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Spiritueux et LiquoStories au château de Saint-Martin

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

26.10.2021

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Le château de Saint-Martin, cru classé de Provence au coeur du Var, abritait déjà les Vinoscénies dans sa cave souterraine du XIIe siècle; il vient d’aménager dans le grenier un parcours muséographique baptisé LiquoStories autour des spiritueux.

La nouvelle scénographie ludique et pédagogique du petit musée du Château de Saint-Martin permet d’apprendre les petites histoires des spiritueux, de déguster une absinthe en compagnie de Toulouse-Lautrec, Monet, Degas, Gauguin, Baudelaire…, de toucher une plume ou une peau de sanglier pour évoquer leur structure, de sentir le thym, la rose, le melon ou la vanille pour retrouver leurs arômes… De quoi passer un joli moment de découvertes entre chais et alambics. De la vigne à la distillation, il n’y a souvent qu’un pas, surtout lorsqu’un domaine distille ses résidus de moûts pour élaborer fines et marcs de raisin. Dans de nombreuses régions, cette tradition demeure, même si la consommation de ces spiritueux-digestifs tend à s’évanouir avec le dessert depuis quelques années.

Le petit carnet noir

Au château de Saint Martin à Taradeau, il en va tout autrement. Les propriétaires, la famille de Barry, ont racheté il y a quatre ans la Liquoristerie de Provence, fondée par Pascal Rolland en 1999. Entreprise du Patrimoine Vivant depuis 2007, elle fait revivre une gamme d’anisés, d’absinthes et de liqueurs régionales. « C’était une opportunité, reconnait Adeline de Barry à la tête du domaine viticole. Nous avons aimé cette entreprise avec une gamme de produits authentiques et nous avons pensé que les amateurs de vin pouvaient aussi s’intéresser aux spiritueux ». L’histoire fait écho à celle du grand-père de Renaud de Barry, le mari d’Adeline, qui détenait la grande distillerie Archambeaud Frères dans le Bordelais, en fonctionnement de 1830 à 1932. « Un de mes oncles m’a alors apporté un petit carnet noir qui avait appartenu à mon grand-père Paul et contenant 200 recettes de macérations et infusions, une vraie mine d’or et une base de données énorme pour un nouveau départ » raconte Renaud. Historiquement, la boucle est bouclée.

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Photo: F. Hermine

Un bestiaire en bouteilles

Le premier produit qui rejoint la gamme existante de la Liquoristerie n’est autre que le bitter des Basques, le produit leader d’Archambeaud. Il s’en était vendu jusqu’à 60 000 caisses de 12 bouteilles en Argentine dans les années 20. « Après 90 ans d’arrêt, nous avons décidé de relancer ce produit phare qui suscitait tant de convoitise auprès des collectionneurs en faisant évoluer la recette. Nous y avons rajouté une macération de piment d’Espelette, pays basque oblige, et donné à la liqueur une belle couleur rouge à la place du marron historique ». La gamme va aussi s’enrichir de spiritueux aux noms d’animaux (pour évoquer Patrick de Barry, sculpteur animalier et père de Renaud) et faisant référence à la Provence et au littoral méditerranéen tout proche : le gin Poulpe bleu (39,90€) à base de rose, thym, romarin, amande…, la vodka Ziga-Zaga (39 €), issue d’une distillation de marcs de raisins et dont le nom évoque le vol en zig-zag de la petite bécasse en provençal, le whisky Singlar (59 €), clin d’oeil aux sangliers qui envahissent régulièrement le vignoble, affiné en fûts de vin cuit du domaine, et bientôt le rhum Tartuga (hommage à la tortue d’Hermann si présente sur ce territoire). La distillerie avec alambic et cuisine-atelier a été rapatriée sur le domaine, reste à reconstruire le bâtiment qui a pris beaucoup de retard avec la crise sanitaire et à continuer à étendre la gamme.

Rens. www.chateaudesaintmartin.com