Samedi 9 Novembre 2024
Auteur
Date
05.07.2021
Partager
Face à une assemblée de cavistes ouverte et intéressée, Laetitia Ouspointour, vigneronne et formatrice de l’École du Vin de Bordeaux, présentait hier la nouvelle génération des vins de Bordeaux, bien loin de l’image de vins hors de prix et boisés qui peut encore parfois coller à la peau de ce vignoble
« Pour vous, que représente Bordeaux ? interrogeait hier en ouverture de l’une des deux premières master class de ces deux jours de ‘Top Cavistes’, Laetitia Ouspointour, formatrice de l’École du Vin du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux. Donnez-moi des mots ! » Se prêtant volontiers au jeu, les cavistes ont déployé une succession de termes mélioratifs, « élégance, force, prestige, rondeur », mais aussi évoqué le « bashing », qui continue à peser sur Bordeaux. C’est pour faire tomber ces préjugés et idées reçues qui ont encore la dent dure, que l’École du Vin a créé sa formation sur les nouveaux rouges. L’occasion de réviser ses fondamentaux sur un Bordeaux qui bouge, innove, se renouvelle.
Bordeaux, abordable
Premier reproche bien souvent ancré dans l’esprit des prescripteurs comme de consommateurs : le prix excessif de Bordeaux. Et pourtant, il n’en est rien. Les crus classés qui peuvent faire le jeu spéculation et ont pu voir leur prix s’envoler depuis quelques décennies, ne représentent que 3% du vignoble bordelais. Autant dire une goutte d’eau dans l’océan des 112 000 hectares totaux. « 70% de nos 65 AOC affichent un prix en dessous de 15€ », rappelle la formatrice.
Bordeaux, nouveau style
Si l’image de Bordeaux évolue considérablement actuellement, c’est grâce aux hommes et femmes derrière les bouteilles, qui savent s’inscrire dans leur temps. Une nouvelle génération de vignerons et vigneronnes, qu’ils soient jeunes héritiers de domaines ou investisseurs, gagne le vignoble et fait bouger les lignes. « Ils amènent un souffle nouveau avec des envies et idées renouvelées, et une prise de conscience beaucoup plus grande sur l’environnement », affirme Laetitia Ouspointour. A côté des vins de garde, ces nouveaux rouges se dévoilent volontiers sur fruit et la fraîcheur, avec une buvabilité accrue collant aux tendances de consommation actuelles.
Cette mouvance est le fruit d’efforts conjugués à la vigne et au chai. Au vignoble, les progrès sont légion : « travail des sols accrus, meilleure gestion de l’effeuillage, récolte à maturité optimale pour des vins frais, rendements abaissés de 50-60 hL à 30-40hL/ha… », énumère la formatrice. Sans oublier la mise en avant des cépages minoritaires redécouverts, représentant 3% parmi les 89% de cépages rouges que compte le vignoble bordelais. Qu’ils s’appellent malbec, petit verdot ou carménère, ils s’affirment comme acteurs de premier plan dans ce nouveau style de Bordeaux, grâce à la présence accrue dans les assemblages ou même en monocépage de cuvées dédiées.
Au chai aussi, tout tend à favoriser ce profil de vins frais et accessibles, avec des macérations plus courtes et un élevage revu. « Parker est à la retraite depuis 2012, expose la formatrice. Cela fait bien longtemps qu’on a levé le pied sur les élevages excessivement boisés, en privilégiant des contenants plus neutres tels que des foudres, amphores, cuve béton, cuve inox… » Ambassadeurs de cette tendance, étaient proposés à la dégustation ce dimanche soir le clos du Mounat, cuvée le pot de terre 2017 (bordeaux), un vin bio 100% merlot élevé et vinifié en jarres de terre cuite, et le château La Peyre 2018 (bordeaux rouge).
Photos Albert de Monts
Articles liés