Jeudi 12 Décembre 2024
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19.02.2013
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Le laboratoire Excell de Pascal Chatonnet a organisé la semaine dernière une conférence sur l’utilisation des pesticides dans le vin, s’appuyant sur quelque 300 échantillons. Il propose une démarche réduisant leur présence.
Après le lien entre le bois des barriques et le vin, après les bouchons, après les méfaits du bois traité des charpentes ou des palettes sur le goût du vin, Pascal Chatonnet, vigneron et scientifique, a fait sien le combat contre la mauvaise utilisation des pesticides dans le vin. Un sujet longtemps tabou dont il a fait un secteur de recherche important pour le laboratoire Excell, que cet œnologue et docteur en sciences médicales et biologiques a créé au début des années 1990 et qui a son siège à Mérignac. Il y a quelques jours, Pascal Chatonnet a donné une conférence sur ce thème qui lui tient à cœur (« Pesticides dans les vins : état des lieux, stratégies de réduction dans les vignobles et nouvelles perspectives »), devant un parterre de viticulteurs très attentifs.
Il ressort que, sur quelque 300 vins analysés (provenant d’Aquitaine et de la vallée du Rhône) par le laboratoire sur les millésimes 2007 et 2008, seuls 10% d’entre eux ne contiennent aucun pesticide. 90% des vins analysés contiennent des résidus d’au moins une matière active, le plus souvent un fongicide. La palme revient à l’un des vins étudiés, qui contenait des résidus de neuf pesticides différents…
Pascal Chatonnet milite pour une utilisation raisonnée et contrôlée. « Une utilisation intégrée. C’est-à-dire où l’on définit les risques au-delà desquels on peut déclencher un traitement, en sachant comment le faire. » Dans son rôle de viticulteur (La Sergue et Haut-Chaigneau en appellation Lalande-de-Pomerol et L’Archange en Saint-Émilion), il sait que les consommateurs considèrent que le respect de l’environnement impose qu’il n’y ait aucun résidu de pesticides.
Il soutient cependant que des efforts importants ont été fournis depuis l’époque où les pesticides étaient utilisés sans discernement. « On n’est donc pas dans une situation critique. Le problème est que la France n’a pas fixé de LMR – limites maximales de résidus – pour les pesticides dans le vin. Mais un jour, elles seront imposées. Au sein du laboratoire, on a décidé de créer nos propres LMR. Nous les avons fixées unilatéralement par rapport à la toxicologie des molécules. » Une démarche globale a été conçue, baptisée « + Nature by Excell », incluant les dispositions réglementaires et les solutions alternatives dans le traitement des vignes.
150 molécules autorisées
Un concept comparable à une démarche de certification, mais qui n’en porte pas le nom puisque d’initiative privée. Ceux qui s’y engagent peuvent néanmoins utiliser s’ils le désirent le logo « + Nature by Excell » sur leurs étiquettes.
« Nous nous efforçons d’apporter aux viticulteurs les pistes de travail pour réduire l’utilisation des pesticides, sachant que le plan Eco-phyto 2018 vise à réduire de 50 % leur utilisation. » (le laboratoire soulève d’ailleurs qu’entre 2008 et 2001, la quantité de produits phytosanitaires utilisés en viticulture a constamment progressé).
Excell a pour cela développé tout un arsenal d’outils, modélisation de l’utilisation des produits, optimisation de la pulvérisation, microzonage des parcelles pour identifier au plus près les besoins. Il propose aussi d’effectuer un tri parmi les 150 molécules autorisées pour ne conserver que celles qui, à efficacité égale, sont les moins toxiques et qui laissent de moins de résidus.
« Le processus de vinification élimine toutefois la majeure partie des résidus de pesticides, relève Pascal Chatonnet. Pour autant, il demeure nécessaire de lutter contre les quantités qui restent, même si elles sont faibles. »
Jean-Pierre Tamisier
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