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Primeurs : le millésime 2011 à la peine

Auteur

La
rédaction

Date

29.05.2012

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Alors que s’est ouvert ce matin Vinexpo Hong Kong, la tendance se confirme : les vins du millésime 2011 – qui ne seront livrés que début 2014 mais sont d’ores et déjà accessibles aux consommateurs sur des sites spécialisés comme Millesima ou Chateaunet – ne suscitent pas l’enthousiasme des marchés, ni en France ni à l’étranger. Si la baisse des prix est réelle par rapport aux millésimes 2010 et 2009, elle est toute relative par rapport à des millésimes comparables comme 2006 (postérieur lui aussi à un millésime historique) ou 2008. Trois courtiers de la place bordelaise nous aident à mieux comprendre.

Ce 2011 est-il une bonne affaire ?

Nicolas Ballarin, du bureau Blanchy. Il y a une jolie qualité dans les grands terroirs et plus de charme immédiat que pour le 2008. Car il ne faut pas le comparer à des 2009 ou des 2010 mais à des 2006 ou des 2008. Le 2011 est un peu plus cher que ces millésimes-là. Le consommateur doit donc regarder l’écart avec 2009 et 2010, mais surtout l’écart avec 2006 et 2008.

Erik Samazeuilh, du bureau Tastet-Lawton. On est sur une baisse en moyenne de 16 % par rapport à l’an passé, soit environ 9 % par rapport à 2009 mais + 45 % par rapport à 2008 et + 40 % par rapport à 2000 ! Pontet-Canet a baissé de 33 %, c’est l’une des baisses les plus fortes. Angelus – 39 %, La Mondotte – 55 %, Clos Fourtet – 30 %, Calon-Ségur – 31 %. Mais la hausse avait été de plus de 70 % en 2009 par rapport à 2008 ! Les prix ne sont donc pas brillants…

Emmanuel Marly, du bureau Balaresque. Ce millésime n’est pas si mal, mais le consommateur qui a raté les 2009 et les 2010 aura le sentiment que le prix des 2011 reste trop élevé.

Dois-je acheter des 2011 ou des 2008 ?

Emmanuel Marly. Le 2011 n’est pas un millésime de spéculation, car les notes de Robert Parker ne sont pas hautes. Pour un vin qui sort à 100 en prix de sortie négoce et 120 en prix de revente grossiste, il ne faut pas que les millésimes moins cotés livrables aujourd’hui (NDLR : 2008, 2007, 2006) soient moins chers. Les primeurs doivent être en dessous, sans quoi on ne voit pas l’intérêt. En clair, les cours de marché du 2008 doivent être supérieurs à ceux du 2011.

Nicolas Ballarin. Faut-il acheter un appartement aujourd’hui ? On ne sait pas. Nous sommes dans un grand contexte d’incertitude. Avec les vêtements, nous recevons déjà des invitations pour des soldes privés ! On voit que cela ne va pas. L’acte d’achat n’est pas immédiat, pas enthousiaste, d’autant que nous arrivons après deux millésimes absolument délicieux pour lesquels les marchands et les consommateurs ont cassé leur tirelire…

Les propriétés qui ont tardé à officialiser leur prix vont-elles le payer ?

Nicolas Ballarin. Dans un millésime de qualité inférieure au millésime d’avant, les premiers grands crus classés ont souvent un rôle d’ouverture du marché et d’entraînement. Même si des propriétés ont fait de très beaux efforts sur les prix, cette année, il y aura un resserrement dans le nombre de vins susceptibles de faire des affaires en primeurs.

Erik Samazeuilh.
Sur 210 crus classés ou assimilés, 107 « petits châteaux » et 15 crus de type garage – soit 332 crus sur le marché -, 17 étiquettes n’étaient pas sorties vendredi. Deux propriétaires ont décidé de sortir après Vinexpo. Un gars qui sortira à 23 euros aurait peut-être pu sortir à 26 euros, il y a quinze jours. Une campagne des primeurs, c’est un prix mais aussi un timing.

Emmanuel Marly.
Lafite-Rothschild avait donné le ton le 16 avril, mais tout le monde ne s’est pas décidé à y aller. Au mois de mai, avec 14 jours à travailler avec les ponts, les propriétés ont ouvert les yeux et nous avons eu jusqu’à 45 sorties de prix par jour ! C’était impossible de travailler, à un point tel que les Anglais ont refusé certains marchés. On était dans une campagne baissière. Pontet-Canet s’est mis dans le marché à un prix intelligent. Calon-Ségur l’a fait également. Mais d’autres ne l’ont pas fait…

Rodolphe Wartel