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Les grands vins victimes de « cybersquatting »

Auteur

La
rédaction

Date

21.11.2011

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Les noms de domaine des grands châteaux viticoles bordelais font l’objet d’un intense détournement, appelé « cybersquatting », sur Internet.

Une enquête approfondie de l’agence Keep Alert, entité créée il y a trois ans par le groupe girondin Systonic, a fait apparaître ce phénomène. Pour son étude, qui s’apparente à une véritable investigation, Keep Alert avait sélectionné les premiers crus de la classification officielle de 1855, Haut-Brion, Lafite Rothschild, Latour, Margaux et Mouton Rothschild.

« Nous avons étudié le nom de ces cinq châteaux de façon large. Avec des noms approchants ou par une utilisation dans un contenu, sur l’ensemble des extensions mondiales, explique Jean-François Poussard, responsable de Keep Alert. Près d’une centaine d’utilisations détournées pour Haut-Brion, environ 500 pour Margaux, un millier pour Mouton et plusieurs milliers pour Latour sont apparues. » Il existe plusieurs manières d’utiliser ces noms prestigieux. En créant notamment de faux sites, ou des pages dites « parking » pour renvoyer vers des sites de vente de vins contrefaits. Keep Alert a ainsi découvert des adresses telles que chateau-haut-brion.info, chateaulafite.com, latour.asia, buychateauhautbrion.com ou encore mylafiterothschild.com ou encore chateau-latour.de.

La France en retard

« Un Taïwanais s’est constitué toute une série de noms de domaines autour de Lafite.com.tw, qui réorientent immédiatement vers un site commercial, poursuit Jean-François Poussard. Un Russe utilise margaux.ru pour son site en cyrillique, où il reprend le nom et le visuel du château, et un Tchèque propose une boutique en ligne sur lafite.cz. »
Le principe, très libéral, de l’acquisition d’un nom de domaine, facilite ce phénomène. « C’est un aspect que les grands châteaux viticoles n’ont pas toujours en tête, commente Jean-François Poussard. Il me suffit par exemple, si je souhaite déposer le nom d’un de ces châteaux en « .us » depuis mon bureau, de disposer d’un numéro de carte bancaire. »
Globalement, Jean-François Poussard juge que la France est très en retard par rapport à la question des noms de domaine.

Bientôt un « .wine »

« Il faut rester vigilant pour l’avenir, souligne Jean-François Poussard. En juin dernier, l’Icann, l’autorité internationale qui gère les extensions sur Internet, a décidé d’étendre largement le nombre des extensions de codes génériques. Il y aura notamment un « .wine ». »
Le coût de l’enregistrement d’un nom dans les différentes extensions de premier niveau possibles ayant beaucoup baissé, Jean-François Poussard milite pour que les détenteurs de marques les enregistrent avec toutes les extensions génériques importantes (.net, .com, .org, .tel et ainsi de suite) et dans toutes les extensions géographiques où elles ont des marchés importants. Mieux vaut y penser, puisque 500 nouvelles possibilités d’extension ont été autorisées par l’Icann à partir de 2012.

Source – Jean-Pierre Tamisier