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Nouveau souffle chez Henri Maire

Auteur

La
rédaction

Date

05.11.2012

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Repris par la holding Verdoso Industries en 2010, Henri Maire, plus gros producteur des vins du Jura avec 1, 5 millions de bouteilles par an, présentait, la semaine dernière, les cuvées 2011 du domaine de Sorbief, dans une dégustation parisienne au Kiosque Flottant, quai de la Tournelle.

Accompagnées de cheeseburgers bios, préparés pour l’occasion au Comté et au Morbier par Cantine California ainsi que de pâtisseries et chocolats de la maison Hirsinger en Arbois (meilleur ouvrier de France), on pouvait découvrir tous les vins de ce domaine. L’Arbois Floral (100% Chardonnay) pour commencer, qui demande encore un peu de temps pour s’ouvrir pour en savourer tous les arômes de fruits blancs, suivi des Vendanges d’Automne (100% Savagnin), équilibre parfait entre surmaturité et minéralité et enfin L’Arbois Pinot noir (100%), à suivre, et, pour finir, le Macvin rouge (2/3 Pinot noir, 1/3 Marc de 2 ans), alliance subtile entre la rondeur du fruit et la force de l’eau de vie.

Sur toutes les étiquettes, on peut lire Henri Maire Domaines & Châteaux, symbole de la mise en place d’une vraie politique de domaines afin de se réapproprier les 250 hectares de ce vignoble en Arbois, et se défaire de l’image de négociant alors que « la maison n’achète pas un seul litre de vins du Jura » comme le souligne Jean-François Dubant, un des deux directeurs généraux lors de la visite des chais.

Lorsqu’on arrive au Château Boichailles, où Patrick Coupier, Président de Verdoso, a décidé symboliquement de réimplanter le siège social, on a l’impression que rien n’a changé depuis les années 70 et l’époque glorieuse du Vin Fou. Mais ce n’est qu’une apparence. La nomination d’Emmanuel Laurent, qui a fait ses classes chez Antonin Rodet en Bourgogne, comme directeur technique, la fois responsable des vignes et du chai, (une première chez Henri Maire selon la volonté de Jean-François Duban), est la clef de voûte du renouveau à l’œuvre chez Henri Maire.

Arrivé, en juin 2011, juste à temps pour préparer les vendanges et assurer leurs vinifications, il est en charge de « revisiter » l’ensemble du domaine, identifié les spécificités et la personnalité de chacun des lieux-dits, de chacune des parcelles afin de créer de nouveaux domaines et châteaux. Cette politique, représentée aujourd’hui par le Domaine du Sorbief (10 ha) et celui du Brégand (5 hectares en bio depuis 2001) ne devrait pas dépasser, à son terme, la superficie de 100 hectares. Mais cela demande du temps ainsi que de gros investissements, à la vigne (arrachage de 10 à 15 ha par an afin de replanter les cépages en accord avec les sols, maîtrise de l’enherbement, reprise des labours, des tâches manuelles de relevages, effeuillage, vendanges en vert, récoltes parcellaires) comme à la cave, où le nouveau chef de cave a privilégié les conduites de vinification à la bourguignonne. Vinification en cuve ouverte, macération pré-fermentaire d’une semaine, fermentations régulées, pour les rouges, avec piégeage manuel puis au pied si nécessaire pour permettre une extraction douce, cuvaisons de deux à trois semaines puis élevage sous bois et, pour les blancs, pressurage direct, débourbage à froid avec fermentation en fût et bâtonnage sur mesure.

Si le millésime 2012 sera réduit en quantité en raison des conditions climatiques, il devrait néanmoins être excellent si l’on en juge les dégustations sur fût, notamment pour le Chardonnay dont les arômes explosent déjà.
A ne pas douter, cette politique de Domaines & Châteaux au long cours modifiera, sur la durée, l’image d’Henri Maire et rééquilibrera, de fait, son modèle économique basé, encore aujourd’hui, à 80% sur une vente à domicile en pleine mutation.

Texte et photo Jean Dusaussoy