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Rouges du Languedoc : quelques impressions sur les vendanges 2015

Brigitte Chevalier au domaine de Cébène, Faugères (photo Ken Payton).

Auteur

Anne
Serres

Date

09.10.2015

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Faugères, Pic Saint-Loup, Minervois… Comment se présente ce millésime 2015 pour les rouges dans le vignoble languedocien ? Rencontre avec quelques témoins, à l’heure où les raisins sont entrés dans les cuves.

Après les blancs, le Languedoc a terminé sa vendange en rouge. Jacques Rousseau, Responsable des Services Viticoles à l’Institut Coopératif du Vin, confirme le caractère caniculaire du millésime : « la canicule a été uniforme, quels que soient les secteurs on a connu partout dans la région de fortes températures et aucune précipitation de la fin du mois de juin à la fin du mois de juillet. Puis des pluies d’été très opportunes ont permis d’éviter tout stress hydrique des vignes et on est déjà face à des jus avec des concentrations intéressantes qui donneront des vins puissants et bien structurés, avec des tannins mûrs et agréables ».

Entre un printemps pluvieux et les pluies de la fin de l’été, le Languedoc a globalement traversé l’épisode caniculaire sans que le manque d’eau ne place les vignes en état de stress hydrique (qui bloque la maturation des raisins car la vigne privilégie ses fonctions vitales, il en résulte une baisse de rendement et une moindre qualité des raisins, les vins présentent des tannins particulièrement asséchants). Certaines zones de la région ont cependant reçu moins d’eau que d’autres « et notamment les zones de Faugères, Saint-Chinian, le Minervois et les Corbières, par rapport aux secteurs plus à l’est et notamment le Pic Saint-Loup », note jacques Rousseau.

A Faugères : le terroir de schistes a parlé

Faugères n’a pas eu à slalomer entre les pluies, explique Brigitte Chevalier au domaine de Cébène mais le terroir de schiste de l’appellation et la position du domaine ont limité les dégâts de la sécheresse pour produire « un millésime qui ne me rappelle aucun des précédents à Cébène ! Et avec tous les ingrédients de qualité pour construire des vins racés et harmonieux. Le potentiel aromatique est très prometteur ; le vignoble bio de Cébène, exposé plein Nord, face aux vents dominants, sur les hauteurs de Faugères, semble ne pas avoir souffert des grandes chaleurs que nous avons connues en juillet. L’écart entre la maturité phénolique (aromatique) et celle des sucres (et du potentiel alcoolique) a été plus réduite sur ce millésime, ce qui est favorable à un millésime de qualité ! 2015 est la belle illustration de la spécificité et de la qualité du terroir de schistes de Faugères. Dans les schistes, sur les pentes très caillouteuses, les infiltrations d’eau en profondeur sont très limitées pendant un orage ; l’eau ruisselle et la vigne ne souffre donc pas trop d’excès d’eau. » Et Brigitte Chevalier de conclure, enthousiaste : « J’ai pu rentrer dans mes cuves des baies rondes, magnifiques, colorées, avec des jus parfumés. Les premières dégustations sont enthousiasmantes. »

Pic Saint-Loup : la course contre l’épisode cévenol

Au domaine de la Salade Saint-Henri, sur le Pic Saint-Loup (photo ci-dessus), justement, Anne Donnadieu confirme : « les pluies d’août ont participé à nous donner un millésime tout en finesse aromatique sans atteindre des degrés alcooliques élevé. J’ai cette année des syrahs très florales à des degrés entre 13 et 14. La difficulté cette année était de bien surveiller et traiter les vignes après ces pluies d’été puis de se préparer à rentrer la vendange très vite à l’approche des pluies de septembre. »

Car quand arrive septembre en Languedoc, c’est le temps de l’épisode cévenol (de pluies violentes qui frappent la région, NDLR). « Il commence à me courir celui-là ! », note Anne Donnadieu, avant de poursuivre : « je vinifie depuis 2008 et tous les ans je travaille mes vignes pour que leur maturité arrive avant l’épisode cévenol. Mais cette année, nous y avons échappé. Nous avons commencé à vendanger le 8 septembre, les premières pluies sont arrivées le 10, mais le 15 nous avions rentré le gros de la vendange. Nous avons attendu quelques parcelles que nous avons vendangées plus tard et où les jus sont encore meilleurs. En tout c’est vraiment un très très bon millésime, en qualité comme en quantité. Les vendanges ont été fatigantes car elles se sont déroulées de manière très resserrée, tout était mûr en même temps alors qu’il y a habituellement un décalage qui peut aller jusqu’à trois semaines entre la syrah, puis le grenache et enfin le mourvèdre. A présent les vinifications (voir photo de remontage ci-dessous) ne nous laissent pas un moment de répit non plus car les fermentations se sont faites en même temps, on a tout décuvé en même temps, alors que les autres années nous avions un jour de décalage d’une cuve à l’autre… Mais nous sommes contents. Fatigués, mais contents ! »

Entre Cabardès et Minervois : « qualité ET rendements »

Encore plus à l’ouest, dans la zone qui n’a pas vu les pluies d’août, Jean-Marie Bertrou a son domaine de Parazols à cheval sur le Cabardès et Minervois. « Nous n’avons pas eu une goutte d’eau en août. Entre nos effets terroirs et notre travail à la vigne, nous arrivons à un très beau millésime, avec une très belle intensité colorante. Cerise sur le gâteau (et non des moindres chez nous !), nous avons cette année une qualité magnifique ET nous avons le rendement ! ». Même constat dans les Corbières.

On attend donc avec impatience les premières dégustations des 2015, qui promettent une belle complexité aromatique et une structure tannique veloutée car exempte de stress hydrique malgré la canicule ! On commencera par les vins nouveaux : le rendez-vous est pris avec les vins d’IGP, de sortie dès mercredi prochain (3ème jeudi d’octobre) !

Photo : les vendangeurs en action au domaine de la Salade Saint-Henri, en Pic Saint-Loup.

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