Accueil La nouvelle ère du Château de Pommard

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

02.11.2017

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Depuis son rachat en 2014 par un entrepreneur américain ayant fait fortune dans la Silicon Valley, le château de Pommard a amorcé une délicate mue, sans heurts.

L’annonce de propriétés bourguignonnes rachetées par des étrangers est toujours un événement. Nombreux sont alors ceux qui n’hésitent pas à pousser des cris d’orfraie, justifiés par un patriotisme (parfois) de circonstance. Car rares sont les exemples de domaines totalement transformés par leurs nouveaux propriétaires. Le plus souvent, comme c’est le cas au château de Pommard, l’arrivée de ces néo-vignerons s’accompagne d’un amour sincère de cette terre d’adoption et, avec lui, la volonté de respecter des siècles de tradition. En acquérant ce célèbre domaine de côte de Beaune, La famille Carabello-Baum s’est plutôt inscrite dans la durée, en maintenant notamment en place Emmanuel Sala à sa tête. Cette décision est un signal fort de la volonté d’approfondir la voix initiée par ce dernier depuis son arrivée en 2007. Et ce notamment au sujet du joyau maison, le clos Marey-Monge, le plus grand clos privé en monopole de Bourgogne avec une vingtaine d’hectares. Un terroir réputé, divisé en 7 parcelles aux profils très différents analysés avec précisions grâce aux travaux menés par Claude Bourguignon en 2009.

Un terroir, trois cuvées

Le domaine propose une large gamme de vins de la Côte de Nuits et de la Côte de Beaune, des appellations régionales jusqu’aux grands crus (Echezeaux, Bonne-Mares, Chambertin-clos-de-Bèze, Corton-Charlemagne, etc.). Mais son cœur battant se trouve à Pommard et le clos Marey-Monge dispose d’une aura particulière. Certainement parce que la mosaïque de terroirs qui la compose n’est pas sans rappeler d’autres clos prestigieux tels que le Clos des Lambrays ou le Clos de Tart.
Bien sûr, les vins ne jouent pas dans la même catégorie mais l’ambition de produire un très grand vin est clairement affichée. Pour se faire, les plus jeunes vignes des parcelles Grand Champ, Micault et Les Paules du Clos donnent naissance à la cuvée Vivant Micault. Un vin plus simple qui permet, à l’image des seconds vins des grands crus classés de Bordeaux, de ne garder que la substantifique moelle pour le grand vin. Ce grand vin, c’est ce Clos Marey-Monge qui s’avère plaisant avec une vraie finesse de texture, un pedigree propre et atypique sur l’appellation Pommard qui peut parfois donner des vins complexes mais trapus. Il ne faudrait pas oublier la cuvée Simone issue de la parcelle éponyme du Clos, isolée pour son intensité particulière, permis par un sol d’argiles hautement qualitatif ayant peu d’équivalents. Toutes ces cuvées sont présentées dans des bouteilles très design, loin des flacons traditionnels bourguignons. Une révolution qui n’est qu’évolution quand il s’agit de leur contenu tant les choses évoluent ici avec délicatesse.