Accueil Les vendanges 2019 par Anne Le Naour : « il y a de quoi se réjouir »

Les vendanges 2019 par Anne Le Naour : « il y a de quoi se réjouir »

Auteur

Jean-Charles
Chapuzet

Date

04.10.2019

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Directrice exécutive des domaines de CA Grands Crus, qui incluent plusieurs propriétés médocaines dont le cru classé Grand Puy Ducasse et la pépite de Saint-Estèphe Château Meyney, Anne Le Naour nous donne son éclairage sur les vendanges 2019 dans le Bordelais.

La vie est belle. Dans la salle de dégustation, les merlots et les petits verdots se goûtent à merveille, les cabernets s’annoncent aussi très bien et le Château Meyney est à l’honneur – sans placement produit – dans le dernier Woody Allen. Bref, Anne Le Naour, la directrice exécutive des domaines de CA Grands Crus (Château Meyney, Château Grand-Puy Ducasse, Château La Tour de Mons, Château Blaignan, Clos Saint-Vincent à Saint-Emilion et Château de Santenay en Bourgogne) a le sourire aussi large que l’estuaire.

Comment se présentent les vendanges, les feux semblent au vert ?…
A part en Bourgogne où les quantités sont très faibles, ça ressemble en effet à une très belle année. Au Château Santenay, nous sommes à moins 30% sur les rouges et moins 50% sur les blancs mais la qualité est là, nous sommes très contents avec notre nouveau directeur Jean-Philippe Archambaud. Sur nos propriétés bordelaises, c’est très joli si ce n’est quelques parcelles touchées par le gel au printemps au Clos Saint-Vincent et sur des bas de la butte du Château Blaignan. Aux Châteaux Meyney, La Tour de Mons et Grand-Puy Ducasse, c’est qualité et quantité. Il est encore trop tôt pour donner un compte rendu définitif sur les cabernets sauvignons tant qu’ils ne sont pas au chai mais les merlots et les petits verdots sont magnifiques, une couleur qui sort très vite, un très beau touché de tannin… Sur le terroir de Meyney par exemple, il va falloir extraire en douceur tellement la matière est déjà très belle. La densité et l’acidité sont au rendez-vous. Et, en croquant les raisins, on peut dire que les cabernets sauvignons se présentent très bien… Il y a de quoi se réjouir.

On évoque de en plus le bio dans le Médoc et ailleurs, où en êtes-vous ?
Je ne prétendrai pas qu’on y va car je ne vais prendre ce risque alors que nous ne sommes pas dans la phase de certification. Mais on fait des essais en bio sur des parties non négligeables de notre vignoble. A Meyney cette année, c’est sur 50% du domaine et sur cette même proportion l’an passé. A Grand-Puy Ducasse, c’est plus de 30%, donc c’est une pratique qui nous préoccupe et nous occupe. Cette conversion doit mobiliser toutes les équipes, c’est important avec une force de frappe pour intervenir sur le vignoble qui doit être décuplée. Toutes les jeunes vignes sont systématiquement en bio. Tout ça prend du temps et au-delà de ça, nous ne voulons pas nous mettre dans l’urgence. Le label n’est pas une obsession. Il y a des sujets sur lesquels on a du mal à trancher comme le traitement obligatoire de la flavescence dorée, ce qui est autorisé en bio ne nous convient pas. A suivre.

Il se raconte que le Château Grand-Puy Ducasse est à la veille de grands travaux….
On est en effet à la veille d’un très grand projet, à l’horizon 2021 pour la rentrée des vendanges et pour une livraison totale en 2022. Le nouveau cuvier sera totalement adapté à notre vignoble qui a la force d’être un patchwork des différents terroirs de Pauillac. Et on tenait à ce que nos nouveaux bâtiments soient au même endroit avec la singularité d’être le seul Grand Cru Classé 1855 à se situer dans Pauillac, qui plus est sur les quais. On ne veut pas perdre cette identité, c’est un projet qui a du sens. Il est trop tôt pour en dire plus mais on s’est creusé la tête pour que l’outil reste optimal au même endroit. Et le nouveau Grand-Puy Ducasse, fort de son emplacement urbain et portuaire, aura une vocation œnotouristique. Ce sera une plus-value pour les quais de Pauillac. Les lignes bougent de plus en plus dans cette ville.