Lundi 2 Décembre 2024
Généreux pineau d'aunis centenaire au domaine Martellière en coteaux-du-vendomois ©I. Bachelard
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Date
03.10.2023
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L’exceptionnel beau temps des premiers jours de l’automne permet aux vignerons de Touraine de poursuivre tranquillement leurs vendanges. Les pressoirs sont bien remplis et la qualité est au rendez-vous. Coup d’œil réjoui sur les appellations Touraine, Coteaux-du-Vendomois et Jasnières.
Au pays d’Honoré de Balzac, les vendanges se terminent sous le soleil. Au sein de l’appellation Touraine, la majorité des vins sont issus du sauvignon. Ils sont rentrés, pressés et fermentent sans problème, en quantité. Les rouges de gamay sont bien avancés et se sont finalement bien sortis des vicissitudes climatiques de l’année 2023. Avec les belles journées du début d’automne, les cépages tardifs, chenin blanc, cabernet franc et pineau d’aunis finissent de mûrir sereinement.
En Sologne chez les Marionnet
« Une année à volume sauvée par le coup de chaud de septembre » résume Jean-Sébastien Marionnet au domaine de la Charmoise (Soings-en-Sologne, Loir & Cher). La chaleur la semaine du 4 septembre a fait prendre deux degrés en quelques jours. Comme il y avait une grosse sortie, il avait fallu couper des raisins en juillet et en août pour aérer, car l’été était maussade, avec de la pluie en juillet et des pointes de pourriture au 15 août. Les blancs de sauvignon sont finis depuis la mi-septembre. Les rouges seront terminés autour du 4 octobre, grâce à une équipe de 50 coupeurs venus de Bulgarie : « Ça sent bon dans le chai, les gamays sont sains car quand il le faut, on trie. Mais le côté qui est exposé au soleil à partir de midi n’a pas aimé les 35 degrés. Heureusement, ça n’apporte pas de faux goût. On n’est pas comme en 2022, mais on est content ». Rendez-vous pour les premières bouteilles dès le 16 novembre pour la sortie du gamay primeur, vinifié chaque année sans aucun souffre.
L’appellation Touraine
Pour Thierry Michaud, président de l’appellation Touraine, tout se passe bien : « Belle récolte, la qualité est au rendez-vous, le degré d’enrichissement réduit - pas du tout chez moi – la maturité est là ». Mais sur les 5 000 hectares de l’appellation, il y a des variations, notamment plus de pluie en Indre & Loire que dans le Loir & Cher, plus continental. Il y a eu coup de mildiou fin juillet conséquent aux orages, qui a frappé certains plus que d’autres. Lui qui travaille en bio n’a pas vraiment souffert, grâce à 10 passages de cuivre. Quant à la pluie de septembre « 40 mm en 4 fois, c’est bu petit à petit » explique-t-il. Les sauvignons sont terminés depuis le 22 septembre sans problème, les gamays aussi. Il en est très content : « Ils sont magnifiques et sains. Pour ceux qui font du gamay primeur, il sera réussi. La mode est un peu passée, mais ceux qui le font le font très bien, ils le font à la main, ils trient. Le peu qui existe est très bon, bien meilleur qu’il y a vingt ans ». Il est optimiste sur l’avenir du millésime, même si la récolte sera importante sur tout le Val de Loire et que les marchés se tendent avec l’Ukraine, l’inflation et la déconsommation. « 2023 ressemble peut-être à 2018 pour le volume et le style très fruité, mûr et pas trop tannique. Les 19 et 20 étaient beaucoup plus riches. Pas trop d’alcool, le vrai style classique ligérien, avec une acidité normale. Cela me plait. » conclut le vigneron de Noyers-sur-Cher (Loir & Cher).
Au bord du Loir
Dans le nord du Loir & Cher, au domaine Martellière de Montoire-sur-le-Loir, les cépages précoces, chardonnay, pinot noir et gamay sont rentrés avec succès, et le volume est généreux. Après le coup de chaud de la semaine du 4 septembre qui a bloqué la maturation, le gros problème de l’année, c’est la pluie du 21 septembre. Il a fallu attendre un peu pour ramasser les chenins blancs de Jasnières, après un passage à la main pour faire un tri négatif (retirer ce qui peut poser problème). Il y aura du sec et une cuvée de sec tendre. Pour les Coteaux-du-Vendomois dont la spécialité et le pineau d’aunis vinifié en gris, la vendange a commencé le 1er octobre. Ce cépage à grosses grappes est parfaitement mûr et a bien résisté, ce qui n’est pas forcément habituel. Jean-Vivien Martellière constate que les cépages tardifs, aunis et cabernet s’en sortent mieux depuis quelques années « à croire que le changement climatique leur convient ».
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