Accueil Médoc : la nouvelle vie de Charmail

Médoc : la nouvelle vie de Charmail

Château-Charmail

Photo: Château Charmail

Auteur

Jean-Charles
Chapuzet

Date

09.11.2021

Partager

Bernard d’Halluin, après 13 ans à la tête du Château Charmail et l’obtention pour son Cru Bourgeois du rang d’Exceptionnel, s’adosse à un investisseur pour "recréer le grand Charmail d’antan".

Comme l'ont révélé nos confrères de Sud Ouest, ce 8 novembre 2021 restera une date historique dans l’histoire du Château Charmail. D’une signature chez le notaire, ce cru de Haut-Médoc basé à Saint-Seurin-de-Cadourne ouvre une nouvelle page. Chez le notaire, il y avait d’abord Bernard d’Halluin, un Chti amoureux de vins qui est venu acquérir le Château Charmail en 2008. Il conserve alors l’ancien propriétaire pendant 5 ans - Olivier Sèze - et conduit la petite trentaine d’hectares d’un seul tenant qui domine la Gironde avec de très belles ambitions. Ces dernières trouvent une consécration avec le nouveau classement des Crus Bourgeois de 2020 : Charmail intègre la cour des plus grands, les Exceptionnels.

Une rencontre et un projet

Et après ? « Ma fille ne veut pas prendre la suite, je cherchais une solution et j’ai été mis en contact avec des investisseurs, nous nous sommes entendus sur un projet, celui de recréer le Charmail originel d’il y a trois siècles, c’est-à-dire englobant les châteaux voisins Bardis et Saint-Paul pour un ensemble de soixante hectares à peu près d’un seul tenant, mes interlocuteurs ont validé ce projet en 5 minutes », dit-il ce lundi 8 novembre en sortant de chez le notaire. Pour ce faire, Bernard d’Halluin s’adosse donc à Olivier Goudet et son épouse Valérie Liquard qui est originaire du Médoc. Cette famille Liquard est l’ancienne propriétaire du Château Potensac (aujourd’hui propriété de la famille Delon). C’est d’ailleurs Valérie Liquard qui va présider, avec Bernard d’Halluin, aux destinées du nouveau Charmail. Quant à Olivier Goudet, en sus d’être amateur de vins, c’est un homme d’affaires aux reins très solides. Il dirige un important fonds d’investissement basé au Luxembourg – JAB - dans l’agro-alimentaire, notamment le café. Olivier Goudet et son épouse vivent à Londres. A titre personnel, ils conduisent un portefeuille d’investissements – GL Group - qui compte différentes entreprises dont L’Eclat de Verre (une trentaine de magasins…). « Ce monsieur est une pointure, il vole très haut dans les affaires et pour autant il est simple, tout sauf bling-bling, confie Bernard d’Halluin. On envisage une belle valorisation, avoir une soixantaine d’hectares face à la rivière, c’est exceptionnel mais il faut dire aussi que c’est une affaire sentimentale pour lui de par l’histoire de son épouse, enfin, nous nous sommes tout de suite compris, nous sommes issus de la même école de commerce, l’ESSEC ».

Le montage

Ainsi, Bernard d’Halluin et ses investisseurs acquièrent le Château Bardis et ses quelques hectares à la famille Dailledouze. L’autre achat concerne le Château Saint-Paul qui est un Cru Bourgeois. Il appartenait à la Ciergerie de Lourdes – propriété entre autres de la famille Douste-Blazy - qui a connu d’importantes difficultés financières à cause du COVID. « Sans cette crise sanitaire, ce projet n’aurait pas été possible, on pourrait dire merci COVID, c’est un scenario incroyable, cette rencontre avec un investisseur concomitamment avec la vente de ces deux propriétés », s’étonne encore Bernard d’Halluin. Contractuellement, sur l’ensemble « Charmail-Bardis-Saint-Paul », Bernard d’Halluin détient 34% des parts et prend le poste de gérant jusqu’en 2025. Le directeur technique de l’ancien Charmail, Sébastien Pineau, a aussi des parts dans le projet en tant que jeune agriculteur. « Que les choses soient claires, je ne vends pas Charmail, insiste Bernard d’Halluin. J’ai trouvé un partenaire pour créer le Charmail originel et je peux conserver mes parts ad vitam aeternam, nous prendrons toutes les décisions ensemble ». Ainsi, pour le nouveau classement des Crus Bourgeois qui va s’opérer à partir du millésime 2023 et qui va être promulgué en 2025, l’idée est de proposer le nouveau périmètre pour constituer le grand Charmail. Exit Saint-Paul et Bardis.