Lundi 11 Novembre 2024
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29.06.2012
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26 juin. Grâce au lancement de la nouvelle campagne des vins de Madiran au sommet du Pic du Midi, mettant en valeur son cépage emblématique le Tannat, nous avons eu l’occasion de découvrir l’autre visage du Madiran, le Pacherenc du Vic Bilh.
Pacherenc du Vic Bilh. C’est sous ce nom, qui signifie en patois « Piquet en ligne du vieux pays », qu’a été enregistrée, en 1948, l’appellation des blancs de ce terroir.
Bien que ne représentant que 15% de la production globale des deux appellations, le Pacherenc, où l’on retrouve, la plupart du temps en assemblage, les cépages de Gros et Petit Manseng, l’Arrufiac et le Petit Courbu, se décline en sec ainsi qu’en moelleux, à la faveur de récoltes, en surmaturation, bien souvent plus tardives que les vendanges du même nom sur d’autres appellations.
Vin de niche mais facile d’accès, le Pacherenc n’en exprime pas moins toute la complexité de ce terroir aux sols variés (galets roulés, argiles à gravette, argilo-calcaire), à cheval sur trois départements, les Hautes-Pyrénées, les Pyrénées Atlantique et Gers, trop souvent réduit à une vision monolithique du Madiran. Et c’est peut-être là tout le paradoxe de ce terroir : avoir deux visages que tout semble opposer. Pourtant, la porte d’entrée des Madirans ne se trouverait-elle pas dans le Pacherenc ?
Qu’ils soient travaillés sur les fruits frais comme le Domaine Capmartin 2011 (80% Gros Manseng, 10% Arrufiac, 10% Petit Courbu), vif et croquant avec une note finale d’agrumes ou comme le Château Montus 2009 (100% Petit Courbu) sur les fruits secs et confits, gras en bouche avec un final de miel, les Pacherencs secs, à l’instar des moelleux, ne sont pas des vins à boire exclusivement jeunes. Ils peuvent très bien vieillir pour devenir de grands vins blancs secs comme cette cuvée Frédéric Laplace 1990 (assemblage Petit et Gros Manseng) découverte au Chai Doléris. Avec une robe devenue ambrée avec le temps, mais sans oxydation exagérée, elle développe des arômes de miel au nez qui se transforment en ananas une fois en bouche : un vrai festival pour le palais ! Gageons que L’Ode D’Aydie 2010 du Château de la même famille (30% Gros Manseng et 70% Petit Manseng), aux arômes premiers d’agrumes pour finir sur une note d’amande amère, évoluera aussi bien. Il est vrai que la conservation exceptionnelle au Chai Doléris a dû jouer pour beaucoup : cette galerie souterraine passant sous une route, qui conserve en permanence une température de 13° C, fut construite, en 1910, par Jacques Ameydée Doléris pour élaborer, par seconde fermentation en bouteille, le Royal Bearn, unique Pacherenc en méthode champenoise, malheureusement disparu à ce jour.
Là, où le Pacherenc, immédiatement accessible, peut se surpasser avec le temps, le Madiran, vin très structuré, lui, a besoin d’être attendu pour fondre tous ses tannins. Elevés en 100% Tannat, comme le Château Viella 2009 cuvée Prestige ou en assemblage, comme le Domaine Laougué, Excellence de Marty 2009 (80% Tannat, 10% Cabernet Franc, 10% Cabernet Sauvignon), les Madirans sont sans conteste des vins de garde qui ne révèlent toute leur complexité qu’au fil des années. Avec leur robe sombre, leurs arômes de fruits rouges très mûrs et leur finale épicée, ce sont des vins qui ont besoin de mets sachant leur tenir tête comme le porc noir de Bigorre, par exemple.
Mais le Tannat ne se résume pas qu’à ses tannins, loin de là, et réserve encore bien d’autres surprises comme dans ces vins mutés que sont le Tannatis du Domaine Berthoumieu ou le Taehïty du Domaine Damiens, pour n’en citer que deux, vin de liqueur tout sur le fruit ou dans une eau-de-vie de Marc au fruité digne des meilleures grappas.
Jean Dusaussoy
www.madiran-story.fr
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