Accueil Une nouvelle pépite californienne chez Louis Roederer

Une nouvelle pépite californienne chez Louis Roederer

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

24.03.2020

Partager

Louis Roederer étoffe son portefeuille de domaines avec un nouveau joyau, l’iconique domaine de Diamond Creek créé par les Brounstein dans la Napa Valley en Californie.

C’est un écrin d’une dizaine d’hectares de vignes plantées en 1968 à flanc de coteaux, à l’époque où les vignobles étaient dans la vallée, et à 100 % cabernet sauvignon, quand zinfandel et pinot noir étaient les rois de la Napa. Al Brounstein avec sa femme Adelle, surnommée Boots, sont également parmi les premiers à élaborer des cuvées parcellaires à partir des différents sols du domaine, quatre assemblages de rouges, Volcanic hill, Red rock terrace, Gravelly meadow et Lake, la plus petite parcelle qui ne donne pas lieu à une cuvée à part entière tous les ans.

Les Rouzaud et les Brounstein se connaissaient depuis déjà de nombreuses années. Les premiers avaient été invités à la Tour d’Argent en 1998 au célèbre dîner pour fêter les 30 ans de Jean-Claude Rouzaud à la tête de Louis Roederer avec les propriétaires des 30 plus grands vins du monde. « Diamond Creek coche toutes les cases que l’on cherche pour nos acquisitions : c’est un domaine familial, authentique, qui appartenait à ses fondateurs, avec des paysages magnifiques et une vision esthétique du vignoble, commente Frédéric Rouzaud qui dirige le groupe aujourd’hui. C’est un endroit magique en piémont de canyon traversé par une rivière avec des terroirs et des microclimats, un single vineyard à la bourguignonne qu’Al a façonné et que nous allons garder tel quel ».

Près de 300 hectares en Californie

La propriété est toujours plantée essentiellement de cabernet sauvignon avec quelques rangées de cabernet franc, de merlot et de petit verdot. Elle a été confiée à Nicole Carter qui préside déjà Merry Edwards, 32 hectares (près de 30 000 caisses) rachetés par Roederer en 2018 dans la Russian River Valley, également en Californie. Le groupe champenois avait mis un pied dans le vignoble de la côte ouest dès le début des années 80 en faisant l’acquisition de 235 hectares dans Anderson Valley, au nord de San Francisco, baptisés Roederer Estate. Il a ensuite racheté la cave de Scharffenberger pour produire des sparkling wines (effervescents) – aujourd’hui 300 000 bouteilles par an, et le petit domaine Anderson de 8 hectares. Roederer possède également depuis 1990 la maison portugaise Ramos Pinto (environ 2 millions de bouteilles de portos et vins tranquilles). « Nous regardons les opportunités en Espagne, en Italie mais les rachats sont avant tout des histoires de rencontres familiales », insiste Frédéric Rouzaud.

Bientôt en France

Louis Roederer a racheté le domaine à Phil Ross, le fils des Brounstein (Al est décédé en 2006, Boots l’été dernier à 92 ans. « J’étais allé visiter la propriété il y a 2-3 ans et ils avaient déjà décidé de vendre car il n’y avait personne à la suite de Phill Ross pour reprendre le vignoble ». Le rachat comprend également la cave, la marque et une trentaine d’années de stocks, Al Brounstein gardant toujours quelques bouteilles de chaque millésime. « Une jolie et précieuse vinothèque », souligne Frédéric Rouzaud. Le premier millésime en 1972 avait été vendu 7,50 $ alors que les vins californiens ne dépassaient pas alors les 5$; les flacons de Diamond Creek, dépassant régulièrement les 90 aux classements Parker ou Wine Spectator avoisinent 200 à 350 $ selon les cuvées pour une production d’environ 24 000 bouteilles par an. Elles sont vendues pour un tiers en direct au California Wine Club, club de vin spécialisé dans les vignobles familiaux, 10 à 15 % à l’export sur les plus belles tables du monde, Londres, Hong Kong, Tokyo… (les Etats-Unis sont le premier marché suivis de près par le Japon, la Grande-Bretagne, l’Italie), le reste dans les grands restaurants américains et quelques magasins de vin (liquor stores) en Californie « et demain, il le sera en France où il est jusqu’à présent peu distribué », reconnait Frédéric Rouzaud.