute un cas d’école pour ce qui se fait de mieux en clairet à Bordeaux ! Notez que le rosé de Thieuley est aussi impeccable dans un registre plus « facile ».
Accord : avec une escalope milanaise
92/100, 13,50 € TTC
Château de La Dauphine 2024, AB
La Dauphine, propriété-phare de Fronsac, affiche une belle régularité avec son rosé. Couleur engageante, nette et délicate. Nez pur, précis, assez floral et convoquant le fruit blanc, la pêche juteuse. Bouche bien composée, d’une clarté tapissante, texturée : ici le côté tactile semble recherché plutôt que l’aromatique exubérante, on est presque sur un profil de blanc. Fine note acidulée pour zester l’ensemble, mais le vin reste ample, charnu, gourmand et désaltérant à la fois, plein de sève et d’allonge. Un très joli rosé bordelais, qui s’affirme encore une fois comme une réussite.
Accord : tataki de truite
91/100, 14 € TTC
Château Desmirail 2024
Pour les amateurs de classicisme bien accompli, ce rosé de Desmirail coche toutes les bonnes cases. Jolie netteté aromatique au nez, qui convoque la fraise des bois et la gelée de groseille. C’est ajusté, précis, sérieux, avenant, on devine qu’il y a du vin. En bouche cela se confirme, avec une vraie densité de la matière, des épaules, un peu de gras là où il faut, de la gourmandise, du charnu, mais une belle fraîcheur en soutien, entre menthe écrasée et grains de fenouil. C’est de la belle ouvrage, riche et onctueuse, juste signée par une jolie salinité.
Accord : lapin en gelée
91/100, 9 € TTC.
Marius Bielle, Coyote 2023, AB
Attention, vin pirate. Ni un rosé ni un rouge, mais un « blouge », soit la cofermentation de raisins rouges et blancs, en l’occurrence 2/3 merlot et 1/3 sauvignon. C’est le fruit de la collaboration entre deux vignerons, Damien Bielle (à l’origine de cette gamme aventureuse « Marius Bielle ») et Nicolas Roux. On s’inscrit dans la famille du vin nature, avec un nez punk qui convoque la macération d’écorces d’orange, une bouche mordante à l’acidité que certains pourraient considérer comme borderline mais qui apport au vin un profil traçant, zesté et sanguin, irrévérencieux mais résolument désaltérant.
Accord : avec des tomates farcies
92/100, 19 € TTC
Domaine Albert de Conti, Odette 2024, AB
La cuvée rend hommage à la femme d’Albert, qui planta ses premières vignes au début des années 60 à Saint-Julien-d’Eymet. À leur tour, leurs deux petits-fils Guillaume et Paul, associés au jeune oenologue Yann Lecoindre, tracent leur propre chemin en créant ce domaine en 2017 à partir des plus vieilles vignes. Parmi les dernières cuvées, cet hommage à leur grand-mère avec une étiquette originale et décalée. Un rosé de gastronomie 100 % cabernet sauvignon, tout en rondeur et en tension, aromatique sur un bouquet de fruits rouges (framboise, groseille).
Accord : des tomates farcies
93/100, 12€ TTC
Domaine Arretxea, rosé 2024, AB
Les deux frères Riouspeyrous, Iban et Téo, ont pris le relais de leur parents, Thérèse et Michel, qui avaient fondé le domaine dans les années 90, travaillé en biodynamie depuis plus de 25 ans sans certification. Ce rosé à la fois d’assemblage et de saignée marie les deux cépages emblématiques de l’appellation, 80 % de tannat et 20 % de cabernet franc, issus des sols de grès rouge et vendangés à la main. D’une belle complexité sur des arômes de fraise, groseille et rhubarbe qui s’étirent sur une tension fraîche et citronnée. Une équipe de talents, décidément toutes couleurs.
Accord : des filets de truite fumée
94/100, 15€ TTC
Egiategia Dena Del
Conçu autour d’un procédé unique de fermentation breveté, ce rosé est vinifié sous la mer, dans la baie de Saint-Jean-de-Luz, une méthode qui transforme profondément les arômes. Le millésime 2023, immergé entre juin et décembre 2024, a bénéficié des conditions singulières de ce milieu. Au nez, ce vin séduit par des notes de fraise des bois et d’agrumes, tandis qu’en bouche, une fraîcheur éclatante se déploie avec un pamplemousse généreux et une minéralité délicate. Le résultat est un vin original, frais et élégant.
Accord : des fruits de mer
93/100, 13,50€ TTC
Bollinger Rosé Brut
La robe rose profond a été créée « Rien que pour vos yeux ». Le nez est celui d’un fraisier, la bouche respecte à la lettre les canons du genre, avec des notes de framboise et de griotte et une finale sur le kumquat dans lequel on mord à pleines dents. Cette amertume zestée se mêle à celle du cachou, qu’il est de bon ton de ne jamais refuser. Tout cela accompagné de notes de cèdre qui lui donnent un look très smart. Si certains sont sceptiques quant à l’utilisation du bois pour l’élaboration des rosés où prime la pureté du fruit, Bollinger nous démontre qu’une utilisation partielle (15 %) ramène une touche de complexité qui permet de prolonger le service de l’apéritif jusqu’à la table.
Accord : tajine d’agneau et kumquats confits
96/100, 80€ TTC
Lenoble Rosé Extra Brut
C’est une ambiance « breakfast » dans laquelle nous plonge cette édition construite sur la base 2019, réputée solaire : pain grillé, confiture de fraises, beurre et finale sur le café torréfié. Ajoutez sur la table un bouquet de lilas et vous y êtes. L’attaque est minérale, calcaire, le fruit vient après. Les notes réductives nobles sont l’œuvre du mode de vinification avec une partie des vins de réserve conservés en magnum sous liège avant d’être assemblés à l’année de base. La maison a aussi inclus une proportion de vins élevés en foudre (20 %), un bon moyen pour équilibrer cette ambiance réductive et ramener de l’amplitude.
Accord : pour un brunch à 10 h : pain, confiture, bacon, œuf à la coque…
95/100, 55€ TTC
Mademoiselle Marg’O, Osmose Rosé Brut
La robe rouge groseille annonce d’emblée un fruit éclatant. À la dégustation, on n’est pas déçu avec des notes de fraise juteuse, de clafoutis aux prunes, de tarte à la rhubarbe saupoudrée d’une pincée de cannelle, une touche aussi de pâte d’amande et de biscuit rose de Reims. On entre dans un univers généreux et en même temps sans lourdeur grâce à une belle vivacité. C’est tout l’intérêt du choix de l’assemblage qui laisse la part belle au chardonnay (86 %), dont la colonne vertébrale de fraîcheur a simplement été enrobée par les 14 % de pinot noir vinifié en rouge. Une vigneronne de la Côte des Bar qu’il faut continuer à suivre !
Accord : charlotte aux groseilles avec des biscuits de Reims
95/100, 35.20€ TTC
Vincent Couche, Millésime 2009 Rosé, Extra Brut
Nous sommes sur les terroirs argilo-calcaires de Buxeuil et crayeux de Montgueux, dans l’Aube. Le vigneron ne craint pas les partis pris. 10 % des vins sont vinifiés en fût, les levures sont indigènes, et on ne chaptalise pas… La cuvée assemble 70 % de rosé de saignée de pinot noir avec 25 % de chardonnay, les 5 derniers pourcents étant du blanc de pinot noir. La robe rubis légèrement tuilée est avenante. Le nez de coing et de Figolu ne manque pas de gourmandise, à l’image de la bouche, épicée, avec ses notes de fraise des bois confiturée et ses arômes réglissés. La finale sur le pamplemousse équilibre l’ensemble en ramenant un bol de fraîcheur. Quelle jeunesse encore, à chaque gorgée on revit ce bel été solaire qui avait baigné en 2009 la Champagne.
Accord : filet de canette, pamplemousse et navet, sauce groseille
95/100, 55€ TTC
Maison Les Cordeliers, Vintage 2018 Brut
Cette cuvée se construit au fil du temps puisqu’au moins 24 mois sur lattes sont prévus, pour ce millésime 2018 sans doute davantage. La fougue de ce 100 % merlot se trouve assagie, avec une couleur lamée de tons citrouille pour seule évolution, le reste de la dégustation conserve de la tension et du fruit. Son nez complexe mêle quetsche et prune d’ente à des arômes pâtissiers de tarte à la mirabelle et d’amandes. Son effervescence soutenue remplit la bouche de saveurs vives, de groseille et de cassis blanc, et laisse une empreinte salivante sur le jus de citron et une note plus alcaline.
Accord : poularde à la verveine
93/100, 17,90 € TTC
Maison Louis Bouillot , Perle d'Or rosé 2018 Brut
Ce millésime 2018 de Perle d’Or Rosé est un « Grand Éminent ». Pour un crémant de Bourgogne, cette mention garantit une qualité, au moins 36 mois sur lattes. La patience a conféré de la profondeur à l’expression du fruit exubérant de ce millésime généreux et concentré. D’un cordon de bulles aux reflets mordorés s’échappent des fragrances de baies rouges : airelle, framboise et sureau noir. Sur les papilles, les bulles se révèlent savoureuses avec des éclats de cerise napoléon et de cassis noir de Bourgogne. Quant à l’amertume finale, elle laisse un souvenir persistant de pamplemousse rose.
Accord : tataki de saumon mariné au soja et gingembre
94/100, 14.90€ TTC
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