Accueil Les nouveaux habits du Grand Brut de Perrier-Jouët

Auteur

Joëlle
W. Boisson

Date

30.01.2020

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Changement de packaging en profondeur. A son tour, le Grand Brut – référence d’entrée de la gamme Perrier-Jouët – entame sa mue. Avec un changement de flacon qui n’est pas sans incidences.

Dans les semaines à venir, vous remarquerez peut-être le Grand Brut Perrier-Jouët dans un nouvel habillage et un nouveau flacon. Lancé en effet en juin 2019 dans un premier temps à l’export (90% des ventes de la marque), le voici désormais déployé en France.
Le changement packaging est évident : coiffe transformée ; étiquette réduite et épurée ; transformation du motif anémones ; diminution de la charge en or, etc. Mais plus évident encore est le changement de la bouteille, avec le choix de reprendre un ancien modèle de la marque, le flacon de la cuvée Blason de France, première cuvée de prestige de la Maison Perrier-Jouët.
En Champagne, le choix d’une bouteille va au-delà de l’aspect marketing, puisque le vin effectue sa deuxième fermentation et son élevage dans le flacon qu’aura in fine entre les mains le consommateur. Le choix de ce modèle aux formes « Art Nouveau » très esthétiques mais sans aucune base droite a donc de profondes conséquences en production et en logistique (chaînes de tirage et d’habillage, boxes de stockage et de remuage, palettes,…). C’est donc un vrai engagement industriel de Perrier-Jouët pour produire ce nouveau flacon !

Dégustation comparative

Par curiosité, nous avons dégusté en comparaison la nouvelle bouteille entrant sur le marché français (Lot 1991933165, dégorgé durant l’été 2019) et une bouteille achetée fin juin 2019 chez un caviste de Reims (Lot 0711800894, dégorgé au printemps 2018). Les deux vins ont été mis en dégustation à l’aveugle dans une série plus large de champagnes, sans aucune information sur les vins.
A la vue, peu de différences, une teinte légèrement plus soutenue sur l’ancienne bouteille (logique pour un vin plus ancien). Au nez et en bouche, le panel de dégustateurs est formel : il s’agit du même style de vin, décrit comme « frais, au fruité élégant et charnu, évoquant les fleurs blanches et les fruits du verger ». En entrant plus dans le détail et avec comme consigne de comparer les deux vins, le nouveau flacon est perçu comme « plus serré, plus salin, plus de peps » alors que la bouteille mise en marché un an plus tôt reste sur des descriptifs de type « onctueux, fruité, pointe vanillée ». Autre fait intéressant : au bout de 15 minutes, la bouteille « ancienne version » est toujours identique tandis que le « nouveau flacon » s’est ouvert sur des notes de fruits blancs. « On retrouve différents types de poire, notamment la poire nashi typique des descripteurs aromatiques de la cuvée Belle Époque », ajoute un des dégustateurs.

Hervé Deschamps, le chef de caves, ne dit pas autre chose. « Le Grand Brut doit rester nos racines. C’est la cuvée sur laquelle Perrier-Jouët a bâti sa réputation. Nous n’avons pas changé l’assemblage avec la nouvelle bouteille, mais ancré l’approvisionnement dans les crus emblématiques de la maison. » Pas d’évolution donc de la composition : pinots noirs 40% ; meuniers 40% ; chardonnays 20% avec 12-14 % issus des vins de réserve et un dosage de 8 à 10 g/l. En l’état des connaissances œnologiques actuelles, rien ne permet de penser que la forme de la bouteille puisse avoir eu un quelconque impact sur l’élevage des vins (diamètre intérieur de la bouteille ou chambre gazeuse similaires). La capsule, l’assemblage, le millésime de base, le levain, l’âge du vin sont des facteurs de variation au moins aussi importants. Ce qui, en revanche, accompagne le changement de flacon, c’est l’impact visuel… et le prix ! Le Grand Brut passe de 35-40 € selon les points de vente à un prix conseillé de 45 € pour la nouvelle version. Un changement qui n’est pas, là non plus, passé inaperçu.