[Primeurs] Château Montrose en baisse de -24% : la note de Terre de Vins

Château Montrose, 2è Grand Cru Classé 1855 (Saint-Estèphe), vient de mettre son millésime 2019 sur le marché des primeurs. Le prix est en baisse d’environ -24% par rapport au millésime précédent. Découvrez le témoignage de Hervé Berland, gérant de la propriété, ainsi que la note et le commentaire de Terre de Vins.

Superbe propriété de Saint-Estèphe, 2ème Grand Cru Classé 1855 acquis par la famille Bouygues en 2011, Château Montrose est une référence en matière de classicisme et de constance pour tous les amateurs de grands vins médocains. Le millésime 2019 vient d’être mis en marché à un prix en baisse de -24% environ par rapport au millésime 2018, soit 96 € revente négociant – ce qui équivaut à un prix indicatif consommateur de 112 € HT. Le second vin, La Dame de Montrose, sort pour sa part à 29,40 € HT.

Au fur et à mesure des millésimes, la préoccupation environnementale va crescendo au château Montrose, avec un nouvel échelon franchi sur les vendanges 2019 et un important travail de fond au long cours. Explications du gérant de la propriété, Hervé Berland.
« Depuis les vendanges 2019, nous sommes à 100% dans le respect du cahier des charges de l’agriculture biologique« , expose Hervé Berland. Pourtant, pas de certification officielle dans le viseur, « car pour nous, le plus important, c’est d’avoir une stratégie environnementale globale. Le label bio est notamment contraignant par rapport à l’usage des produits, ce qui ne nous pose pas de problème, mais aussi par rapport à ce que nous faisons en termes d’expérimentations. Nos aspirations sont plus ambitieuses que le cahier des charges du bio. Par exemple, on cherche des solutions pour ne plus utiliser de cuivre. L’épisode Coronavirus ne fait que nous inciter à aller encore plus loin, puisque ça va devenir une attente encore plus forte des consommateurs mondiaux de consommer des produits élaborés dans le respect de la nature et des normes sanitaires. Dans le cahier des charges bio, il n’y a pas non plus une ligne sur la décarbonisation. Or, c’est un sujet au moins aussi important que l’usage du cuivre à dose homéopathique dans les traitements. La prise de conscience de la décarbonisation liée à la baisse d’activité économique a fait réfléchir largement. On a beaucoup avancé sur le recyclage de tous nos déchets, dont le CO2 fermentaire qui s’échappe des cuves. On est passés d’une phase expérimentale, qui a débuté il y a deux ans, à une phase de production, avec cette année 15 tonnes de bicarbonate de sodium et potassium produites. On a pour objectif de recycler 100% du CO2 émis au moment des vinifications et de produire 40 à 50 tonnes de bicarbonate qu’on stocke. On a enfourché il y a quinze ans le bon cheval. On continue de garder notre trajectoire et nos convictions. »

Dans la lignée des millésimes en « 9 »

Créé dans cette philosophie, le millésime 2019 « s’inscrit au rang des beaux millésimes des années qui se finissent par 9. C’est un grand millésime produit dans des conditions climatiques plutôt sympathiques. On a évité le gel de début avril, car Montrose n’est pas un terroir gélif, on a eu des épisodes caniculaires en juin-juillet, mais sans souci, car le sous-sol argileux a joué sa fonction de régulateur hydrique, puis une météo parfaite en septembre, donc une récolte qui s’est déroulée tranquillement, avec de beaux raisins pour faire du grand vin. On opère un travail de plus en plus précis, qui nous amène à une régularité qualitative. Sur un millésime comme 2019, on avait beaucoup de lots de très belle qualité, notamment au niveau des merlots, du fait de notre intra-parcellaire ultra-poussé, qui nous a permis d’élaborer 80 lots de goutte et sept lots de presse. C’est énorme, pour mémoire, il y a cinq ou six ans, on avait en tout une trentaine de lots. En 2019, on a pu isoler 30% de merlots pour l’assemblage du grand vin, ce qui est bien plus qu’en 2018, aux côtés de 64% de cabernet sauvignon, 5% de cabernet franc et 1% de petit verdot. Ce qui me frappe et me séduit dans ce vin, c’est la richesse de son fruit, qui est étonnante, et accompagne la richesse en tanins généralement dominante dans les vins jeunes. La dégustation est déjà délicieuse à ce stade. Il y a une belle matière, c’est précis, concentré, et ça se classe à ce stade dans les très belles réussites de la propriété depuis cinq ou six ans. »
(propos recueillis par Laura Bernaulte)

Note et commentaire de Terre de Vins – par Sylvie Tonnaire

Château Montrose – 2è Grand Cru Classé 1855 – Saint-Estèphe
98

Si le nez est discret (mais déjà complexe : cèdre, cassis) la sensation de bouche est hors-norme : le vin est sphérique, très juteux, doté d’une matière fine et dense, de tanins nombreux, onctueux et soyeux, la mâche tapissante, la prise de bois très élégante. Une balance parfaite entre le salin et l’acidulé, une longueur de rêve.

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